Posts tagged ‘contemporain’

L’ombre du vent – Carlos Ruiz Zafon


Certains livres ont une vie propre et veulent absolument finir entre vos mains. Une amie enthousiaste m’avait déjà prêté le L’ombre du vent et je l’avais laissé tomber au bout d’une trentaine de page en soupirant d’agacement. Le ton, le style, le sujet me déroutaient tout en me laissant de glace. Entretemps, j’ai lu beaucoup de commentaires dithyrambiques sur ce bouquin (à l’exception de l’article en boulet de canon de Reka) et j’avais beaucoup de connaissances qui me poussaient à fléchir ma détermination de ne pas retenter l’expérience. Ce livre est ce qu’il est convenu un phénomène de librairie porté par sa réputation et le bouche-à-oreille.C’est ainsi qu’un proche qui ne lit jamais et qui a voulu me faire plaisir en m’offrant un livre soigneusement choisi en accord avec mes goûts et les conseils du vendeurs. Je ne pouvais plus me défiler.

J’ai relaté cette anecdote car la vie des livres est un des thèmes traité par L’ombre du vent. Un enfant de 11 ans (Daniel) est emmené par son père dans le cimetière des livres: un lieu -qui fleure bon la tendance pseudo gothique à la mode) où sont entreposés tous les livres disparus. Daniel en adopte un (ou le livre adopte Daniel). Daniel décidera d’enquêter sur l’auteur du livre. C’est sur ce socle fort fragile que Zafon bâtit une intrigue prévisible et passablement ennuyeuse. Seul le contexte (Barcelone après la guerre civile au coeur du franquisme) sauve le roman.

L’histoire se déroule sur plusieurs plans: celui du narrateur, celui de l’auteur du livre sur lequel il enquête et celui qui régit le destin de l’auteur du livre (vous me suivez toujours?). Ce jeu de poupées russes littéraires qui prend la forme d’une perpétuelle mise en abîme est assez déroutant mais pas trop désagréable même si la ficelle est trop grosse à mon goût. Ce qui est nettement plus pénible est le style à la fois gothique et désuet choisi du texte. La lecture est facile et on se surprend à lire des chapitres entiers sans lever la tête mais, paradoxalement, je n’avais pas envie de l’ouvrir. Ses personnages ont ce côté artificiel des feuilletons du début du 20ème siècle avec un vilain sans nuance, un faire-valoir plein de ressources et de mystères, un héros naïf et perclus de valeurs morales.

Je peux comprendre que le livre ait eu du succès car il est bien écrit et relate une histoire à tiroirs qui ferait frémir d’aise les nostalgiques de Dumas ou de Stevenson. Je comprends plus difficilement les lecteurs réguliers plus difficiles à satisfaire par nature qui encensent ce roman. Carlos Ruiz Zafon recycle des recettes éculées pour boucler un récit qui ne m’a soulagé que de quelques bâillements. On me dit que L’ombre du vent est un livre magique et poétique. Je l’ai trouvé naïf et prétentieux.

7 juin 2010 at 15:19 6 commentaires

L’insoutenable légèreté de l’être – Kundera


Lorsqu’elle me l’a offert, mon amie m’a dit ‘tu verras bien’. C’est vrai que mes humanités m’ont rendu réfractaire à tout ce qui est reconnu comme « classique » de la littérature. Je raconte souvent que je n’aurais probablement plus jamais ouvert un livre si je n’en avais pas pris l’habitude (et éprouvé du plaisir) avant d’être obligé de lire Thérèse Desqueyroux. Ce n’est qu’un exemple mais, je persiste à trouver criminel de faire lire un bouquin aussi ennuyeux à des gamins de 16 ans. Je pensais qu’une des missions de l’école était de donner le goût de lire. D’après ce que je peux constater, la mission a échoué.

Ce livre a été élevé au rang de classique quasiment dès sa sortie. A mon avis, ce prestige doit autant au statut de l’auteur – un intellectuel persécuté dans un pays situé du mauvais côté du rideau de fer (le livre est sorti en 1982) – qu’à de la qualité du texte. Autant l’écrire tout de suite, je n’ai pas aimé. Kundera crée ses personnages pour leur faire emprunter les chemins qu’il n’a pas pu ou su prendre dans sa vie (un des thèmes du roman est une réflexion sur l’implication de ses choix conscients et le poids du hasard dans notre existence) plutôt que pour leur donner de la chair. Ils ne sont qu’un prétexte pour articuler les réflexions de l’auteur autour de leurs vies artificielles. J’ai trouvé pénible cette manière qu’a le narrateur de jeter à la figure du lecteur sa faconde et ses sophismes.

Assez étrangement, c’est très facile à lire. Si le style est pompeux (et parfois pompant), le texte reste aéré car aucun chapitre ne fait plus de quelques pages. Le lecteur n’a pas le temps d’être assommé par les pontifications de Kundera.

Cela dit, tout n’est pas à jeter. Les conditions de vie dans la Tchécoslovaquie d’après le printemps de Prague sont intéressantes. Le problème est que j’ai eu l’impression de lire un livre de salon parisien écrit par un intellectuel maudit. Une quasi-caricature. Peut-être aurais-je été moins virulent si Kundera avait écrit un essai philosophique au lieu d’un roman.

1 juin 2010 at 14:02 3 commentaires

La ballade de l’impossible – Haruki Murakami


Ce n’est que le deuxième livre de Murakami que je lis (après le fabuleux Au sud de la frontière, à l’ouest du soleil ) mais ses autres bouquins se trouvent désormais sur ma liste virtuelle de mes prochaines lectures.

Watanabé est un étudiant un tantinet asocial qui tombe amoureux de l’ex de son ami qui s’est suicidé un an avant de rentrer à l’université. Ca n’a pas l’air passionnant comme ça et cela ne l’est pas. La force de l’écriture de Murakami réside plus dans le plaisir de la lecture que dans la quête de ses personnages. Le voyage est plus important que la destination.

Je n’ai pas la prétention d’expliquer l’oeuvre de Murakami. Comme dans Au sud de la frontière, à l’ouest du soleil, le personnage principal (le roman est écrit à la première personne) semble se débattre dans une bulle de verre. La vie se déroule sur un écran qu’il peut toucher mais qui n’a aucun relief. La distance exprimée par Watanabé envers le monde qui l’entoure (le Japon de la fin des années 60, ses amours, les livres, la politique, …) rend paradoxalement plus facile au lecteur la tâche de comprendre l’étrange torpeur qui percole à travers tout le roman.

Murakami réussit le tour de force d’écrire un roman à la fois accessible et profond. Son style est fluide et ses personnages sont attachants malgré la distance qu’ils entretiennent avec la réalité.

Une lecture agréable et apaisante.

28 Mai 2010 at 11:07 Laisser un commentaire

Le dernier voyage d’Horatio II – Eduardo Mendoza


Horatio II est le commandant d’un vaisseau spatial où tout va de travers. Il ne sait pas trop combien de temps durera le voyage car il n’en connaît pas la destination. Le ravitaillement est un problème vu que personne ne le gère. Le premier et second officiers sont juste un poil plus incompétents que le commandant.

J’ai eu par moment l’impression de lire un bouquin de management qui raisonnerait par l’absurde. L’équipage comporte des « Vieillards Imprévoyants », des délinquants et des « Femmes Dévoyées » . Tous sont cantonnés dans leurs quartiers tant qu’ils suivent les consignes. Comme personne ne songe à respecter quoi que ce soit …

C’est souvent drôle mais trop répétitif à mon goût. Le vaisseau évolue d’une station spatiale à l’autre au fil de péripéties qui se ressemblent e. Je me suis vite lassé bien qu’il s’agisse d’un roman fort court.

17 Mai 2010 at 10:44 1 commentaire

Dolce agonia – Nancy Huston


J’ai des amis formidables. Beaucoup d’entre eux m’ont offert des livres pour mon récent anniversaire. J’ai toujours trouvé que c’était un cadeau intime et un peu casse-gueule. On n’offre pas un simple tas de papier, mais on partage un texte qu’on a apprécié. Voire aimé. On peut aussi en offrir un qu’on n’a pas lu mais dont on pense qu’il plaira. On transmet ainsi le une image qu’on a de celui à qui on fait le cadeau. évidemment, c’est aussi extrêmement difficile à offrir si vous ou votre ami ne lisez pas.

Bref.

Une amie m’a donc offert Dolce Agonia qui lui avait été conseillé par une amie. Si on y pense, c’est drôle de se rendre compte que je n’aurait probablement jamais lu ce livre si tout un réseau de connaissances ne m’avait précédé dans sa lecture.

Le roman dont le thème porte sur l’amitié une variation littéraire de ces films de dîner qui pullulent sur les écrans Français (Le code a changé, Cuisine et dépendances, …). Je n’ai jamais particulièrement aimé ces histoires de bourgeois qui croisent le fer d’un mot assassin autour d’un repas et où se nouent et se révèlent les intrigues amoureuses et souvent clandestines. Pourtant, ce qui m’irritait dans ces films est probablement ce qui m’a tant plu ici. Nancy Huston pousse très loin le don d’ubiquité et d’omniscience du narrateur en faisant prendre la plume à Dieu lui-même. C’est ainsi qu’Il nous dévoile les secrets de chacun, leurs peurs enfouies ainsi que leurs histoires publiques et les autres inavouables. Avec une pointe de cruauté, Il nous précise également où et comment chacun des participants de ce dîner de Thanksgiving vont mourir. Enfin, Il décrit avec brio les pensées qui s’enroulent autour des personnages au gré de conversations d’apparence anodine. Les pensées évoluent comme un ruisseau dont le lit évoluerait au fil des personnages.

Peut-être est-ce une forme de voyeurisme mais j’ai  dévoré le livre avec beaucoup de gourmandise. J’ai éprouvé un peu de tristesse à connaître la fin de personnages auxquels je m’étais attaché malgré (ou à cause) de leurs failles parfois révulsantes.

Un très bon moment.

14 Mai 2010 at 16:09 Laisser un commentaire

Sukkwan Island – David Vann


Un dentiste convainc son fils de 13 ans de passer un an avec lui dans une cabane perdue au fin fond de l’Alaska.  Sur cette trame légère, David Vann construit une intrigue solide et étouffante dans un décors sauvage qui souligne la solitude des personnages.
Ce livre plongera dans un abîme de perplexité tout lecteur souffrant de troubles obsessionnels du comportement qui le pousse à classer ses livres exclusivement par catégories. Sukkwan Island navigue avec beaucoup de bonheur entre les genres. C’est à la fois une réflexion sur la complexité des relations père-fils, un huis-clos et un thriller. En effet, la construction du roman pivote autour d’un moment clef qui prend le lecteur à contrepied surprendra tout amateur de sensations fortes. L’auteur installe également une atmosphère pesante qui tiendra en haleine les lecteurs les plus exigeants.
Une anecdote: je lisais avec avidité lorsqu’une phrase me frappa tellement que je cru avoir mal lu. J’ai relu le paragraphe pour m’assurer que j’avais bien lu. Ce coup de théâtre est un vrai coup de maître. Une seule phrase d’à peine quelques mots retourne complètement le sens du roman sans bouleverser la cohérence du récit. J’ai rencontré le procédé de temps à autre au cinéma mais jamais avec un tel bonheur dans un livre.

Le style nerveux de David Vann contribue au plaisir de la lecture. Les dialogues ne se distinguent jamais du reste du texte comme l’usage le prescrit: aucun tiret, aucun guillemet, pas d’italique. Juste le texte dans sa nudité brutale. Si le procédé m’a effrayé dans les premières pages, il s’avère très efficace pour pénétrer la profondeur des deux protagonistes.On ne peut s’empêcher de penser à Into the wild de Jon Krakauer (que je n’ai pas lu mais dont j’ai adoré l’adaption de Sean Penn au cinéma) et à La route de Cormac McCarthy(dont j’ai vainement tenté à deux reprises de passer le cap des 40 pages) auxquel Sukkwan Island fait immanquablement écho. Toutefois, la tension et la folie qui percolent à chaque page rendent ce roman plus saisissant.

Une belle idée de cadeau. Je regrette le peu de couverture médiatique qu’il suscite.

20 avril 2010 at 14:18 Laisser un commentaire

Black Album – Hanif Kureishi


Black Album a été publié en 1997. C’est, d’après, moi le principal attrait d’un livre qui traite entre autre du radicalisme islamique. Kureishi nous décrit les péripéties d’un jeune anglais d’origine pakistanaise féru de littérature et de Prince. Shahid est en permanence tiraillé par les différentes composantes de son identité: la culture, son âge, l’explosion de sa sexualité, son pays, ses parents immigrés, et surtout … son rapport à la spiritualité. Son désir de s’intégrer à la vie estudiantine le mène à fréquenter des étudiants très religieux emmenés par un ascète charismatique au discours radical.

L’auteur a réussi un tour de force a posteriori en décrivant les mécanismes du communautarisme et du radicalisme musulman. Comme beaucoup, j’ai découvert l’ampleur du phénomène le 11 septembre 2001. A cette époque, je croyais que les extrémistes religieux vivaient très loin de nous dans des régions où la pauvreté et le manque d’éducation servait de terreau à une foi intransigeante. En utilisant un jeune immigré comme personnage atypique, Kureishi donne de l’épaisseur à un phénomène que je ne connaissais que par les articles de journaux.

Cela écrit, je conserve une opinion mitigée sur le roman lui-même. Il est conçu comme un longue fable plombée par une symbolique trop évidente pour être efficace. En outre, comme dans tous les contes, la vraisemblance est délaissée au profit de situations explicites et bancales. On a l’impression que l’auteur a écrit 600 pages pour n’en garder que 400 et je me suis surpris plusieurs fois à revenir quelques pages en arrière pour comprendre comment le personnage en était arrivé là. L’accumulation de ces ellipses et l’artificialité de ce conte moderne n’aide pas le lecteur à s’attacher aux personnages. En effet, qui a jamais réellement frémi pour le Chaperon Rouge ou pour Blanche Neige?.

En ce qui concerne la thématique, j’avais été nettement plus séduit par Terroriste de John Updike qui décrivait également les mécanismes et les racines de l’extrémisme religieux. Toutefois, Updike avait clairement choisi le mode journalistique pour appuyer son propos. Kureishi commet le péché d’orgueil en voulant en faire de trop et affaiblit de fait son propos.

2 avril 2010 at 13:37 Laisser un commentaire

Kuru – Thomas Gunzig


J’ai beaucoup hésité avant de choisir ce livre. D’un côté, j’adore les chroniques que Thomas Gunzig présente régulièrement à la semaine infernale  sur la RTBF. D’un autre côté, comme j’adore entendre ses chroniques, j’avais peur d’être déçu sur un texte plus long. Je craignais également que sa voix à la diction si particulière hante ma lecture et ne la rende irritante.

Si les premières pages ont conforté mes craintes, le sentiment d’être en terrain trop familier s’est vite dissipé. On retrouve certes les tics d’écriture de l’auteur mais ils servent  fort bien le livre. Gunzig est le roi de la comparaison et de la métaphore. J’ai songé à en retranscrire l’une ou l’autre mais c’est peine perdue. Ouvrez le livre à n’importe quelle page et vous en trouverez une qui n’aura aucun mal à vous dessiner un sourire sur les lèvres. On retrouve l’univers déjanté à la fois drôle et inquiétant qui est une vraie marque de fabrique. On évolue dans deux mondes qui se côtoient et s’ignorent alors qu’ils puisent leurs racines dans le même terreau sociologique. Les deux groupes de personnages principaux proviennent tous de milieux aisés  et urbains mais ont des centres de préoccupation forts différents. Les premiers se rendent à Berlin pour participer à une grande manifestation altermondialiste. Les autres y viennent pour traiter leur problème d’éjaculation précoce (!). Les personnages sont minables et drôles. L’ambiance est lourde et drôle. C’est Gunzig. C’est impossible à raconter et c’est un bonheur à lire.

On rit beaucoup. On s’attache aux personnages. C’est fort bien écrit. Je pense que Gunzig est victime du syndrome d’infériorité des belges vis-à-vis des français. Il a tout d’un écrivain à succès mais il n’habite pas Paris. Ses textes restent confidentiels outre-Quièvrain alors que les librairies débordent d’auteurs français médiocres. Pour citer un nom: Djian est adulé et célèbre mais ses textes me paraissent fades en comparaison de ceux de Gunzig.

Un mot sur la collection Folio poche. C’est assez incroyable de considérer la résilience du concept de la collection: je me rappelle avoir lu voici plus de 20 ans chez Folio Poche l’écume des jours de Boris Vian (une obligation scolaire dont je garde un mauvais souvenir). Rien n’a changé: la couverture est toujours aussi triste et sans rapport avec le texte. Le papier est toujours aussi désagréable au toucher (il ressemble en moins doux  au papier recyclé qui sert à se sécher les mains dans les toilettes publiques). La typographie est toujours aussi baveuse. On peut considérer comme un exploit pour une collection assez exigeante dans sa ligne éditoriale de n’avoir pas su  mettre son produit au goût du jour.

4 mars 2010 at 10:18 Laisser un commentaire

Le bureau vide – Frank De Bondt


Une nouvelle fois, je me félicite d’avoir participé à l’action masse critique de Babelio. En effet, voici un bouquin que je n’aurais probablement pas spontanément acheté mais qui se révèle intéressant. Un mot pour l’éditeur: 13,5 € pour un livre de 129 pages au format poche? Si on tient compte du bel interligne et de la taille de la typographie, je trouve que cela fait fort cher le mot. J’ai un peu de mal à comprendre la politique commerciale qui recouvre la décision d’éditer un si petit texte pour un tel prix qui risque de ne pas susciter une forte audience.

Le texte écrit à la première personne narre la mise au placard d’un dirigeant des ressources humaines d’une grosse entreprise française suite à une fusion. C’est drôle et féroce et truffé d’observations acides sur le milieu des grosses multinationales. J’avoue pourtant avoir été un brin  déçu car Le capital de Stéphane Osmont qui aborde la même thématique m’a laissé une impression plus marquante. A mon avis, la force du bouquin  de ??? tenait surtout de la violence de la charge contre les excès engendrés par les CEO zélés serviteurs du capitalisme. Si on est dans le même registre, on sent de la part de l’auteur une forme de retenue qui n’évite pourtant pas la caricature. L’époque est différente: il n’y a plus rien aujourd’hui qui pourrait choquer le lecteur plus que ce qu’il a lu dans les journaux depuis fin 2008.

Un bon texte qui aurait eu sa place dans un recueil de nouvelles. Bien fichu mais sans véritable cachet.

2 mars 2010 at 10:15 Laisser un commentaire

Il faut qu’on parle de Kevin – Lionel Shriver


Ne vous fiez pas à la tristesse de la couverture

A l’entame de ce billet, je me rend compte que je manque de vocabulaire pour qualifier ce bouquin. Excellent? Pas seulement. Dur? Difficile? Dérangeant? Palpitant? Je pense que mon choix va se porter sur l’ambivalent « terrible ».

On connait d’emblée la fin de l’histoire. Eva écrit à son mari dont elle est séparée pour lui faire part de ses état d’âme depuis que leur fils de 16 ans a tué 10 de ses condisciples à l’école. Le choix de la correspondance à sens unique (seule Eva y participe) développe une dimension excessivement intime à ses propos.  cela accentue l’horreur de ses révélations mais cela permet également de briser nombre de tabous en décrivant le désarroi d’une mère confrontée à un enfant qu’elle pressent foncièrement malfaisant dès sa naissance. On ne peut réduire ce livre à une complainte d’une maman terrifiée par sa progéniture ni au cheminement d’un gamin mauvais. Shriver décrit par ailleurs fort bien une société américaine en décalage avec le reste du monde. Un pays en perte de repères dont sa jeunesse peine à briser le rideau de superficialité pour donner un sens à  son avenir.

Je dois dire que, bien qu’emballé par l’écriture de Shriver dès les premières lignes, j’éprouvais un malaise presque physique à lire les lettre d’Eva. Principalement dans la première partie du bouquin où je n’avais pas encore pris toute la mesure du drame vécu par les parents de Kevin. Chaque lettre d’Eva était une épreuve que j’avais peur d’entamer mais dont je ne pouvais me soustraire. Les malheurs d’Eva me revenaient sans cesse dans mon quotidien. On ne peut s’empêcher de s’identifier à elle et de se demander ce qu’on aurait fait à sa place. Dans ma jeunesse, je dévorais les livres de Stephen King, Peter Straub ou Dean Koontz. J’en aimais le style délié et leur approche du mal que je jugeais moins caricaturale que les « mauvais » qui hantaient les films d’action de l’époque (ça doit encore être le cas). Ici, Shriver donne une vraie dimension littéraire au mal. Kevin est un damné qui ne croit en rien, n’espère rien, ne veut rien. Il incarne le mal. Mais ce n’est pourtant pas de là que provient le malaise. Le pire est dans la solitude de sa mère (dont nous partageons l’intimité) qui est la seule a deviner la profondeur malfaisante de son fils. Ce n’est pas un livre d’horreur, c’est une histoire horrible. C’est superbement écrit (Shriver entre dans mon panthéon personnel) et c’est un roman auquel il est difficile de rester indifférent.

Ne vous laissez pas rebuter par la noirceur de mes propos. « Il faut qu’on parle de Kevin » est un livre essentiel qui donne un éclairage nouveau sur le fait d’être parent, sur la société moderne et sur le déni culturel envers le mal inné.

Voici, pour quelques euros, la preuve qu’un livre est plus qu’un divertissement. Voici le genre de bouquin qui donne un sens à ce blog que j’ai entamé pour partager mes coups de coeurs et mes coups de gueule. Voici une évidence. Une vraie baffe que je recommande à tous ceux qui n’attendent pas famille (ça pourrait plomber l’ambiance ;-))

22 décembre 2009 at 12:08 5 commentaires

Les insomniaques – Camille de Villeneuve


C’est la deuxième fois que je participe à l’initiative Masse Critique organisée par Babelio. La première fois m’avait laissé légèrement perplexe et j’avoue que j’ai hésité avant de me relancer dans l’aventure. Pour rappel, Masse Critique propose gratuitement un exemplaire d’un livre récent à la condition unique d’en publier une critique sur son blog et sur Babelio. Du gagnant-gagnant tant que le livre n’est pas trop pénible à finir. J’écris ça parce que la liste d’ouvrages proposés pour cette édition m’inspirait très peu. Les insomniaques étaient un choix par défaut et je me suis mordu les doigts en le recevant en pensant avoir commis une grosse erreur en m’engageant à lire un livre que je n’aurais probablement jamais acheté. Un livre français décrivant la France de l’après-guerre  par le prisme d’une famille de nobliaux sur le déclin. Pas de quoi m’enthousiasmer. Ajoutez à cela une auteure d’à peine 28 ans, une couverture triste à mourir, …. Ces 600 pages risquaient de me paraître encore plus longue que les 900 des trois mousquetaires.

Et pourtant, j’ai lu ce bouquin d’une traite. Ma première impression fût renforcée par les cinquantes premières pages. Je ne m’y retrouvais pas dans cette galerie de marquis,  de serviteurs et de chevaux (un arbre généalogique placé en début de livre aurait pu m’aider mais j’avais passé les premières pages pour entamer le roman directement). Ces premières impressions passées, je me suis habitué au style à la fois léger et pesant de  Camille de Villeneuve (tiens! une particule). Léger parce qu’elle use du pointillisme pour dresser son tableau et pesant car elle alourdit ses phrases de qualificatifs qui alourdissent son texte. Ce choix stylistique s’avère loin d’être irritant car il instille un rythme presque musical qui illustre très bien le caractère empesé et paradoxalement vulgaire de ses personnages. Par petites touches, elle saute d’un de ses personnages à l’autre pour illustrer la tragédie d’une famille trop sûre de sa supériorité qui subit les outrages du temps et de l’évolution des moeurs comme un fleuve grignote inexorablement ses rives les plus friables.

Résumer les insomniaques à une n-ième variation sur les sagas familiales ou à un succédané de Rougon-Macquart ne serait pas rendre justice à Camille de Villeneuve. Elle fait preuve d’une étonnante maturité dans le développement de son intrigue. Très lentement, mais avec une vue claire sur le cap qu’elle s’est fixé, elle aborde les thèmes habituels de la famille mais c’est habilement qu’elle prend appuis sur les moments marquants de la France d’après guerre pour accèlerer brutalement le rythme de son récit.

Un belle surprise et une belle réussite.

5 décembre 2009 at 15:58 1 commentaire

La souris bleue – Kate Atkinson


Une belle surprise. Je m’attendais à un roman assez contemplatif. Un peu larmoyant pour tout dire. Je n’arrive plus à me rappeler d’où me venait cet a priori mais ce qui est certain, c’est que je n’ai acheté La souris bleue que sur la recommandation du système de suggestion d’Amazon. Il y a quelque chose de vaguement inquiétant dans le fait d’apprécier un livre qui vous a été recommandé par un robot.

Bref.

Le roman traite de plusieurs disparitions dont certaines remontent à plusieurs dizaines d’années sur lesquelles un détective privé (évidement) désabusé amateur de musique country chargé d’enquêter. Sur une trame narrative de forme fort classique, Kate Atkinson construit un roman qui n’a absolument rien d’un polar. Elle suit une ligne du temps complètement désarticulée qui gagne en chaos au fur et à mesure que l’intrigue se développe. Avec sensibilité, l’auteure prend soin de s’éclipser derrière ses personnages qui se révèlent légèrement azimutés mais attachants. Le mélange des genres permet une fluidité au récit qui aurait été difficile à créer sur des thèmes aussi difficiles que la disparition, le deuil, l’amour familial et la difficulté de voir ses enfants grandir.

Le style d’Atkinson est très clair et, si les ellipses dont elle use sont parfois déstabilisantes, elles rendent plus nerveux le rythme du roman. Le fait d’utiliser comme personnage pivot de son roman un détective privé dont les enquêtes se révèlent secondaires chahute agréablement les repères du lecteur. Le regard aiguisé qu’elle porte sur notre société navigue entre l’incompréhension et une légère mélancolie.

Je n’avais jamais entendu parler d’Atkinson auparavant mais je compte bien creuser le reste de son œuvre pour garnir ma bibliothèque.

13 octobre 2009 at 08:49 1 commentaire

La maison du bout du monde – Michael Cunningham


C’est drôle comme un livre peut vous enchanter; son style vous émerveiller; son histoire vous surprendre. Lorsque j’ai la chance de tomber sur une pépite ou juste un très bon roman, je suis impatient de partager ma découverte avec mes lecteurs. Lorsque j’ai détesté, je me défoule en espérant que ma hargne en détournera l’un ou l’autre qui  mettra à profit le temps gagné pour lire un textes plus excitant.

Pas celui-ci. Une ombre est passée au dessus de mon enthousiasme.  Il paraît que La maison du bout du monde a fait un tabac dans tous les pays où il fût traduit. Tant mieux pour l’auteur. Je suis sincèrement heureux pour lui. On sent qu’il le mérite. On éprouve le labeur qu’il a mis dans son ouvrage. Michael Cunningham est probablement un type qui était premier de classe. Un gars qui bossait bien tard pour remettre la copie la plus aboutie. Un bosseur. Pas un génie.

Tout est très bien dans ce livre. C’est très bien écrit. Il y a une belle réflexion sur la nostalgie et la difficulté de communiquer dans une famille. Un beau point de vue aussi sur le fait que quelque soit son mode de vie, on aspire à une certaine forme de banalité. C’est aussi un livre sans relief, sans âme véritable. Sans étincelle.

C’est un roman choral où chaque chapitre est écrit du point de vue subjectif de l’un ou l’autre des personnages principaux de l’intrigue. Il y a la mère de famille névrosée, délaissée et froide. Il y a son fils, ténébreux et légèrement misanthrope. Il y a son ami, qui comme lui, est issu d’une ambiance familiale glauque et pesante. Au fur et à mesure, des trips musicaux et de drogues, au fil des expériences sexuelles qui dépassent le touche-pipi (les gamins se sont connus à 11 ans), des liens ambigus se tissent et se défont lorsque l’un deux part vivre à New York.

J’arrête ici la litanie des étapes qui mènent les deux amis de déboires sexuels, familiaux et sociaux à une aspiration de vie rangée. C’est comme si l’auteur pensait pouvoir combler son manque d’inspiration par la marginalité mal acceptée de ses personnages. Je me suis surpris à plusieurs reprises à revenir lire le titre du chapitre qui annonçait le nom du personnage qui s’exprimerait dans le passage qui suivait. Pour être sûr de bien suivre. J’en avais besoin car le ton, les expressions, la verve et les réflexions étaient étrangement monotone. Que ce soit la mère délaissée, le jeune homo bobo, la femme excentrique qui se voit vieillir, … tous s’expriment et pensent de la même manière. C’est lassant. Bien écrit mais lassant.

Il m’a fallu une bonne semaine pour venir à bout de ce bouquin. Il n’était pas mauvais mais la chimie n’a jamais pris. Il m’a juste paru terne et laborieux.

2 octobre 2009 at 22:03 3 commentaires

Les identités meurtrières – Amin Maalouf


Lorsqu’on m’en a parlé pour la première fois, c’était accompagné d’une mine ébahie: « Tu ne connais pas? C’est pourtant la base de tout! » Si je trouve le propos légèrement excessif, je ne peux m’empêcher de penser qu’il s’agit effectivement d’une lecture fondamentale au sens où elle devrait être encouragée dès le plus jeune âge. C’est d’un style très abordable et, même si Maalouf prêchait un convaincu, j’y ai trouvé des angles d’analyses auxquels je n’avais jamais songé.

A mes yeux, la seule faiblesse de ce livre est qu’il n’en est pas un. C’est purement subjectif mais, pour moi, un bon livre est toujours un roman. Sinon, c’est un manuel ou une référence. Je sais que c’est idiot mais je n’arrive pas à considérer un texte purement factuel (telle qu’une biographie par exemple) comme un ‘vrai’ livre. Les identités meurtrières n’est même pas un essai; c’est un discours vibrant et érudit couché sur papier. L’ approche de Maalouf, toute en nuances, s’enrichit de son histoire personnelle et sa vaste culture pour appuyer son propos. C’est brillant et convaincant (même pour un convaincu). Il renverse régulièrement les prismes à travers lesquels les médias traitent l’information. Il pose l’axiome (qui me parait toutefois un peu limite) que l’identité d’un individu est composées d’une multitudes d’identités (tels que la langue, la culture, la religion, la couleur de peau, les préférences sexuelles, …) dont la conjonction fait un individu unique. Selon lui, si l’une de ces identités est mise en péril, elle prend le pas sur l’identité globale. Pour caricaturer, un noir homosexuel flamand mettra en avant l’une ou l’autre de ses identités selon qu’il vit en Alabama, à New York ou à Oostende.

Parmi les questions qui poussent à revoir sa vision du monde et de l’Histoire, nous avons:

  • Est-ce la religion qui influe sur une civilisation ou une civilisation qui influe sur la religion?
  • La chrétienté se serait-elle développée si elle n’avait pu s’appuyer sur le droit romain et et sur la culture grecque?
  • Le marxisme aurait-il été différent s’il ne s’était développé en Russie?

Un point particulièrement intéressant est soulevé par Maalouf concernant la domination culturelle de la civilisation occidentale  sur les autres civilisations. D’après Maalouf, l’accélération de la prédominance culturelle de l’occident date de la campagne d’Egypte de Napoléon en 1799. Depuis lors, que ce soit d’un point de vue politique, scientifique ou culturel, toutes les grandes évolutions (elles ne sont pas toutes positives mais elles sont toutes marquantes: cela va du nazisme à la conquête de l’espace, de l’informatique à la bombe atomique) ont pris corps en Occident. Jusqu’alors, les différentes civilisations évoluaient d’une manière asynchrone mais globalement au même rythme. La Chine, l’Inde, l’Orient, les Aztèques ont tous un moment ou l’autre été un moment ou l’autre en avance. Mais l’accélération fulgurante que connaît  l’Occident depuis trois siècles n’a aucun précédent historique. Cela joue sur les autres civilisations qui doivent renoncer à une partie de leur identité pour suivre le mouvement. Un mouvement  depuis trop à sens unique longtemps qui génère des frustrations. Maalouf illustre intelligemment cette dernière idée en parlant des Français qui s’insurgent contre l’envahissement des anglicismes et des fast food. Toute culture vit mal d’avoir le sentiment d’être dominée par une autre.

Les nombreuses citations que j’ai pu extraire de ce livre démontrent à quel point il m’a impressionné malgré la naïveté parfois pesante du propos de Maalouf. On ne peut que rester admiratif devant son analyse et sa vision (Les identités meurtrières ont été écrites avant les attentats de New York, l’élection d’Obama qui s’est élevé au dessus de son identité raciale pour être élu). En tant que Belge, j’avoue que j’aimerais que ce bouquin soit un préalable avant de débuter les négociations communautaires qui s’annonce.

12 septembre 2009 at 18:56 3 commentaires

Les yeux jaunes des crocodiles – Katherine Pancol


Un livre de (pour?) femmes

Un livre de (pour?) femmes

J’ai toujours cru que les femmes étaient des personnes compliquées. Lorsque, devant sa garde-robes pleine à craquer, ma femme se plaint qu’elle n’a plus rien à se mettre, quand elle pleure devant un film, quand elle rit parce qu’elle est nerveuse, je me tourne vers mon fils d’un regard plein de ‘voilà comment est la vie mon fils‘ et je répète la locution qui rassure tous les hommes: « Ahhh … les femmes« .  Ensuite, on rit car les clichés tirent leurs drôleries de leurs simplismes et de leurs résiliences.

Bref, j’ai toujours cru que je ne comprendrais jamais rien aux femmes. J’aurais pu rester dans ma candide et confortable ignorance mais le livre de Pancol est comme un livre de recettes qui livre les ingrédients du plat secret de votre grand-mère (c’était juste un peu de beurre et de farine????!!!). Il tue la magie des stéréotype en livrant un des secrets les mieux gardés de l’humanité. Pour les paresseux qui voudraient soulever le voile du mystère sans se taper lire les 700 pages pleines de rebondissements qui feraient pâlir d’angoise les résidentes de Wisteria Lane,  je vais lâcher le morceau.

Les femmes sont des princesses et les hommes sont des princes. De pauvres princesses comme cendrillon, des méchantes reines comme la belle-mère de Blanche Neige, des rois bienveillants et forts, des princes charmants et des rois vils. Voilà. C’était simple.

Bon, j’admets que je pousse le sarcasme un peu loin. Ce n’est pas mal écrit. C’est fluide. C’est plaisant.Mais c’est aussi d’une naïveté confondante. Je n’exagère pas dans mon analogie de conte de fées.  L’héroïne principale est une femme pataude, intello, délaissée par son mari, sans le sou qui, à l’instar de Cendrillon, va battre le mauvais sort à l’aides de quelques amis friqués (les fées). Sa soeur est une femme magnifique mais frivole, riche mais seule, propère mais creuse. Leur mère (la marâtre) est une femme  avide et sèche qui préfère la belle à la souillon. Elle se repose sur la fortume d’un riche commerçant (le roi bienveillant) qu’elle enferme dans ses griffes.

J’avoue ne pas comprendre la raison du succès de Pancol. Ce n’est pas vide ni creux comme un série télévisée française. Ce n’est pas aussi rythmé qu’un thriller américain. Ce ne sont pas des personnages dont le lecteur peut se sentir proche. Le style est correct sans être renversant. C’est d’abord et surtout naïf.

Je ne résiste pas à l’envie de citer une courte phrase qui, à mon sens, résume le ton du roman. Il n’a aucun sens hors contexte mais je suis resté bouche bée en lisant la réplique. La société américaine résumée par Pancol. Notez la profondeur de la forme ( boue médiatique) et du fond (je me demande combien de justiciables américains viennent devant le juge en avouant avoir noyé un bébé pour ne pas encourir les foudres de la justice en affirmant que c’était simplement pour le rendre plus propre).

– Elle avait commis un véritable crime aux yeux de la loi américaine qui ne plaisante pas avec les menteurs. C’est le crime suprême là-bas.

– C’est pour ça que Clinton a été traîné dans la boue médiatique…

6 septembre 2009 at 08:56 Laisser un commentaire

Pertes et fracas – Jonathan Tropper


Tropper m’a mis les larmes aux yeux avec son Livre de Joe. Tropper est un surdoué de l’écriture et, comme beaucoup de surdoués, c’est aussi un paresseux. Pertes et fracas est le troisième livre que je lis de lui et je ne cache pas une certaine lassitude envers ses personnages interchangeables partageant les mêmes failles et le même sens de la répartie.

Dans le Livre de Joe, un écrivain à succès revenait dans son bled d’origine pour faire face à son passé et apaiser ses relations avec son père mourant et l’amertume de son frère. Dans son second roman (Tout peut arriver), un jeune Yuppie se démenait avec un père fantasque et un frère simple d’esprit. Dans Pertes et fracas, un jeune chroniqueur à succès (je vais finir par croire que tout le monde est jeune et riche à NY) fait face à son veuvage, à un beau fils qui pourrait être son frère, une soeur jumelle en pleine crise de couple et un père qui perd la boule.

On a tous ses obsessions mais je trouve plus que dommage de gâcher un tel talent à ressasser perpétuellement la même histoire. Car Tropper à un talent fou. On lit ses 400 pages en un clin d’oeil mais sans ressentir autre chose qu’un vague sourire qui vient flotter par moment sur nos lèvres lorsque le narrateur lâche une observation particulièrement bien ciselée.

J’ai l’impression que Tropper est victime d’une sorte de Syndrôme Nick Hornby. Hornby avait écrit un magnifique Haute Fidélité (jetez-vous sur ce livre si vous avez la chance de ne pas encore l’avoir lu) mais, au fil de ses romans, la qualité se dégrade quasi continuellement et chaque opus est plus ennuyeux que le précédent.

Dommage.

25 août 2009 at 18:37 8 commentaires

Pig Island – Mo Hayder


Comme j’ai déjà pu l’écrire, j’ai lu énormément de polar et thrillers  étant plus jeune. Adolescent, je dévorais les  Stephen King, la collection ‘Suspense’ de chez Albin Michel mais aussi les aventures de Maigret et les désuets Agatha Christie. Ce préambule pour écrire que d’après moi, les mécanismes de ces intrigues sont souvent similaires. Il y a deux grand schémas utilisés par les romanciers du genre. C’est plus qu’un ensemble de code à respecter, c’est juste qu’on n’a plus inventé grand-chose depuis Conan Doyle. Soit il s’agit d’un personnage récurrent à la vie privée hors norme (Holmes,  Poirot, Marple, Maigret, Wallander,  Rebus, Blomkvist, …) ou nous avons affaire à un serial killer sadique (genre de loin le plus répandu).

Dans Pig Island, Mo Hayder nous plonge dans une atmosphère que j’avais oubliée. Une troisième piste rarement  suivie par les romanciers modernes. Malgré le ton résolument actuel, le ton et l’intrigue me font résolument penser à Edgar Poe. On est dans une horreur suggérée et implacable. Les coups de théâtre se succèdent sans brusquer le lecteur. On ne comprend pas trop les obsessions du héros. L’histoire s’articule autour d’une île battue par les vents, ancienne décharge de produits toxique, hantée par des cochons et  dont la population se résume à une secte qui réprouve la médecine. Le héros est un journaliste qui traque les arnaques des mystères tels que les vierges qui pleurent ou les yétis du Tibet. Il boit trop, son couple bat de l’aile. On pense qu’on se dirige tout droit vers un de ces personnages récurrents que j’ai cité plus haut. Mo Hayder transcende les codes avec un style fluide et direct pour distiller une tension permanente. S’il ne s’agit pas d’un bouquin qui va modifier votre point de vue sur les problèmes du monde, il vous fera passer un excellent moment.

19 août 2009 at 17:10 Laisser un commentaire

Terroriste – John Updike


Un grand livre

Un grand livre

J’ai un peu de mal à parler de ce livre comme d’un roman. John Updike a écrit un essai sur le terrorisme en le travestissant d’une intrigue pour lui donner des airs de roman. A l’aide d’une plume vivace et cultivée,  il retrace l’histoire d’un jeune homme qui accepte une mission suicide pour commettre un attentat à New York.

L’auteur contemple l’Amérique à travers les yeux des protagonistes de son intrigue assez légère mais bâtie sur des fondations extrêmement solides. C’est ainsi que le vieux professeur athée d’origine juive porte un regard nostalgique sur le pays de sa jeunesse ou qu’un jeune homme mi-arabe mi-irlandais s’investi dans sa Foi musulmane comme un jardinier place un tuteur pour que sa plante pousse bien droit. Dans une petite ville dont l’avenir est derrière elle et  dans une Amérique dont les valeurs se limitent au consumérisme et à l’argent, peu d’options sont à la portée de sa jeunesse. Le jeune lycéen en quête d’identité en quête de valeurs se retranche dans la Foi.

John Updike brosse un portrait très sombre d’une Amérique qui aurait perdu ses repères. De longues et passionnantes digressions appuient son propos dans un langue magnifique quoique parfois baroque. Hormis dans les dialogues, Updike ne sait pas faire de phrase de moins de 10 lignes (j’exagère à peine) ce qui donne un texte souvent magnifique sans être pédant mais qui rend aussi la lecture difficile. Ne tentez pas de lire ce bouquin lorsque que vous n’êtes pas complètement concentré ou trop fatigué pour regarder un nanar  à la télévision.

Je n’avais jamais rien lu d’Updike le classant inconsciemment d’une manière totalement arbitraire dans  la catégorie des auteurs intellos pontifiants (à côté de BHL). Je ne saurais trop vous recommander ce livre pour le regard qu’il porte sur notre civilisation. Le trait peut parfois être caricatural mais il est absolument lucide sur le fond.

18 août 2009 at 17:08 2 commentaires

Les tribulations d’une caissière – Anna Sam


Voici quelques années, j’avais lu dans un magazine un article sur cette caissière qui du haut de son bac+5 portait un regard décalé sur son métier. Je m’étais dit que l’angle  était vraiment intéressant. Je le pense toujours bien que je sais maintenant qu’un bon sujet ne suffit pas à faire un bon livre.

Il ne s’agit d’ailleurs pas d’un livre à proprement parler mais d’un blog imprimé. La nuance pèse lourd dès les premières pages. Il n’y a pas de fil conducteur, le ton est direct et le propos ne s’appuie sur aucune trame solide. Anna Sam enfile  des tranches de vie et des coups de gueule mais elle n’écrit pas de livre. Bien qu’elle ne cesse de mettre en exergue la licence en littérature, son style est d’une pauvreté agaçante. Mais  là ne réside pas la vraie faiblesse du bouquin. En effet, si ses expériences vécues dérrière une caisse peuvent parfois toucher, le ton reste désincarné. Elle passe très vite sur les raisons qui l’ont poussé à prendre ce job et surtout à le garder huit ans alors qu’elle se plaint  à longueur de pages de la frustration de n’être qu’une caissière. Le complexe d’infériorité qui se dégage n’a d’égal que la vague mysanthropie qu’elle éprouve envers ses clients ou ses supérieurs hiérarchiques. Elle déverse ses flots d’amertume sur tout le monde excepté ses collègues. On ne comprend pas qu’elle garde un job aussi pourri aussi longtemps avec un si beau diplôme. On le comprend d’autant moins qu’elle ne parle à aucun moment des caissières si ce n’est pour dire que c’est un métier difficile et que tout le monde les déteste. Surtout elle. Selon elle, passer du statut de caissière à celui d’auteure est comme passer du stade de la chrysalide à celui de beau papillon. Un conte de fée. Une dissonance entre le propos du livre et sa conclusion qui le rend d’autant plus supportable. Cette Anna Sam est un des rare auteurs avec qui je n’aimerait pas discuter plus avant de son oeuvre. Après avoir lu son bouquin, j’ai l’image d’une femme aigrie et mal dans sa peau qui fait passer tous les clients pour des goujats, des bêtes ou des abrutis. Si on la suit, seule Anna Sam est à sauver lors du prochain déluge.

12 juillet 2009 at 16:07 3 commentaires

Hortense et Queenie – Andrea Levy


En Jamaïque, dans les années 30, Hortense est une métisse qui ne doit sa bonne éducation qu’à la culpabilité de la famille de son père, un Anglais notable de la colonie. Sa prestance n’a d’égale que sa suffisance.Gilbert est un noir Jamaïcain qui s’engage pour défendre la Mère Patrie. Il se rendra vite compte que l’Angleterre qu’il croyait si bien connaître a bien du mal à reconnaître ses fils de couleur. Queenie est la fille d’une petite famille bourgeoise de la campagne anglaise sans beaucoup d’éducation mais avec beaucoup de personnalité. Bernard est un anglais petit employé de banque qui prend soin de son père rendu fou par la première guerre mondiale.

Cela vous est sûrement déjà arrivé. On vous recommande un bon petit resto. Un truc vraiment sympa. Un troquet dont tous vos amis parlent avec ravissement. Lorsque vous vous y rendez, le décors est sympa, l’accueil est chaleureux. Lorsqu’on vous sert, le plat semble délicieux. Mais rien ne va. Vous ne vous sentez pas à votre place, le plat est trop épicé, ou pas assez, ou c’est vous qui n’êtes pas dans l’humeur. Le repas se traîne et vous ne pensez qu’à payer l’addition, sourire au chef et vous tirer de là. Ce n’était pas le bon jour. Vous auriez mieux fait de manger votre reste de pâtes à la maison.

C’est à ce genre de mésaventure que je pense en terminant  les aventures d’Hortense et Queenie. Il est vraiment très bien. Je n’hésiterais pas à le recommander  mais …  il y a un je-ne-sais-quoi qui m’a fait traîner ce roman pendant près de deux semaines. Je suis incapable de mettre le doigt dessus. C’est peut-être une simple question d’état d’esprit.

L’auteur croise habilement les intrigues entre les différents protagonistes et entre les différentes périodes historiques. On saute régulièrement le la réalité qui précède la deuxième guerre mondiale au monde qu’elle a laissé en se terminant. Le style est facile et sans sophistication excessive.

Au final, j’ai un sentiment d’inachevé. Peut-être est-ce la densité du roman. La richesse des personnages méritait probablement un livre pour chacun d’entre eux. Il y a tant de sujets développés que certains ne sont pas assez aboutis à mon goût. Je réalise en écrivant ce billet que je me sens incapable de résumer le livre en quelques mots. Incapable de dire de quoi il parle vraiment.

28 juin 2009 at 18:19 1 commentaire

Antéchrista – Amélie Nothomb


Un bouquin dont on peut se dispenser

Un bouquin dont on peut se dispenser

On reproche souvent à Amélie Nothomb d’écrire des romans trop courts. A la lecture d’Antéchrista, je ne vois pas comment une idée aussi légère aurait pu soutenir un texte plus lourd. Le roman parle de la soumission d’une jeune fille à une autre qui telle une jeune incarnation de Janus adopte un comportement revêche ou adorable selon qu’elle s’adresse à sa victime ou à ses proches.

Le thème de la submersion dans la domination semble relever de la prédilection pour Amélie Nothomb. Elle l’avait abordé sous une forme plus positive dans les deux seuls autres romans que j’ai lu/vu (Stupeurs et tremblements et Les catilinaires). Je dois dire que je ne vois pas trop ce que celui-ci apporte de plus.

Le style délié de l’auteure est rythmé par des dialogues brillants mais artificiels. A aucun moment, je ne me suis enti proche des personnages. On dirait une pièce de théâtre mal jouée.

Le meilleur atout du bouquin est la vitesse à laquelle on le lit. Un moyen de passer une soirée ou un après-midi pluvieux.

Dispensable.

14 Mai 2009 at 10:37 Laisser un commentaire

Au sud de la frontière, à l’ouest du soleil – Haruki Murakami


Indispensable à votre bibliothèque

Indispensable à votre bibliothèque

Quel beau livre! Je me retrouve un peu idiot à poser un commentaire forcément insignifiant par rapport à l’écriture de Murakami.

C’est le genre de bouquin qui me fait plaindre les gens qui ont décrété qu’ils n’aimaient pas lire ou qu’il n’en avaient jamais le temps. Comment peut-on se priver d’une telle gourmandise? Deux cents pages de pur bonheur.

Voilà un roman où il ne se passe quasiment rien. L’intrigue se résume à un trentenaire qui retrouve une amie d’enfance dont il était amoureux. Pas forcément un sujet fascinant. Je ne pense pas que je l’aurais lu si une amie ne me l’avait offert. Et pourtant, l’écriture pleine de simplicité de Murakami transcende l’intrigue et nous laisse groggy à chaque fin de chapitre.

Je ne connais rien au Jazz et Murakami donne plusieurs clefs pour souligner le parallélisme de son texte avec un air de Jazz. Bien que je ne connaisse rien à ce style musical, j’ai très vite senti un rythme particulier qui me rappelait un vieil air de blues. L’auteur joue des phrase comme un vieux bluesman de sa guitare. Un style à la fois syncopé et mélancolique qui emporte le lecteur dans un tourbillon de sentiments.

C’est également un roman très masculin. Au sens où les doutes, les peurs et les envies du narrateurs sonnent toujours juste. Pour une fois l’homme n’est pas décrit comme une héros (machoire carrée, larges épaule, sûr de lui, …) ou un lâche (épaules tombantes, regard fuyant, chétif, …) mais comme un être humain avec ses forces et ses faiblesses.

Un dernier point plus anecdotique m’a frappé. L’intrigue se déroule au Japon et le texte est écrit par un Japonais mais l’ensemble parait tellement universel qu’à quelques détails près, cela pourrait se passer à Bruxelles ou à Lyon. On est très loin des stéréotypes asiatiques.

Magnifique.

Que ceux qui n’ont pas encore lu ce livre nous quittent pour venir nous en parler après l’avoir lu. Pour les autres, j’aimerais connaître votre sentiment sur la réalité de l’existence de Shimamoto-San. Est-elle la maîtresse retrouvée ou est-elle l’incarnation des regrets et des remords de Hajime? Je n’arrive pas à me décider.

13 Mai 2009 at 10:04 6 commentaires

Les arpenteurs du monde – Daniel Kehlmann


Les arpenteurs du monde - Daniel Kehlmann

Les arpenteurs du monde - Daniel Kehlmann

Un vieux mathématicien génial et misanthrope rencontre un vieil explorateur égocentrique goutant sa gloire fondées sur ses découvertes passées. Gauss rencontre Humboldt. Le prince des mathématiques rencontre le découvreur de l’Amérique du sud. Ces deux gloires allemandes de la science dévoilent leurs personnalités au gré de leurs succès et de leurs faiblesses dans des chapitres organisés en quinconce. On suit l’évolution de Humboldt que l’on quitte pour Gauss. L’un parcourt le monde, l’autre déteste voyager. Tous deux d’une manière singulière mesurent leur univers.

Si le roman est d’une belle érudition, je n’ai vraiment pas pu m’attacher aux personnages. C’est fort bien écrit mais c’est beaucoup trop impersonnel (ce qui est un comble pour des personnages réels aussi colorés). Peut-être est-ce du à mon humeur au moment de le lire, peut-être est-ce à cause de l’imparfait constamment sollicité par Daniel Kehlmann mais j’ai peiné à finir ce petit bouquin. Il parait que Daniel Kehlmann est considéré comme un auteur génial en Allemagne. J’avoue ma perplexité. Je pense que l’idée, le contexte et les personnages auraient mérité un meilleur traitement.

10 avril 2009 at 10:32 Laisser un commentaire

Extrêmement fort et incroyablement près – Jonathan Safran Foer


J’avais déjà soupesé ce bouquin de nombreuses fois avant de me le faire recommander par une lectrice de ce blog. Si j’hésitais tant à franchir le pas alors que le livre me tentait, c’est parce que le contexte dans lequel le roman se déroule est celui du post-11 septembre à New York. D’une manière générale, je fais un rejet sur les grands malheurs rabâchés des milliers de fois à longueur de roman. C’est ainsi que je me suis tapé (!) le millier de page des Bienveillantes de Johnathan Littel mais que Si c’est un homme de Primo Levi prend la poussière sur l’étagère à lire de ma bibliothèque. Chaque fois que je le prends en main, j’ai l’angoisse de la déprime qui alourdit ce tout petit livre au point que je le repose tout de suite. C’est conscient de ce paradoxe et rassuré par Reka que j’ai entamé ce livre.

Oskar est un gamin un peu trop intelligent et beaucoup trop angoissé. A 11 ans, il est orphelin de son père mort dans les Twin Towers lors des attentats du 11 septembre. Deux ans plus tard, il découvre une clef dans les affaires personnelles de son père avec pour seul indice le mot « Black » écrit au dos de l’enveloppe qui contenait la clef. Oskar va se lancer dans la quête de la serrure qui correspond à la clef.

Il serait vraiment dommage de réduire ce roman à ce simple fil conducteur.  C’est d’abord un roman à propos de l’amour de l’incapacité  à l’exprimer, de l’absence et du pouvoir des mots. Oskar va rencontrer une vraie diaspora de Black dans tout New York qui lui apporteront tous quelque chose. La famille d’Oskar est la vraie colonne vertébrale du roman avec le grand père qui a perdu l’usage de la parole mot par mot qui compense en écrivant des lettres qu’il n’envoie jamais. Sa mère qui se remet trop vite de la perte de son mari au goût de son fils. Son père dont l’absence est trop lourde à porter. Sa grand mère qui pleure encore la supercherie de l’amour qu’elle n’a pu recevoir.

Enfin, il convient de souligner l’incroyable talent de Jonathan Safran Foer. C’est proprement époustouflant. Il est difficile de réellement décrire les procédés littéraires utilisés sans trop dévoiler l’intrigue mais sachez que la mise en page, les illustration voire les fautes d’orthographe font partie intégrante du récit. La poésie et la cohésion qui s’en dégage révèle une maîtrise de l’écriture absolument formidable.

Toutefois, cette maestria est peut-être également le principal défaut du roman. Peut-être est-ce le sujet qui m’a filé le bourdon, peut-être est-ce ma stupéfaction devant l’incroyable prouesse romanesque (je sais que je me répète mais le livre vaut d’être lu rien pour apprécier la cohérence d’un récit où tout n’est pas écrit), peut-être étais-je fatigué. Toujours est-il que je me suis plus attaché au style de l’auteur qu’à ses personnages. J’ai mis une dizaine de jour à le lire en repoussant presqu’inconsciemment le moment où je reprendrais le cours du récit. C’est un peu comme se trouver devant une peinture d’un grand maître dans un musée. On est fasciné par la technique et la manière dont les couleurs s’expriment mais on on n’en voudrait pas dans son salon.

13 mars 2009 at 11:04 5 commentaires

L’élégance du hérisson – Muriel Barbery


Alors que ce livre est sorti dans un quasi anonymat, le bouche-à-oreille en a fait un gros succès de librairie. Emporté par la vague  (et sans doute aussi par veulerie), c’est avec un  enthousiasme mêlé de l’appréhension de la déception que j’en ai débuté la lecture.

Madame Michel est la concierge d’un immeuble cossu du centre de Paris qui côtoie les riches résidents avec beaucoup de circonspection. Paloma est une jeune adolescente de 12 ans habitant l’immeuble qui partage deux singularité avec la concierge. Elles sont toutes deux dotées d’une grande intelligence et, pour des raisons différentes, font tout pour la cacher. Mme Michel cultive tous les stéréotypes de la concierge pour la galerie (revêche, mal fagotée, pauvreté du vocabulaire, télévision allumée en permanence, …) alors qu’elle lit Tolstoï et Kant lorsqu’elle est sûre d’être seule. Paloma prend garde a avoir des notes correctes à l’école et tient un journal où elle traque les moments de beauté avant le suicide qu’elle a planifié pour ses 13 ans avant de succomber à la médiocrité générale.

La langue de Muriel Barbery est très belle. Trop belle même. Si les beaux mots se succèdent, la dénonciation de la médiocrités des élites ressemble à une forme de snobisme à rebours. De surcroît, cette attitude très marquée par l’élitisme à la française que l’auteur se plaît à vilipender consiste justement à privilégier le texte comme forme d’intelligence et de raffinement. Est intelligent celui ou celle qui peut discourir doctement sur tout sujet digne d’intérêt. Barbery ne semble pas se rendre compte qu’elle participe au mouvement qu’elle dénonce.  Le conservatisme culturel français mène à impasses nombrilistes voir à un conservatisme social avéré.

Au final, mon impression est assez mitigée. Un beau texte parfois drôle, parfois touchant, souvent méchant qui pêche par excès de vanité.

17 février 2009 at 09:55 1 commentaire

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