Posts tagged ‘Série’

Ainsi va l’Histoire


Une suggestion: pour éviter de vous retaper un nouvel épisode de Joséphine ce soir, courrez vous procurer la série ‘Mad Men’. Le pitch est assez novateur: la vie de publicistes dans le New York de 1960. A-delà des qualités de la narration, de l’interprétation et de la réalisation, ce qui nous frappe comme un coup de poing est de mesurer à quel point le monde à changé en cinquante petites années. Même si c’est un gimmick et que le trait est forcé, voir les acteurs allumer clope sur clope est devenu choquant. Ensuite, la place de la femme (et des hommes d’ailleurs) est tellement enclavée dans des stéréotypes soigneusement entretenus que le New Yorkais de 1960 ne nous paraît pas si différent du taliban moderne. Les noirs sont des serviteurs, les femmes des potiches, les hommes des chasseurs. Les hommes boivent. Tout le monde fume.

On a vraiment l’impression de regarder une émission de téléréalité dans une région oubliée de l’histoire. Un peu comme si on découvrait des pigmées polygames dans le sud des Ardennes.

Mon premier réflexe fût de me dire que le trait était grossi. Pourtant, j’approche de la quarantaine et le monde beaucoup changé depuis que j’étais gamin. Je me souviens qu’il n’y a pas si longtemps, les fumeurs étaient rois dans les bureaux. C’est aussi assez nouveau que tout le monde fasse plus ou moins gaffe à ne pas se prendre une biture avant de prendre le volant. Même si on est loin du compte, être homosexuel ne vous condamne plus à être un paria de la société. Il y a encore une vingtaine d’année, homo était une insulte et pas une préférence sexuelle. Si les pères au foyer sont encore rare, ils suscitent plus l’envie et le respect. Les femmes sont respectées pour leur compétences et plus uniquement pour leur rôti du dimanche après la messe.

Il y a cinq ans, les USA n’avaient pas réélu Bush Jr. Van Cau était le premier personnage politique de la Wallonie. Happart était le second. Personne n’avait oublié les noms de Despiegeler et Cariat. Tsunami était probablement le nom d’un pays d’Asie. Votron était un patron de banque respecté.

Voici bientôt 5 ans, le 13 décembre 2005, était promulgué au Moniteur Belge la loi relative à l’interdiction de fumer dans les lieux publics.

Cinq ans. Une éternité.

9 octobre 2009 at 17:46 Laisser un commentaire

Fortune de France (tome 4) – Le prince que voilà – Robert Merle


Depuis quelques années, lorsque je suis en vacances au soleil, j’aime lire les aventures de Pierre de Siorac, un jeune nobliau protestant qui accompagne les turbulences de la France de la fin du XVIème siècle. Le premier tome parle de la petite noblesse et de la guerre de religion qui couve, le second parle de la vie quotidienne à Montpellier, le troisième du massacre de la Saint Barthélémy.

Ce quatrième opus nous fait vivre de près le combat feutré entre le roi Henri III et le duc de Guise. Siorac, en tant que médecin du roi, nous fait vivre les intrigues et les luttes de clans qui minent la cour du roi. Robert Merle décrit bien les méthodes employées par le duc de Guise pour parvenir à ses fins. Comment il soudoyait le clergé pour que ses prêches mettent en avant sa volonté de défendre l’Eglise. Les prêches remplaçaient les discours télévisés. On est abasourdi par le cynisme qui déguisait l’ambition sous le manteau de la foi.

Une des particularités de cette saga c’est qu’elle est intégralement écrite en vieux français. En effet, Robert Merle a écrit ces romans comme une chronique écrite par Pierre de Siorac. L’érudition et la précision historique ne doit pas vous laisser croire qu’il s’agit d’une ennuyeux jus de crâne. Il s’agit de romans très vivants et parfois paillards. Foin des tristes manuels d’histoire, Siorac se bat, drague et dague. C’est Dumas avec la rigueur historique. Lire le vieux français est un peu comme lire une seconde langue. Certains mots nous échappent, c’est pratiquement impossible à lire à voix haute mais, une fois dans le bain, on oublie la langue pour se délecter du récit.

Une série absolument formidable. Je ne résiste pas à l’envie de vous  livrer quelques extraits. Les choisir fut très facile: chaque page est un merveilleux mélange de style et de dépaysement.

Dans le même temps, poursuivit le roi, M. Pomponne de Bellelièvre sera dépêché à Soissons pour quérir expressément au duc de Guise qu’il ne vienne à Paris que je ne l’y mande; que s’il y vient, les affaires étant ce qu’elles sont, sa venue pourrait me causer une émotion, de laquelle je le tiendrai à jamais coupable.

Monsieur de Siorac, dit Sarmacas, nullement rabattu par ma roideur, je ne doute pas que votre bonne foi désormais veillera avec le dernier scrupule à ce que Larissa ne soit jamais par vous avec sa jumelle confondue, confusion qui aurait pour tous des conséquences si amères que je répugne à les envisager, et plus encore à les nommer.

Mais Quéribus dont l’oeil avait brillé quand s’était déclos l’huis de la librairie, pour s’éteindre incontinent quand Fanchou avait paru, laissa la chambrière remplir son gobelet sans un merci et sans y toucher, envisageant son vin avec des yeux absents et ne sachant même point, à ce que je cuide, ce qu’il tenait en sa dextre.

27 août 2009 at 22:07 Laisser un commentaire

Les Sopranos


C’est avec un peu de mélancolie que j’ai regardé le dernier épisode de la dernière saison des Sopranos. Pour ceux qui ont la chance de ne pas encore la connaître (et donc le bonheur de la découvrir), c’est une série qui narre l’évolution d’un boss de la mafia du New Jersey qui décide d’aller voir un psy pour soigner ses crises de panique. Je ne sais pas si Mafia Blues (Analyze this) est antérieur ou postérieur (puisque le thème est honteusement proche) mais, de toute manière, ce n’est pas le principal. Ce pitch n’est qu’un prétexte. A travers l’entourage d’Anthony Soprano, c’est toute la société contemporaine qui est dépeinte.

Si la première saison suit de près l’idée de base (boss de la mafia sous prozac), la suite est beaucoup plus profonde. Chaque épisode évoque un thème avec une subtilité fascinante. Cela parle aussi bien des parents angoissés par l’avenir de leurs enfants, de la religion, de l’homosexualité, de la palce de l’homme, de l’amitié, de la confiance, de la place de la femme, de l’addiction au jeu, de la fidélité, etc … La mise en scène, toujours irréprochable, alliées à de tels scénarios et d’acteurs aussi justes font de chaque épisode un condensé d’émotion que peu de films atteignent.

Un vrai bijou à ne pas manquer. Si vous êtes allergiques aux maffieux, essayer d’aller au delà de la première saison.

27 septembre 2008 at 11:16 1 commentaire


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