Posts tagged ‘romans’

La ballade de l’impossible – Haruki Murakami


Ce n’est que le deuxième livre de Murakami que je lis (après le fabuleux Au sud de la frontière, à l’ouest du soleil ) mais ses autres bouquins se trouvent désormais sur ma liste virtuelle de mes prochaines lectures.

Watanabé est un étudiant un tantinet asocial qui tombe amoureux de l’ex de son ami qui s’est suicidé un an avant de rentrer à l’université. Ca n’a pas l’air passionnant comme ça et cela ne l’est pas. La force de l’écriture de Murakami réside plus dans le plaisir de la lecture que dans la quête de ses personnages. Le voyage est plus important que la destination.

Je n’ai pas la prétention d’expliquer l’oeuvre de Murakami. Comme dans Au sud de la frontière, à l’ouest du soleil, le personnage principal (le roman est écrit à la première personne) semble se débattre dans une bulle de verre. La vie se déroule sur un écran qu’il peut toucher mais qui n’a aucun relief. La distance exprimée par Watanabé envers le monde qui l’entoure (le Japon de la fin des années 60, ses amours, les livres, la politique, …) rend paradoxalement plus facile au lecteur la tâche de comprendre l’étrange torpeur qui percole à travers tout le roman.

Murakami réussit le tour de force d’écrire un roman à la fois accessible et profond. Son style est fluide et ses personnages sont attachants malgré la distance qu’ils entretiennent avec la réalité.

Une lecture agréable et apaisante.

28 Mai 2010 at 11:07 Laisser un commentaire

La séparation – Christopher Priest


C’est avec des sentiments mitigés que j’ai refermé ce bouquin. L’idée est franchement excellente même si elle n’est pas tout à fait originale. Deux jumeaux anglais suivent une trajectoire différente à partir de 1936. L’un s’engage dans la RAF pendant que l’autre devient objecteur de conscience et militant pacifiste au début de la seconde guerre mondiale.

Christopher Priest poursuit une intrigue à tiroirs en imaginant plusieurs futurs possibles selon que l’un des frères survive à un moment charnière de la guerre. La première partie du récit prend la forme d’un carnet de souvenir qui décrit l’issue de la guerre telle que nous la connaissons. L’autre développe l’uchronie sur la base de la réussite de négociations de paix survenues en 1941 avant l’invasion de l’URSS par les nazis.

Cependant, résumer ce roman à une simple dérive possible de l’Histoire se révèle inexact. Christopher Priest axe son roman autour de la singularité de l’individu et de la relativité de la réalité pour chacun. Il m’est difficile, en quelques mots résumer l’ambiguité entretenue par l’auteur envers le but poursuivi par son texte. C’est pour tant de cette ambigüité que provient mon manque d’enthousiasme. J’ai l’impression d’être passé à côté de la moelle épinière de son roman. En dépit de son érudition, la partie qui se déroule dans le contexte historique que nous connaissons soulève des questions qui déstabilisent le lecteur qui a l’impression permanente de parcourir un terrain instable.

Pour ceux d’entre vous qui seraient tenté par un roman qui se déroule dans un contexte historique alternatif (uchronie), je ne peux que vous recommander chaudement Fatherland de Richard Harris (dont tous les livres sont au minimum très bons). Sur fond d’enquête policière, Harris décrit le monde des années cinquantes si l’Allemagne Nazie avait gagné la guerre. Un régal.

23 Mai 2010 at 10:18 2 commentaires

Le dernier voyage d’Horatio II – Eduardo Mendoza


Horatio II est le commandant d’un vaisseau spatial où tout va de travers. Il ne sait pas trop combien de temps durera le voyage car il n’en connaît pas la destination. Le ravitaillement est un problème vu que personne ne le gère. Le premier et second officiers sont juste un poil plus incompétents que le commandant.

J’ai eu par moment l’impression de lire un bouquin de management qui raisonnerait par l’absurde. L’équipage comporte des « Vieillards Imprévoyants », des délinquants et des « Femmes Dévoyées » . Tous sont cantonnés dans leurs quartiers tant qu’ils suivent les consignes. Comme personne ne songe à respecter quoi que ce soit …

C’est souvent drôle mais trop répétitif à mon goût. Le vaisseau évolue d’une station spatiale à l’autre au fil de péripéties qui se ressemblent e. Je me suis vite lassé bien qu’il s’agisse d’un roman fort court.

17 Mai 2010 at 10:44 1 commentaire

Dolce agonia – Nancy Huston


J’ai des amis formidables. Beaucoup d’entre eux m’ont offert des livres pour mon récent anniversaire. J’ai toujours trouvé que c’était un cadeau intime et un peu casse-gueule. On n’offre pas un simple tas de papier, mais on partage un texte qu’on a apprécié. Voire aimé. On peut aussi en offrir un qu’on n’a pas lu mais dont on pense qu’il plaira. On transmet ainsi le une image qu’on a de celui à qui on fait le cadeau. évidemment, c’est aussi extrêmement difficile à offrir si vous ou votre ami ne lisez pas.

Bref.

Une amie m’a donc offert Dolce Agonia qui lui avait été conseillé par une amie. Si on y pense, c’est drôle de se rendre compte que je n’aurait probablement jamais lu ce livre si tout un réseau de connaissances ne m’avait précédé dans sa lecture.

Le roman dont le thème porte sur l’amitié une variation littéraire de ces films de dîner qui pullulent sur les écrans Français (Le code a changé, Cuisine et dépendances, …). Je n’ai jamais particulièrement aimé ces histoires de bourgeois qui croisent le fer d’un mot assassin autour d’un repas et où se nouent et se révèlent les intrigues amoureuses et souvent clandestines. Pourtant, ce qui m’irritait dans ces films est probablement ce qui m’a tant plu ici. Nancy Huston pousse très loin le don d’ubiquité et d’omniscience du narrateur en faisant prendre la plume à Dieu lui-même. C’est ainsi qu’Il nous dévoile les secrets de chacun, leurs peurs enfouies ainsi que leurs histoires publiques et les autres inavouables. Avec une pointe de cruauté, Il nous précise également où et comment chacun des participants de ce dîner de Thanksgiving vont mourir. Enfin, Il décrit avec brio les pensées qui s’enroulent autour des personnages au gré de conversations d’apparence anodine. Les pensées évoluent comme un ruisseau dont le lit évoluerait au fil des personnages.

Peut-être est-ce une forme de voyeurisme mais j’ai  dévoré le livre avec beaucoup de gourmandise. J’ai éprouvé un peu de tristesse à connaître la fin de personnages auxquels je m’étais attaché malgré (ou à cause) de leurs failles parfois révulsantes.

Un très bon moment.

14 Mai 2010 at 16:09 Laisser un commentaire

Sukkwan Island – David Vann


Un dentiste convainc son fils de 13 ans de passer un an avec lui dans une cabane perdue au fin fond de l’Alaska.  Sur cette trame légère, David Vann construit une intrigue solide et étouffante dans un décors sauvage qui souligne la solitude des personnages.
Ce livre plongera dans un abîme de perplexité tout lecteur souffrant de troubles obsessionnels du comportement qui le pousse à classer ses livres exclusivement par catégories. Sukkwan Island navigue avec beaucoup de bonheur entre les genres. C’est à la fois une réflexion sur la complexité des relations père-fils, un huis-clos et un thriller. En effet, la construction du roman pivote autour d’un moment clef qui prend le lecteur à contrepied surprendra tout amateur de sensations fortes. L’auteur installe également une atmosphère pesante qui tiendra en haleine les lecteurs les plus exigeants.
Une anecdote: je lisais avec avidité lorsqu’une phrase me frappa tellement que je cru avoir mal lu. J’ai relu le paragraphe pour m’assurer que j’avais bien lu. Ce coup de théâtre est un vrai coup de maître. Une seule phrase d’à peine quelques mots retourne complètement le sens du roman sans bouleverser la cohérence du récit. J’ai rencontré le procédé de temps à autre au cinéma mais jamais avec un tel bonheur dans un livre.

Le style nerveux de David Vann contribue au plaisir de la lecture. Les dialogues ne se distinguent jamais du reste du texte comme l’usage le prescrit: aucun tiret, aucun guillemet, pas d’italique. Juste le texte dans sa nudité brutale. Si le procédé m’a effrayé dans les premières pages, il s’avère très efficace pour pénétrer la profondeur des deux protagonistes.On ne peut s’empêcher de penser à Into the wild de Jon Krakauer (que je n’ai pas lu mais dont j’ai adoré l’adaption de Sean Penn au cinéma) et à La route de Cormac McCarthy(dont j’ai vainement tenté à deux reprises de passer le cap des 40 pages) auxquel Sukkwan Island fait immanquablement écho. Toutefois, la tension et la folie qui percolent à chaque page rendent ce roman plus saisissant.

Une belle idée de cadeau. Je regrette le peu de couverture médiatique qu’il suscite.

20 avril 2010 at 14:18 Laisser un commentaire

Les Hauts de Hurle-vent – Emily Brontë


Les Hauts de hurle-ventVoilà un bouquin très singulier. Etonnant à plus d’un titre. Unique roman écrit vers 1840 d’une jeune anglaise vivant loin de tout, il tranche avec son époque et l’idée qu’on peut se faire de l’imaginaire d’une jeune fille esseulée du milieu du XIXème siècle.

L’histoire, principalement relatée  par une servante retorse et manipulatrice, retrace trois générations de deux familles voisines perdues dans une campagne désolée. Le patriarche des Hauts de Hurle-Vent (c’est le nom d’une des maisons) ramène un jour Heathcliff (un enfant « basané, presque gitan » précise Brontë cela devait être le summum de l’exotisme à cette époque) qu’il traite comme un fils au grand désarroi de son fils biologique qui vit très mal la complicité de son père avec l’intrus. Il tourmentera  Heathcliff au point que ce dernier fuira la maison dès la mort de son bienfaiteur. La fille du patriarche et Heathcliff nourriront entretemps une passion (tout est très platonique chez la jeune Brontë) catalysera la vengeance de Heathcliff.

A priori, il ne s’agirait que d’une déclinaison du thème de la vengeance de Monte-Cristo incarnée par un méchant littéraire qui fait passer les Ténardier pour d’innocents taverniers un peu rustres. Ce qui frappe réellement, c’est l’ambiance macabre et noire qui suinte de chaque page. Ce qui frappe, c’est la violence des propos et des actes (le roman en a choqué plus d’un lors de sa sortie). Ce qui frappe, c’est que le sadisme et le masochisme lient les personnages du roman plus que l’intrigue ou les valeurs familiales. On a envie de crier aux victimes de se révolter, de quitter cette ambiance poisseuse jusqu’à ce qu’on se rende compte qu’aucune victime n’a rien à envier à son tortionnaire.

Le lieu – la lande – mets en perspective l’isolement des deux familles et balaie toute intervention extérieure. Toute l’intrigue se déroule entre deux maisons espacées de quelques miles. Ce choix renforce les tensions qui traversent les personnages et le lecteur peut se concentrer sur les drames qui se nouent sans se pas à se préoccuper d’influences extérieures.

Les personnages, de Heathcliff jusqu’aux humbles servantes sont tour à tour sadiques, lâches, manipulateurs, fragiles et masochistes. Brontë a son idée bien à elle sur la sélection naturelle. Si le roman a été écrit avant L’origine des espèces de Darwin, nul doute que les thèses évolutionnistes l’ont influencées. Seuls les forts survivent.

Si le style n’évite pas les excès stylistiques propres à l’époque (phrases ampoulées, longueurs, …), le ton et le sujet sont résolument fort modernes. LA volonté d’Emily Brontë d’éviter toute collision avec le monde extérieur rend le roman intemporel. La violence des personnages, même si elle est moins graphique que  certains thrillers contemporains, semble presque anachronique dans  une littérature plombée par les excès de sens de l’honneur, de bravoure et de naïveté.

Une dernière remarque. Lorsque j’ai reçu le livre, il était barré d’un bandeau clamant qu’il s’agissait du livre  préféré de Bella. L’image  qui illustrait cette accroche marketing faisait référence à Twilight qui garnit les bibliothèques des jeunes filles en quête de romantisme. Je n’ai jamais lu  et ne lirai probablement jamais de bluette ayant pour protagonistes une lycéenne amoureuse d’un vampire écrite par une mormone mais nul doute que le public cible de Twilight risque de se trouver fort perplexe en lisant les aventures de Heathcliff.

29 mars 2010 at 09:35 1 commentaire

Anansi boys – Neil Gaiman


C’est David qui m’a fait découvrir Neil Gaiman avec ce bouquin aux accents fantaisistes, drôles et poétiques. Gros Charlie est le fils du dieu Anansi. Pas un dieu au sens figuré. Anansi est le dieu araignée à qui appartiennent toutes les histoires. Un père qu’il n’aime pas. Un père qui lui jouait constamment des farces dont il riait aux dépends de son fils. Gros  Charlie est devenu un comptable timide et sans ambition. C’est avec peu d’enthousiasme qu’il se rend aux obsèques de son père (c’est ainsi qu’on apprend qu’un dieu doit mourir de temps à autres pour ne pas oublier ce que c’est). Une ancienne amie de son père lui explique alors qu’il a un frère qu’il a oublié (!) doté des pouvoirs divins qu’il peut appeler en parlant à une araignée.

D’habitude, je ne résume pas un bouquin pour en donner mon opinion. Chacun peut lire le quatrième de couverture. Toutefois, ici, le sujet donne une idée (fort imprécise il est vrai) du ton du roman. A la relecture, je constate que je n’ai d’ailleurs pas réussi à restituer l’univers loufouque du livre. Car il s’agit bien d’un univers où le quotidien des humains bouscule celui des dieux. Un univers drôle, cruel et très cohérent. J’ai lu que Anansi boys avait reçu plusieurs prix de SF. J’avoue ne pas comprendre en quoi il relève de la SF. Il m’est d’ailleurs difficile de le catégoriser (le ton me fait penser à Terry Pratchett et son disque monde). En revanche, le bouquin mérite effectivement ses éloges. On ne peut s’empêcher de rire aux frasques des fils d’Anansi. En outre Neil Gaiman a une plume corrosive qu’il trempe souvent dans un jus de comparaisons hilarantes. J’ai également l’intuition que le livre gagnerait encore à être lu en anglais car bien que la traduction soit excellente, j’ai l’impression que les références constantes aux chansons prennent plus de sens dans le texte original.

A découvrir. (Merci David)

28 décembre 2009 at 10:23 1 commentaire

Il faut qu’on parle de Kevin – Lionel Shriver


Ne vous fiez pas à la tristesse de la couverture

A l’entame de ce billet, je me rend compte que je manque de vocabulaire pour qualifier ce bouquin. Excellent? Pas seulement. Dur? Difficile? Dérangeant? Palpitant? Je pense que mon choix va se porter sur l’ambivalent « terrible ».

On connait d’emblée la fin de l’histoire. Eva écrit à son mari dont elle est séparée pour lui faire part de ses état d’âme depuis que leur fils de 16 ans a tué 10 de ses condisciples à l’école. Le choix de la correspondance à sens unique (seule Eva y participe) développe une dimension excessivement intime à ses propos.  cela accentue l’horreur de ses révélations mais cela permet également de briser nombre de tabous en décrivant le désarroi d’une mère confrontée à un enfant qu’elle pressent foncièrement malfaisant dès sa naissance. On ne peut réduire ce livre à une complainte d’une maman terrifiée par sa progéniture ni au cheminement d’un gamin mauvais. Shriver décrit par ailleurs fort bien une société américaine en décalage avec le reste du monde. Un pays en perte de repères dont sa jeunesse peine à briser le rideau de superficialité pour donner un sens à  son avenir.

Je dois dire que, bien qu’emballé par l’écriture de Shriver dès les premières lignes, j’éprouvais un malaise presque physique à lire les lettre d’Eva. Principalement dans la première partie du bouquin où je n’avais pas encore pris toute la mesure du drame vécu par les parents de Kevin. Chaque lettre d’Eva était une épreuve que j’avais peur d’entamer mais dont je ne pouvais me soustraire. Les malheurs d’Eva me revenaient sans cesse dans mon quotidien. On ne peut s’empêcher de s’identifier à elle et de se demander ce qu’on aurait fait à sa place. Dans ma jeunesse, je dévorais les livres de Stephen King, Peter Straub ou Dean Koontz. J’en aimais le style délié et leur approche du mal que je jugeais moins caricaturale que les « mauvais » qui hantaient les films d’action de l’époque (ça doit encore être le cas). Ici, Shriver donne une vraie dimension littéraire au mal. Kevin est un damné qui ne croit en rien, n’espère rien, ne veut rien. Il incarne le mal. Mais ce n’est pourtant pas de là que provient le malaise. Le pire est dans la solitude de sa mère (dont nous partageons l’intimité) qui est la seule a deviner la profondeur malfaisante de son fils. Ce n’est pas un livre d’horreur, c’est une histoire horrible. C’est superbement écrit (Shriver entre dans mon panthéon personnel) et c’est un roman auquel il est difficile de rester indifférent.

Ne vous laissez pas rebuter par la noirceur de mes propos. « Il faut qu’on parle de Kevin » est un livre essentiel qui donne un éclairage nouveau sur le fait d’être parent, sur la société moderne et sur le déni culturel envers le mal inné.

Voici, pour quelques euros, la preuve qu’un livre est plus qu’un divertissement. Voici le genre de bouquin qui donne un sens à ce blog que j’ai entamé pour partager mes coups de coeurs et mes coups de gueule. Voici une évidence. Une vraie baffe que je recommande à tous ceux qui n’attendent pas famille (ça pourrait plomber l’ambiance ;-))

22 décembre 2009 at 12:08 5 commentaires

Rendez-vous avec Rama – Arthur C. Clarke


Je lis assez peu de Science-Fiction. A l’instar du polar qui permet de soulever de graves questions par le biais d’une intrigue dont les codes sont attendus par le lecteur, la SF et ses dérogations aux contraintes de la physique et de la technologie actuelle devrait permettre aux romanciers une multitude de thèmes à explorer. Comme c’est un genre que je connais à peine (et principalement grâce au cinéma), je ne lis pratiquement que ce qui est consacré comme des ‘valeurs sûres’ par les amateurs. C’est ainsi que j’ai pu découvrir le monde de Dune, la quête d’Hypérion, les interrogations du Spin, voire, il y a très longtemps le monde du non-A qui m’a laissé un souvenir perplexe. Ces lectures m’ont souvent fascinées par leur univers mais presqu’aussi souvent irritées pour la médiocre qualité de leur écriture. Rendez-vous avec Rama ne fait pas exception à la règle. J’oserais même écrire qu’il illustre parfaitement le constat.

Pour bien comprendre la composante technologique du livre, il convient de resituer l’époque où il a été écrit. C’est-à-dire en 1973, au moment où le programme Apollo touchait à sa fin et que les expéditions vers la Lune devenaient banales. Rama a reçu un excellent accueil et s’est vu attribuer de nombreux prix littéraires lors de sa sortie qui l’ont quasi instantanément propulsés au rang de classique de la littérature SF. L’intrigue n’est pas banale même si elle tourne autour d’un thème récurrent (un objet inconnu à la finalité incertaine). Au début du 22ème siècle, le système solaire a été colonisé par l’homme et, pour se protéger des astéroïdes, un système de surveillance de l’espace a été mis en place. C’est ainsi qu’un objet parfaitement cylindrique d’une taille gigantesque (50 km de longueur et 16 km de diamètre – on ne peut tenir rigueur à Clarke de son manque de précision) est détecté. Une expédition est rapidement montée pour aller l’explorer l’objet baptisé Rama. L’aspect franchement génial du bouquin est la cohérence de l’univers imaginé par l’auteur. A l’intérieur du cylindre est enfermé un monde mort mais disposant d’une gravité due à la rotation du cylindre.  Imaginez un monde où vous marcheriez à l’intérieur d’un cylindre au lieu de l’extérieur d’une sphère (une planète). Tout est chamboulé et toutes les conséquences de ce changement de références géométriques est abordé avec une rigueur presque mathématique.

Cela dit, j’ai vraiment trainé ce bouquin comme un boulet. Si l’imagination d’Arthur C. Clarke ne peut être remise en question, son style est réellement poussif et son intrigue parait plus artificielle que l’objet qu’il décrit à longueur de page. Il y a plus de chaleur humaine dans un article du Monde sur les quotas de pêche que dans tout ce livre.  Si on connait précisément les dimensions de Rama, les personnages n’ont même pas l’épaisseur d’une feuille de cigarette.

En ce qui concerne le style, voici un court extrait qui m’a laissé perplexe. Il s’agit d’un paragraphe et il ne fait pas plus sens dans le contexte global du récit. C’est pour moi grammaticalement incompréhensible (j’ai conservé les italiques). Je mets quiconque au défi de m’expliquer la partie soulignée (p. 246):

Il ne restait qu’une seule solution. Chaque atome, jusqu’au dernier, de l’Endeavour, devait être sous l’emrpise d’une quelconque force, et seul un très puissant champ gravitationnel pouvait produire un tel effet. Du moins, aucun autre champ connu

Rama bousculera votre imagination en vous ennuyant. Un exploit paradoxal.

26 octobre 2009 at 22:45 1 commentaire

La souris bleue – Kate Atkinson


Une belle surprise. Je m’attendais à un roman assez contemplatif. Un peu larmoyant pour tout dire. Je n’arrive plus à me rappeler d’où me venait cet a priori mais ce qui est certain, c’est que je n’ai acheté La souris bleue que sur la recommandation du système de suggestion d’Amazon. Il y a quelque chose de vaguement inquiétant dans le fait d’apprécier un livre qui vous a été recommandé par un robot.

Bref.

Le roman traite de plusieurs disparitions dont certaines remontent à plusieurs dizaines d’années sur lesquelles un détective privé (évidement) désabusé amateur de musique country chargé d’enquêter. Sur une trame narrative de forme fort classique, Kate Atkinson construit un roman qui n’a absolument rien d’un polar. Elle suit une ligne du temps complètement désarticulée qui gagne en chaos au fur et à mesure que l’intrigue se développe. Avec sensibilité, l’auteure prend soin de s’éclipser derrière ses personnages qui se révèlent légèrement azimutés mais attachants. Le mélange des genres permet une fluidité au récit qui aurait été difficile à créer sur des thèmes aussi difficiles que la disparition, le deuil, l’amour familial et la difficulté de voir ses enfants grandir.

Le style d’Atkinson est très clair et, si les ellipses dont elle use sont parfois déstabilisantes, elles rendent plus nerveux le rythme du roman. Le fait d’utiliser comme personnage pivot de son roman un détective privé dont les enquêtes se révèlent secondaires chahute agréablement les repères du lecteur. Le regard aiguisé qu’elle porte sur notre société navigue entre l’incompréhension et une légère mélancolie.

Je n’avais jamais entendu parler d’Atkinson auparavant mais je compte bien creuser le reste de son œuvre pour garnir ma bibliothèque.

13 octobre 2009 at 08:49 1 commentaire

La maison du bout du monde – Michael Cunningham


C’est drôle comme un livre peut vous enchanter; son style vous émerveiller; son histoire vous surprendre. Lorsque j’ai la chance de tomber sur une pépite ou juste un très bon roman, je suis impatient de partager ma découverte avec mes lecteurs. Lorsque j’ai détesté, je me défoule en espérant que ma hargne en détournera l’un ou l’autre qui  mettra à profit le temps gagné pour lire un textes plus excitant.

Pas celui-ci. Une ombre est passée au dessus de mon enthousiasme.  Il paraît que La maison du bout du monde a fait un tabac dans tous les pays où il fût traduit. Tant mieux pour l’auteur. Je suis sincèrement heureux pour lui. On sent qu’il le mérite. On éprouve le labeur qu’il a mis dans son ouvrage. Michael Cunningham est probablement un type qui était premier de classe. Un gars qui bossait bien tard pour remettre la copie la plus aboutie. Un bosseur. Pas un génie.

Tout est très bien dans ce livre. C’est très bien écrit. Il y a une belle réflexion sur la nostalgie et la difficulté de communiquer dans une famille. Un beau point de vue aussi sur le fait que quelque soit son mode de vie, on aspire à une certaine forme de banalité. C’est aussi un livre sans relief, sans âme véritable. Sans étincelle.

C’est un roman choral où chaque chapitre est écrit du point de vue subjectif de l’un ou l’autre des personnages principaux de l’intrigue. Il y a la mère de famille névrosée, délaissée et froide. Il y a son fils, ténébreux et légèrement misanthrope. Il y a son ami, qui comme lui, est issu d’une ambiance familiale glauque et pesante. Au fur et à mesure, des trips musicaux et de drogues, au fil des expériences sexuelles qui dépassent le touche-pipi (les gamins se sont connus à 11 ans), des liens ambigus se tissent et se défont lorsque l’un deux part vivre à New York.

J’arrête ici la litanie des étapes qui mènent les deux amis de déboires sexuels, familiaux et sociaux à une aspiration de vie rangée. C’est comme si l’auteur pensait pouvoir combler son manque d’inspiration par la marginalité mal acceptée de ses personnages. Je me suis surpris à plusieurs reprises à revenir lire le titre du chapitre qui annonçait le nom du personnage qui s’exprimerait dans le passage qui suivait. Pour être sûr de bien suivre. J’en avais besoin car le ton, les expressions, la verve et les réflexions étaient étrangement monotone. Que ce soit la mère délaissée, le jeune homo bobo, la femme excentrique qui se voit vieillir, … tous s’expriment et pensent de la même manière. C’est lassant. Bien écrit mais lassant.

Il m’a fallu une bonne semaine pour venir à bout de ce bouquin. Il n’était pas mauvais mais la chimie n’a jamais pris. Il m’a juste paru terne et laborieux.

2 octobre 2009 at 22:03 3 commentaires

L’immeuble Yacoubian – Alaa El Aswany


L’immeuble Yacoubian fut contruit à l’époque où Le Caire était quasiment une ville occidentale avec ses communautés diverses qui se cotoyaient. Jusqu’à la fin des années soixante, Le Caire était une ville à la pointe de la modernité où on pouvait écouter du Jazz en buvant un Whisky attablé avec une femme vêtue à l’européenne. En se servant de l’immeuble comme d’un fil rouge, El Aswany dresse un portrait impressioniste de l’Egypte des années 90 en retraçant le contexte historique depuis cette époque. Il est impossible de comprendre le neo radicalisme religieux sans appréhender les diverses étapes qui ont conduit la jeunesse cairote à se confronter à un avenir qui a revetu les  atours d’une impasse.

La force de ce roman est le ton résolu et sans concession avec lequel il aborde différents aspects d’une ville qui a un pied dans le modernisme mais dont la société patine faute d’état fort et impartial. Car, selon El Aswany, le fond du problème égyptien est la corruption qui gangrène l’état. Le commerce dépend de la corruption, l’état est pauvre, les fonctionnaires mal payés exigent des pots de vin pour effectuer leur travail. Une économie moribonde mène la jeunesse à faire le choix de la débrouille ou à se tourner vers un islamisme radical qui se pose en rempart contre la déchéance. L’absence de démocratie force la classe à réprimer toute protestation pour ne pas perdre les revenus plantureux de leurs indulgences.

Résumer L’immeuble Yacoubian à un portrait d’une société malade ne lui rendrait pas justice. C’est d’abord un roman passionnant avec des personnages forts et attachants. La constellation de leurs différences et de leurs difficultés donne de la profondeur au propos plus politique de l’auteur.

Intéressant de lire deux bouquins aussi différents que Terroriste d’Updike et celui-ci qui traitent pour une bonne part des mêmes thèmes. Je l’ai reçu en cadeau avec un abonnement et le titre me disait vaguement quelque chose mais sans plus (j’ai appris qu’un film avait été tourné d’après le livre). C’est donc complètement par hasard que j’ai pu faire un parallèle entre les deux. Aucun des deux ne repose complètement sur la montée du sentiment religieux des Musulmans mais tous les deux illustrent les dérives d’une société vacillant sur ses valeurs et confrontée à une instrumentalisation de la foi à des fins politiques.

1 septembre 2009 at 08:57 Laisser un commentaire

Pertes et fracas – Jonathan Tropper


Tropper m’a mis les larmes aux yeux avec son Livre de Joe. Tropper est un surdoué de l’écriture et, comme beaucoup de surdoués, c’est aussi un paresseux. Pertes et fracas est le troisième livre que je lis de lui et je ne cache pas une certaine lassitude envers ses personnages interchangeables partageant les mêmes failles et le même sens de la répartie.

Dans le Livre de Joe, un écrivain à succès revenait dans son bled d’origine pour faire face à son passé et apaiser ses relations avec son père mourant et l’amertume de son frère. Dans son second roman (Tout peut arriver), un jeune Yuppie se démenait avec un père fantasque et un frère simple d’esprit. Dans Pertes et fracas, un jeune chroniqueur à succès (je vais finir par croire que tout le monde est jeune et riche à NY) fait face à son veuvage, à un beau fils qui pourrait être son frère, une soeur jumelle en pleine crise de couple et un père qui perd la boule.

On a tous ses obsessions mais je trouve plus que dommage de gâcher un tel talent à ressasser perpétuellement la même histoire. Car Tropper à un talent fou. On lit ses 400 pages en un clin d’oeil mais sans ressentir autre chose qu’un vague sourire qui vient flotter par moment sur nos lèvres lorsque le narrateur lâche une observation particulièrement bien ciselée.

J’ai l’impression que Tropper est victime d’une sorte de Syndrôme Nick Hornby. Hornby avait écrit un magnifique Haute Fidélité (jetez-vous sur ce livre si vous avez la chance de ne pas encore l’avoir lu) mais, au fil de ses romans, la qualité se dégrade quasi continuellement et chaque opus est plus ennuyeux que le précédent.

Dommage.

25 août 2009 at 18:37 8 commentaires

La chambre des curiosités – Douglas Preston et Lincoln Child


Elémentaire mon cher Pendergast

Elémentaire mon cher Pendergast

J’étais au soleil (soupir … je déteste utiliser l’imparfait avec les mots ‘soleil’ ou ‘vacances’) et j’avais envie d’un titre distrayant. Cela fait des mois qu’Amazon essayait de me fourguer ce bouquin dans ses recommandations et que je résistais vaillament. J’étais d’autant plus rétif que j’ai lu voici quelques mois Le codex de Douglas Prestion (sans Child) qui ne m’a pas laissé un souvenir impérissable. Bref, malgré tout, je me suis malgré tout laissé tenter et je ne le regrette pas.

Preston et Child ont créé un personnage fantasque et légèrement inquiètant: l’enquêteur Pendergast attaché au FBI. Il est immensément riche, il est immenséement cultivé, il est immensément intelligent, il est immensément anachronique. Difficile de penser que les auteurs ne se sont pas inspiré de Sherlock Holmes.

L’histoire elle-même rappelle les romans de la fin du XIXème siècle avec un enquêteur au comportement bizarre flanqué de faire-valoir qui sont sympathiques au lecteur car ils partagent la même ignorance qu’eux. Le lieu même autour duquel tourne toute l’intrigue concourt également à cette ambiance désuète puisqu’il s’agit du Museum d’histoire naturelle de New York. Je ne crois pas que l’adaptation du roman dans le Londres de l’époque victorienne représentait un travail de titan.

Au final, on a un roman très divertissant, bien écrit sans être d’un style éblouissant. Le polar flirte avec le gothique et le fantastique comme au bon vieux temps de ce cher Watson.

22 août 2009 at 17:29 Laisser un commentaire

Pig Island – Mo Hayder


Comme j’ai déjà pu l’écrire, j’ai lu énormément de polar et thrillers  étant plus jeune. Adolescent, je dévorais les  Stephen King, la collection ‘Suspense’ de chez Albin Michel mais aussi les aventures de Maigret et les désuets Agatha Christie. Ce préambule pour écrire que d’après moi, les mécanismes de ces intrigues sont souvent similaires. Il y a deux grand schémas utilisés par les romanciers du genre. C’est plus qu’un ensemble de code à respecter, c’est juste qu’on n’a plus inventé grand-chose depuis Conan Doyle. Soit il s’agit d’un personnage récurrent à la vie privée hors norme (Holmes,  Poirot, Marple, Maigret, Wallander,  Rebus, Blomkvist, …) ou nous avons affaire à un serial killer sadique (genre de loin le plus répandu).

Dans Pig Island, Mo Hayder nous plonge dans une atmosphère que j’avais oubliée. Une troisième piste rarement  suivie par les romanciers modernes. Malgré le ton résolument actuel, le ton et l’intrigue me font résolument penser à Edgar Poe. On est dans une horreur suggérée et implacable. Les coups de théâtre se succèdent sans brusquer le lecteur. On ne comprend pas trop les obsessions du héros. L’histoire s’articule autour d’une île battue par les vents, ancienne décharge de produits toxique, hantée par des cochons et  dont la population se résume à une secte qui réprouve la médecine. Le héros est un journaliste qui traque les arnaques des mystères tels que les vierges qui pleurent ou les yétis du Tibet. Il boit trop, son couple bat de l’aile. On pense qu’on se dirige tout droit vers un de ces personnages récurrents que j’ai cité plus haut. Mo Hayder transcende les codes avec un style fluide et direct pour distiller une tension permanente. S’il ne s’agit pas d’un bouquin qui va modifier votre point de vue sur les problèmes du monde, il vous fera passer un excellent moment.

19 août 2009 at 17:10 Laisser un commentaire

Les visages du mal – Ruth Newman


Les visages du mal

Les visages du mal

L’intrigue est fort convenue. Une série de meurtre atroces sont perpétrés au sein de la communauté estudiantine de Cambridge. Un policier et un psychiâtre mènent l’enquête. Le roman policier dans sa déclinaison ‘thriller’ est devenu un genre aux codes tellement rigides qu’être surpris devient une surprise. J’ai l’impression que la seule chose qui aie évolué  dans ce genre depuis une vingtaine d’année est le degré d’atrocité des meurtres. Je ne sais pas si c’est parce que je suis blasé mais j’ai vraiment l’impression d’avoir déjà lu ce genre d’histoire à plusieurs reprises. Je pense même que l’auteure a lu une bonne partie des mêmes thrillers que moi.  C’est sans doute pourquoi j’ai trouvé que même s’ils étaient bien amenés, les nombreux coups de théâtre étaient très prévisibles. C’est comme de suivre une autoroute que vous n’avez jamais empruntée: vous êtes rarement surpris par le paysage.

J’ai eu un problème en débutant la lecture du livre. Les personnages ne sont pas faciles à distinguer les uns des autres et Ruth Newman abuse du procédé de flash back uniquement induits par l’utilisation d’une typographie différente en fonction de l’époque décrite. J’avoue que je n’ai pas saisi tout de suite la nuance entre les deux typographies et que cela n’a pas rendu plus facile l’immersion dans l’intrigue. Une dernière chose m’a singulièrement gêné au-delà de la pauvreté du style: Newman plante souvent ses décors et ses personnages par le biais de dialogues entre les protagonistes. Elle emprunte ce procédé au dramaturge qui ne peut que se reposer sur les dialogues et, éventuellement, sur le décors scénique pour contextualiser son intrigue. Dans un roman, non seulement cela passe mal mais cela donne des échanges qui paraissent artificiels et désincarnés. Personne ne parlerait de la sorte à un collègue ou un ami.

Cela dit, malgré tout ce que j’ai pu écrire, on est loin d’un livre éxécrable. Ca se laisse lire et le mystère ravira les amateurs du genre. C’est juste un peu trop convenu et d’un style trop plat à mon goût. A ceux qui recherchent une intrigue moins convenue dans le même style, je recommanderais plus volontiers Shutter Island.

J’ai reçu ce livre grâce à l’initiative Masse Critique qui offre un livre aux bloggueurs avec comme seule contrepartie d’en publier une critique dans les semaines qui suivent sa réception. Tout le monde y trouve ainsi son compte. L’éditeur qui reçoit un écho suir le web à bon compte. Votre serviteur qui lit un livre à l’oeil et Babelio (l’initiateur de Masse Critique) peut se frotter les mains de l’audience générée auprès de son public cible.

21 juillet 2009 at 10:16 Laisser un commentaire

Les tribulations d’une caissière – Anna Sam


Voici quelques années, j’avais lu dans un magazine un article sur cette caissière qui du haut de son bac+5 portait un regard décalé sur son métier. Je m’étais dit que l’angle  était vraiment intéressant. Je le pense toujours bien que je sais maintenant qu’un bon sujet ne suffit pas à faire un bon livre.

Il ne s’agit d’ailleurs pas d’un livre à proprement parler mais d’un blog imprimé. La nuance pèse lourd dès les premières pages. Il n’y a pas de fil conducteur, le ton est direct et le propos ne s’appuie sur aucune trame solide. Anna Sam enfile  des tranches de vie et des coups de gueule mais elle n’écrit pas de livre. Bien qu’elle ne cesse de mettre en exergue la licence en littérature, son style est d’une pauvreté agaçante. Mais  là ne réside pas la vraie faiblesse du bouquin. En effet, si ses expériences vécues dérrière une caisse peuvent parfois toucher, le ton reste désincarné. Elle passe très vite sur les raisons qui l’ont poussé à prendre ce job et surtout à le garder huit ans alors qu’elle se plaint  à longueur de pages de la frustration de n’être qu’une caissière. Le complexe d’infériorité qui se dégage n’a d’égal que la vague mysanthropie qu’elle éprouve envers ses clients ou ses supérieurs hiérarchiques. Elle déverse ses flots d’amertume sur tout le monde excepté ses collègues. On ne comprend pas qu’elle garde un job aussi pourri aussi longtemps avec un si beau diplôme. On le comprend d’autant moins qu’elle ne parle à aucun moment des caissières si ce n’est pour dire que c’est un métier difficile et que tout le monde les déteste. Surtout elle. Selon elle, passer du statut de caissière à celui d’auteure est comme passer du stade de la chrysalide à celui de beau papillon. Un conte de fée. Une dissonance entre le propos du livre et sa conclusion qui le rend d’autant plus supportable. Cette Anna Sam est un des rare auteurs avec qui je n’aimerait pas discuter plus avant de son oeuvre. Après avoir lu son bouquin, j’ai l’image d’une femme aigrie et mal dans sa peau qui fait passer tous les clients pour des goujats, des bêtes ou des abrutis. Si on la suit, seule Anna Sam est à sauver lors du prochain déluge.

12 juillet 2009 at 16:07 3 commentaires

Le quatrième Cavalier – Bernard Cornwell


Il s’agit du deuxième tome de la saga d’Uthred le Saxon qui fût élevé par les Danes. Vers la fin du IXème siècle, les Viking déferlent depuis le Danemark sur l’Anglie qu’on n’appelle pas encore l’Angleterre. L’Anglie est constituée d’une myriade de petits royaumes que tente d’unifier le dévôt roi Alfred du Wessex.

J’avais beaucoup apprécié le premier tome que j’avais lu voici quelques années. La période historique qui suit la chute de l’empire Romain et qui précède le moyen âge est bizzarement peu exploitée par les romanciers. Le faible taux d’alphabétisation et les luttes d’influences religieuses expliquent probablement que peu de documents nous soient parvenus mais il n’en reste pas moins que la période est très fertile en intrigues pour un auteur imaginatif.

Malheureusement, j’ai trainé ce bouquin comme un fardeau qu’on se résigne à porter malgré les courbatures et les jambes flageolantes. C’est uniquement porté par le souvenir du premier opus que je suis parvenu au bout de celui-ci. Peut-être que je vieillis. On est loin des considérations politiques ou historiques bien qu’on suive le roi Alfred tout au long de l’épisode. Il semble que l’Histoire n’est faites que de batailles, de viols et de bains de sang dans une ambiance de religiosité superstitieuse. Cornwell se permet même des épisodes magiques qui auraient leur place dans un contexte de fantasy mais qui sont franchement malvenus dans un récit qui se veut historique. Au secours!

Une déception. Toutefois, j’appécierais qu’un lecteur de ce billet me recommande quelques titres qui traitent de cette période historique. L’Europe actuelle s’est bâtie pour une bonne part à cette époque et je réalise à quel point les manuels scolaires l’ont passé sous silence.

8 juillet 2009 at 10:58 Laisser un commentaire

Hortense et Queenie – Andrea Levy


En Jamaïque, dans les années 30, Hortense est une métisse qui ne doit sa bonne éducation qu’à la culpabilité de la famille de son père, un Anglais notable de la colonie. Sa prestance n’a d’égale que sa suffisance.Gilbert est un noir Jamaïcain qui s’engage pour défendre la Mère Patrie. Il se rendra vite compte que l’Angleterre qu’il croyait si bien connaître a bien du mal à reconnaître ses fils de couleur. Queenie est la fille d’une petite famille bourgeoise de la campagne anglaise sans beaucoup d’éducation mais avec beaucoup de personnalité. Bernard est un anglais petit employé de banque qui prend soin de son père rendu fou par la première guerre mondiale.

Cela vous est sûrement déjà arrivé. On vous recommande un bon petit resto. Un truc vraiment sympa. Un troquet dont tous vos amis parlent avec ravissement. Lorsque vous vous y rendez, le décors est sympa, l’accueil est chaleureux. Lorsqu’on vous sert, le plat semble délicieux. Mais rien ne va. Vous ne vous sentez pas à votre place, le plat est trop épicé, ou pas assez, ou c’est vous qui n’êtes pas dans l’humeur. Le repas se traîne et vous ne pensez qu’à payer l’addition, sourire au chef et vous tirer de là. Ce n’était pas le bon jour. Vous auriez mieux fait de manger votre reste de pâtes à la maison.

C’est à ce genre de mésaventure que je pense en terminant  les aventures d’Hortense et Queenie. Il est vraiment très bien. Je n’hésiterais pas à le recommander  mais …  il y a un je-ne-sais-quoi qui m’a fait traîner ce roman pendant près de deux semaines. Je suis incapable de mettre le doigt dessus. C’est peut-être une simple question d’état d’esprit.

L’auteur croise habilement les intrigues entre les différents protagonistes et entre les différentes périodes historiques. On saute régulièrement le la réalité qui précède la deuxième guerre mondiale au monde qu’elle a laissé en se terminant. Le style est facile et sans sophistication excessive.

Au final, j’ai un sentiment d’inachevé. Peut-être est-ce la densité du roman. La richesse des personnages méritait probablement un livre pour chacun d’entre eux. Il y a tant de sujets développés que certains ne sont pas assez aboutis à mon goût. Je réalise en écrivant ce billet que je me sens incapable de résumer le livre en quelques mots. Incapable de dire de quoi il parle vraiment.

28 juin 2009 at 18:19 1 commentaire

L’assassin royal, tome 6: la reine solitaire – Robin Hobb


Le moins bon et le plus magique épisode de la saga de Fitz

Le moins bon et le plus magique épisode de la saga de Fitz

C’est avec une nostalgie téintée d’amertume que j’ai refermé l’ultime tome du premir cycle de l’assassin royal. Autant je m’étais passionné pour les premiers volumes autant j’ai trouvé indigestes les multiples emprunts à la magie. Jusqu’alors, FitzChevalerie nous avait habitué à évoluer dans un monde féodal où régnait diverses formes de Magies qui étaient d’ordre plutôt exceptionnel. Une forme de don dont seuls quelques uns était dotés et dont les contours étaient mal définis. Certaines formes de Magie étaient d’ailleurs fort mal considérées par la population qui y voyait une forme de damnation (tel le Vif qui permet de communiquer avec des animaux). Bref, la Magie était un adjuvent nécessaire au développement de l’intrigue mais qui n’empêchait pas les protagosnistes à devoir affronter des situations très réelles.

Dès lors, j’ai vraiment eu beaucoup de difficultés à surmonter les cent dernières pages de la quête de Fitz et de Vérité qui, par moment, ressemblaient à un mavais épisode de DragonBall. Je lirai la suite de la saga en espérant que Hobb a évité de sombrer dans ces travers faciles dasn les prochains tomes.

1 juin 2009 at 10:00 1 commentaire

La transaction – John Grisham


Cest Grisham ... euh ... son livre.

C'est Grisham ... euh ... son livre.

Moui. Je ne sais pas trop en fait. D’un côté je l’ai lu d’une traite. De l’autre, je ne suis pas sûr de m’en souvenir la semaine prochaine. On le lit avec une distraction paresseuse.

C’est Grisham.

Les millions s’échangent comme des figurines Panini dans les cours de récréation. Les heures de labeur supplémentaires s’égrènent avec la même facilité que dans un discours de Sarkozy. Des avocats s’affrontent dans les arcanes du système judiciaire américain que l’auteur dénonce comme s’en amuse.

C’est Grisham.

C’est un gros paresseux. Il a une très belle plume bien au-dessus de la moyenne des auteurs de best-sellers mais il s’adonne le plus souvent  à l’écriture automatique et laisse ses tics d’écritures s’exprimer pour lui. La plupart de ses intrigues sont interchangeables. Pourtant, si vous désirez juger de son talent, lisez plutôt La dernière récolte qui est un témoignage poignant de la vie des agriculteurs du Midwest des années 50.

C’est Grisham.

C’est caricaturalement américain. Le culte de l’argent est à la fois décrié et encensé. Il se gausse des nouveaux riches comme ses self made men fascinent.  On a souvent l’impression que Grisham n’a aucune culture du monde qui l’entoure. Le monde compte 50 états.

C’est Grisham.

J’aime bien mais je ne sais vraiment pas pourquoi.

24 Mai 2009 at 10:30 Laisser un commentaire

Antéchrista – Amélie Nothomb


Un bouquin dont on peut se dispenser

Un bouquin dont on peut se dispenser

On reproche souvent à Amélie Nothomb d’écrire des romans trop courts. A la lecture d’Antéchrista, je ne vois pas comment une idée aussi légère aurait pu soutenir un texte plus lourd. Le roman parle de la soumission d’une jeune fille à une autre qui telle une jeune incarnation de Janus adopte un comportement revêche ou adorable selon qu’elle s’adresse à sa victime ou à ses proches.

Le thème de la submersion dans la domination semble relever de la prédilection pour Amélie Nothomb. Elle l’avait abordé sous une forme plus positive dans les deux seuls autres romans que j’ai lu/vu (Stupeurs et tremblements et Les catilinaires). Je dois dire que je ne vois pas trop ce que celui-ci apporte de plus.

Le style délié de l’auteure est rythmé par des dialogues brillants mais artificiels. A aucun moment, je ne me suis enti proche des personnages. On dirait une pièce de théâtre mal jouée.

Le meilleur atout du bouquin est la vitesse à laquelle on le lit. Un moyen de passer une soirée ou un après-midi pluvieux.

Dispensable.

14 Mai 2009 at 10:37 Laisser un commentaire

Au sud de la frontière, à l’ouest du soleil – Haruki Murakami


Indispensable à votre bibliothèque

Indispensable à votre bibliothèque

Quel beau livre! Je me retrouve un peu idiot à poser un commentaire forcément insignifiant par rapport à l’écriture de Murakami.

C’est le genre de bouquin qui me fait plaindre les gens qui ont décrété qu’ils n’aimaient pas lire ou qu’il n’en avaient jamais le temps. Comment peut-on se priver d’une telle gourmandise? Deux cents pages de pur bonheur.

Voilà un roman où il ne se passe quasiment rien. L’intrigue se résume à un trentenaire qui retrouve une amie d’enfance dont il était amoureux. Pas forcément un sujet fascinant. Je ne pense pas que je l’aurais lu si une amie ne me l’avait offert. Et pourtant, l’écriture pleine de simplicité de Murakami transcende l’intrigue et nous laisse groggy à chaque fin de chapitre.

Je ne connais rien au Jazz et Murakami donne plusieurs clefs pour souligner le parallélisme de son texte avec un air de Jazz. Bien que je ne connaisse rien à ce style musical, j’ai très vite senti un rythme particulier qui me rappelait un vieil air de blues. L’auteur joue des phrase comme un vieux bluesman de sa guitare. Un style à la fois syncopé et mélancolique qui emporte le lecteur dans un tourbillon de sentiments.

C’est également un roman très masculin. Au sens où les doutes, les peurs et les envies du narrateurs sonnent toujours juste. Pour une fois l’homme n’est pas décrit comme une héros (machoire carrée, larges épaule, sûr de lui, …) ou un lâche (épaules tombantes, regard fuyant, chétif, …) mais comme un être humain avec ses forces et ses faiblesses.

Un dernier point plus anecdotique m’a frappé. L’intrigue se déroule au Japon et le texte est écrit par un Japonais mais l’ensemble parait tellement universel qu’à quelques détails près, cela pourrait se passer à Bruxelles ou à Lyon. On est très loin des stéréotypes asiatiques.

Magnifique.

Que ceux qui n’ont pas encore lu ce livre nous quittent pour venir nous en parler après l’avoir lu. Pour les autres, j’aimerais connaître votre sentiment sur la réalité de l’existence de Shimamoto-San. Est-elle la maîtresse retrouvée ou est-elle l’incarnation des regrets et des remords de Hajime? Je n’arrive pas à me décider.

13 Mai 2009 at 10:04 6 commentaires

Le codex – Douglas Preston


Le Codex. A prendre au premier degré.

Le Codex. A prendre au premier degré.

Anachronique. Le mot qui me vient à l’esprit en refermant ce bouquin. Ce n’est pas forcément péjoratif. C’est une impression. Un arrière-goût. Une amertume. C’est la première fois que le lis une oeuvre de Douglas Preston à la prodution pourtant prolifique. Je ne savais pas trop à quoi m’attendre. J’avais ce bouquin depuis plus de six mois sans avoir pu dépasser le premier chapitre. Probablement une question d’état d’esprit. Ce n’est pas mal écrit bien que  le style soit assez plat.

Bref.

L’auteur enfile les poncifs comme 3 suisses enfile les verroteries pour ses cadeaux à ses fidèles clients. Tout y passe. Trois fils fort différents découvrent que leur père (un milliardaire excentrique) atteint du cancer a disparu en emportant toutes les oeuvres d’art qu’il avait accumulées au cours de sa vie de pilleur de tombe. Ils partent séparément à sa recherche pour le magot. Ils doivent affronter un méchant détective privé sadique, des tribus mayas, la forêt amazonienne, une multinationale sans coeur, des indigènes qui parlent petit nègre et qui ne rêvent que de rejoindre les Etats-Unis (l’auteur na pas du beaucoup voyager). Une vraie litanie de stéréotypes. On se croirait parfois dans Tintin au Congo.

En toute sincèrité, au bout d’une centaine de page, je pensais que l’auteur me réservais un coup de théâtre du style le milliardaire a mis tout cela en scène en payant des acteurs pour confondre ses fils dans un intrigue retorse afin de leur donner une leçon de vie. Mais non. Tout est à prendre au premier degré.

Je sais que je peux paraître assez sévère au travers de ces lignes. Mais j’ai lu quasiment d’une traite ces 400 pages. C’est loin d’être mauvais. C’est juste d’une tonalité assez … anachronique.

10 Mai 2009 at 11:01 1 commentaire

Shutter Island – Dennis Lehane


Un livre qui dépasse la notion de suspense

Un livre qui dépasse la notion de suspense

Encore une bonne surprise. Ayant lu des tonnes de thrillers étant plus jeune, j’ai souvent eu l’impression d’avoir fait le tour du genre. L’impression que tout a été écrit et que les seules surprises subsistantes résultent d’une tricherie de l’auteur telles qu’un deus ex machina ou une incohérence dans son récit. Tout ceci pour dire que je ne lit plus que très rarement des suspenses comme on mange une sucrerie en sachant que c’est mauvais pour la ligne et d’une saveur industrielle. Un Harlan Coben et ça repart. Un Grisham par jour, en forme toujours.

Bref.

L’intrigue commence par une mise en place que n’aurait pas reniée Agatha Christie. Deux marshall (officiers de justice fédérale américains) débarquent d’un ferry sur une île au large de Boston au milieu des années 50. Cette île désolée n’est occupée que par un asile psychiatrique remplie des patients les plus dangereux des états-unis et de la communauté médicale. Une patiente s’est échappée et les marshalls sont chargés de la retrouver. Une île, une tempête, un enqueteur et son fidèle comparse, le mystère d’une disparition en chambre close… Tous les ingrédients d’une resucée des romans policiers anglais du début du 20ème siècle sont réunis. Assez rapidement, on a l’impression qu’Agatha Christie a pris de l’acide car la situation devient de plus en plus chaotique.

Le style très fluide et très riche de Dennis Lehane rende la lecture de Shutter Island passionnante. On dépasse le simple roman policier pour toucher  à l’espionnage, au thriller pour finir dans un schéma très contemporain lors d’un coup de théâtre bien ficelé.

Un livre dont il serait dommage de se priver. Vous naurez jamais aussi bien profité de huit euros.

2 Mai 2009 at 14:24 1 commentaire

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