Posts tagged ‘thriller’

L’engrenage – John Grisham


Je ne vais pas m’étendre sur l’intrigue du roman (plus faible que d’habitude) ou sur l’écriture de Grisham. Je lis un bouquin de Grisham comme je consomme un sandwiche. On sait à quoi s’attendre. Ca coupe la faim mais à quelques exceptions près, ce n’est ni une expérience mémorable ni désagréable. Après avoir le formidable Il faut qu’on parle de Kevin, j’avais besoin de changer complètement d’univers. C’est pourquoi Anansi boys est venu bien à point et c’est aussi la raison pour laquelle j’ai entamé L’engrenage.

Disons juste qu’il est dans la moyenne de l’auteur. Meilleurs que certains, en deça d’autres et fortement inférieur à ses oeuvres les plus atypiques (je vous recommande La dernière récolte).

Malgré l’ombre du roman de Shriver qui planait encore sur les pages du roman, je me suis rendu compte d’une incongruité dont l’évidence m’a surprise. Grisham est un gauchiste. Si. Si. Du moins du point de vue américain. S’il est vrai que des forêts ont été abattues pour qu’il noircisse du papier en narrant le heures de boulot d’avocats se disputant pour empocher les dizaines de millions de dollars d’honoraires, le thème sur lequel repose chaque histoire écrite par Grisham  pourrait être facilement taxé d’anti-américanisme par un républicain bien pensant. Ici, il décrit avec légèreté comment la CIA achète l’élection présidentielle aux USA et tremble devant le scandale d’une homosexulatité révélée pourrait détruire les espoirs des comploteurs. Sa description du système électoral est féroce. Surtout lorsqu’il parle d’argent. Dans ses autres romans, tout en gardant le ton du thriller, il fustige la peine de mort, la presse, le peu de considération pour les indigents, la politique, le consumérisme lié à la période de Noël, la cupidité des avocats, le système judiciaire, les lobbyistes de l’industrie du tabac,…

Les seuls thèmes un peu positifs sont toujours teintés de mélancolie avec un regard appuyé vers une vie simple et dépouillée. Vraiment étrange pour une des plumes les plus lues au monde et singulièrement aux USA.

8 janvier 2010 at 14:59 Laisser un commentaire

Il faut qu’on parle de Kevin – Lionel Shriver


Ne vous fiez pas à la tristesse de la couverture

A l’entame de ce billet, je me rend compte que je manque de vocabulaire pour qualifier ce bouquin. Excellent? Pas seulement. Dur? Difficile? Dérangeant? Palpitant? Je pense que mon choix va se porter sur l’ambivalent « terrible ».

On connait d’emblée la fin de l’histoire. Eva écrit à son mari dont elle est séparée pour lui faire part de ses état d’âme depuis que leur fils de 16 ans a tué 10 de ses condisciples à l’école. Le choix de la correspondance à sens unique (seule Eva y participe) développe une dimension excessivement intime à ses propos.  cela accentue l’horreur de ses révélations mais cela permet également de briser nombre de tabous en décrivant le désarroi d’une mère confrontée à un enfant qu’elle pressent foncièrement malfaisant dès sa naissance. On ne peut réduire ce livre à une complainte d’une maman terrifiée par sa progéniture ni au cheminement d’un gamin mauvais. Shriver décrit par ailleurs fort bien une société américaine en décalage avec le reste du monde. Un pays en perte de repères dont sa jeunesse peine à briser le rideau de superficialité pour donner un sens à  son avenir.

Je dois dire que, bien qu’emballé par l’écriture de Shriver dès les premières lignes, j’éprouvais un malaise presque physique à lire les lettre d’Eva. Principalement dans la première partie du bouquin où je n’avais pas encore pris toute la mesure du drame vécu par les parents de Kevin. Chaque lettre d’Eva était une épreuve que j’avais peur d’entamer mais dont je ne pouvais me soustraire. Les malheurs d’Eva me revenaient sans cesse dans mon quotidien. On ne peut s’empêcher de s’identifier à elle et de se demander ce qu’on aurait fait à sa place. Dans ma jeunesse, je dévorais les livres de Stephen King, Peter Straub ou Dean Koontz. J’en aimais le style délié et leur approche du mal que je jugeais moins caricaturale que les « mauvais » qui hantaient les films d’action de l’époque (ça doit encore être le cas). Ici, Shriver donne une vraie dimension littéraire au mal. Kevin est un damné qui ne croit en rien, n’espère rien, ne veut rien. Il incarne le mal. Mais ce n’est pourtant pas de là que provient le malaise. Le pire est dans la solitude de sa mère (dont nous partageons l’intimité) qui est la seule a deviner la profondeur malfaisante de son fils. Ce n’est pas un livre d’horreur, c’est une histoire horrible. C’est superbement écrit (Shriver entre dans mon panthéon personnel) et c’est un roman auquel il est difficile de rester indifférent.

Ne vous laissez pas rebuter par la noirceur de mes propos. « Il faut qu’on parle de Kevin » est un livre essentiel qui donne un éclairage nouveau sur le fait d’être parent, sur la société moderne et sur le déni culturel envers le mal inné.

Voici, pour quelques euros, la preuve qu’un livre est plus qu’un divertissement. Voici le genre de bouquin qui donne un sens à ce blog que j’ai entamé pour partager mes coups de coeurs et mes coups de gueule. Voici une évidence. Une vraie baffe que je recommande à tous ceux qui n’attendent pas famille (ça pourrait plomber l’ambiance ;-))

22 décembre 2009 at 12:08 5 commentaires

La chambre des curiosités – Douglas Preston et Lincoln Child


Elémentaire mon cher Pendergast

Elémentaire mon cher Pendergast

J’étais au soleil (soupir … je déteste utiliser l’imparfait avec les mots ‘soleil’ ou ‘vacances’) et j’avais envie d’un titre distrayant. Cela fait des mois qu’Amazon essayait de me fourguer ce bouquin dans ses recommandations et que je résistais vaillament. J’étais d’autant plus rétif que j’ai lu voici quelques mois Le codex de Douglas Prestion (sans Child) qui ne m’a pas laissé un souvenir impérissable. Bref, malgré tout, je me suis malgré tout laissé tenter et je ne le regrette pas.

Preston et Child ont créé un personnage fantasque et légèrement inquiètant: l’enquêteur Pendergast attaché au FBI. Il est immensément riche, il est immenséement cultivé, il est immensément intelligent, il est immensément anachronique. Difficile de penser que les auteurs ne se sont pas inspiré de Sherlock Holmes.

L’histoire elle-même rappelle les romans de la fin du XIXème siècle avec un enquêteur au comportement bizarre flanqué de faire-valoir qui sont sympathiques au lecteur car ils partagent la même ignorance qu’eux. Le lieu même autour duquel tourne toute l’intrigue concourt également à cette ambiance désuète puisqu’il s’agit du Museum d’histoire naturelle de New York. Je ne crois pas que l’adaptation du roman dans le Londres de l’époque victorienne représentait un travail de titan.

Au final, on a un roman très divertissant, bien écrit sans être d’un style éblouissant. Le polar flirte avec le gothique et le fantastique comme au bon vieux temps de ce cher Watson.

22 août 2009 at 17:29 Laisser un commentaire

Pig Island – Mo Hayder


Comme j’ai déjà pu l’écrire, j’ai lu énormément de polar et thrillers  étant plus jeune. Adolescent, je dévorais les  Stephen King, la collection ‘Suspense’ de chez Albin Michel mais aussi les aventures de Maigret et les désuets Agatha Christie. Ce préambule pour écrire que d’après moi, les mécanismes de ces intrigues sont souvent similaires. Il y a deux grand schémas utilisés par les romanciers du genre. C’est plus qu’un ensemble de code à respecter, c’est juste qu’on n’a plus inventé grand-chose depuis Conan Doyle. Soit il s’agit d’un personnage récurrent à la vie privée hors norme (Holmes,  Poirot, Marple, Maigret, Wallander,  Rebus, Blomkvist, …) ou nous avons affaire à un serial killer sadique (genre de loin le plus répandu).

Dans Pig Island, Mo Hayder nous plonge dans une atmosphère que j’avais oubliée. Une troisième piste rarement  suivie par les romanciers modernes. Malgré le ton résolument actuel, le ton et l’intrigue me font résolument penser à Edgar Poe. On est dans une horreur suggérée et implacable. Les coups de théâtre se succèdent sans brusquer le lecteur. On ne comprend pas trop les obsessions du héros. L’histoire s’articule autour d’une île battue par les vents, ancienne décharge de produits toxique, hantée par des cochons et  dont la population se résume à une secte qui réprouve la médecine. Le héros est un journaliste qui traque les arnaques des mystères tels que les vierges qui pleurent ou les yétis du Tibet. Il boit trop, son couple bat de l’aile. On pense qu’on se dirige tout droit vers un de ces personnages récurrents que j’ai cité plus haut. Mo Hayder transcende les codes avec un style fluide et direct pour distiller une tension permanente. S’il ne s’agit pas d’un bouquin qui va modifier votre point de vue sur les problèmes du monde, il vous fera passer un excellent moment.

19 août 2009 at 17:10 Laisser un commentaire

Terroriste – John Updike


Un grand livre

Un grand livre

J’ai un peu de mal à parler de ce livre comme d’un roman. John Updike a écrit un essai sur le terrorisme en le travestissant d’une intrigue pour lui donner des airs de roman. A l’aide d’une plume vivace et cultivée,  il retrace l’histoire d’un jeune homme qui accepte une mission suicide pour commettre un attentat à New York.

L’auteur contemple l’Amérique à travers les yeux des protagonistes de son intrigue assez légère mais bâtie sur des fondations extrêmement solides. C’est ainsi que le vieux professeur athée d’origine juive porte un regard nostalgique sur le pays de sa jeunesse ou qu’un jeune homme mi-arabe mi-irlandais s’investi dans sa Foi musulmane comme un jardinier place un tuteur pour que sa plante pousse bien droit. Dans une petite ville dont l’avenir est derrière elle et  dans une Amérique dont les valeurs se limitent au consumérisme et à l’argent, peu d’options sont à la portée de sa jeunesse. Le jeune lycéen en quête d’identité en quête de valeurs se retranche dans la Foi.

John Updike brosse un portrait très sombre d’une Amérique qui aurait perdu ses repères. De longues et passionnantes digressions appuient son propos dans un langue magnifique quoique parfois baroque. Hormis dans les dialogues, Updike ne sait pas faire de phrase de moins de 10 lignes (j’exagère à peine) ce qui donne un texte souvent magnifique sans être pédant mais qui rend aussi la lecture difficile. Ne tentez pas de lire ce bouquin lorsque que vous n’êtes pas complètement concentré ou trop fatigué pour regarder un nanar  à la télévision.

Je n’avais jamais rien lu d’Updike le classant inconsciemment d’une manière totalement arbitraire dans  la catégorie des auteurs intellos pontifiants (à côté de BHL). Je ne saurais trop vous recommander ce livre pour le regard qu’il porte sur notre civilisation. Le trait peut parfois être caricatural mais il est absolument lucide sur le fond.

18 août 2009 at 17:08 2 commentaires

Les visages du mal – Ruth Newman


Les visages du mal

Les visages du mal

L’intrigue est fort convenue. Une série de meurtre atroces sont perpétrés au sein de la communauté estudiantine de Cambridge. Un policier et un psychiâtre mènent l’enquête. Le roman policier dans sa déclinaison ‘thriller’ est devenu un genre aux codes tellement rigides qu’être surpris devient une surprise. J’ai l’impression que la seule chose qui aie évolué  dans ce genre depuis une vingtaine d’année est le degré d’atrocité des meurtres. Je ne sais pas si c’est parce que je suis blasé mais j’ai vraiment l’impression d’avoir déjà lu ce genre d’histoire à plusieurs reprises. Je pense même que l’auteure a lu une bonne partie des mêmes thrillers que moi.  C’est sans doute pourquoi j’ai trouvé que même s’ils étaient bien amenés, les nombreux coups de théâtre étaient très prévisibles. C’est comme de suivre une autoroute que vous n’avez jamais empruntée: vous êtes rarement surpris par le paysage.

J’ai eu un problème en débutant la lecture du livre. Les personnages ne sont pas faciles à distinguer les uns des autres et Ruth Newman abuse du procédé de flash back uniquement induits par l’utilisation d’une typographie différente en fonction de l’époque décrite. J’avoue que je n’ai pas saisi tout de suite la nuance entre les deux typographies et que cela n’a pas rendu plus facile l’immersion dans l’intrigue. Une dernière chose m’a singulièrement gêné au-delà de la pauvreté du style: Newman plante souvent ses décors et ses personnages par le biais de dialogues entre les protagonistes. Elle emprunte ce procédé au dramaturge qui ne peut que se reposer sur les dialogues et, éventuellement, sur le décors scénique pour contextualiser son intrigue. Dans un roman, non seulement cela passe mal mais cela donne des échanges qui paraissent artificiels et désincarnés. Personne ne parlerait de la sorte à un collègue ou un ami.

Cela dit, malgré tout ce que j’ai pu écrire, on est loin d’un livre éxécrable. Ca se laisse lire et le mystère ravira les amateurs du genre. C’est juste un peu trop convenu et d’un style trop plat à mon goût. A ceux qui recherchent une intrigue moins convenue dans le même style, je recommanderais plus volontiers Shutter Island.

J’ai reçu ce livre grâce à l’initiative Masse Critique qui offre un livre aux bloggueurs avec comme seule contrepartie d’en publier une critique dans les semaines qui suivent sa réception. Tout le monde y trouve ainsi son compte. L’éditeur qui reçoit un écho suir le web à bon compte. Votre serviteur qui lit un livre à l’oeil et Babelio (l’initiateur de Masse Critique) peut se frotter les mains de l’audience générée auprès de son public cible.

21 juillet 2009 at 10:16 Laisser un commentaire

La transaction – John Grisham


Cest Grisham ... euh ... son livre.

C'est Grisham ... euh ... son livre.

Moui. Je ne sais pas trop en fait. D’un côté je l’ai lu d’une traite. De l’autre, je ne suis pas sûr de m’en souvenir la semaine prochaine. On le lit avec une distraction paresseuse.

C’est Grisham.

Les millions s’échangent comme des figurines Panini dans les cours de récréation. Les heures de labeur supplémentaires s’égrènent avec la même facilité que dans un discours de Sarkozy. Des avocats s’affrontent dans les arcanes du système judiciaire américain que l’auteur dénonce comme s’en amuse.

C’est Grisham.

C’est un gros paresseux. Il a une très belle plume bien au-dessus de la moyenne des auteurs de best-sellers mais il s’adonne le plus souvent  à l’écriture automatique et laisse ses tics d’écritures s’exprimer pour lui. La plupart de ses intrigues sont interchangeables. Pourtant, si vous désirez juger de son talent, lisez plutôt La dernière récolte qui est un témoignage poignant de la vie des agriculteurs du Midwest des années 50.

C’est Grisham.

C’est caricaturalement américain. Le culte de l’argent est à la fois décrié et encensé. Il se gausse des nouveaux riches comme ses self made men fascinent.  On a souvent l’impression que Grisham n’a aucune culture du monde qui l’entoure. Le monde compte 50 états.

C’est Grisham.

J’aime bien mais je ne sais vraiment pas pourquoi.

24 Mai 2009 at 10:30 Laisser un commentaire

Shutter Island – Dennis Lehane


Un livre qui dépasse la notion de suspense

Un livre qui dépasse la notion de suspense

Encore une bonne surprise. Ayant lu des tonnes de thrillers étant plus jeune, j’ai souvent eu l’impression d’avoir fait le tour du genre. L’impression que tout a été écrit et que les seules surprises subsistantes résultent d’une tricherie de l’auteur telles qu’un deus ex machina ou une incohérence dans son récit. Tout ceci pour dire que je ne lit plus que très rarement des suspenses comme on mange une sucrerie en sachant que c’est mauvais pour la ligne et d’une saveur industrielle. Un Harlan Coben et ça repart. Un Grisham par jour, en forme toujours.

Bref.

L’intrigue commence par une mise en place que n’aurait pas reniée Agatha Christie. Deux marshall (officiers de justice fédérale américains) débarquent d’un ferry sur une île au large de Boston au milieu des années 50. Cette île désolée n’est occupée que par un asile psychiatrique remplie des patients les plus dangereux des états-unis et de la communauté médicale. Une patiente s’est échappée et les marshalls sont chargés de la retrouver. Une île, une tempête, un enqueteur et son fidèle comparse, le mystère d’une disparition en chambre close… Tous les ingrédients d’une resucée des romans policiers anglais du début du 20ème siècle sont réunis. Assez rapidement, on a l’impression qu’Agatha Christie a pris de l’acide car la situation devient de plus en plus chaotique.

Le style très fluide et très riche de Dennis Lehane rende la lecture de Shutter Island passionnante. On dépasse le simple roman policier pour toucher  à l’espionnage, au thriller pour finir dans un schéma très contemporain lors d’un coup de théâtre bien ficelé.

Un livre dont il serait dommage de se priver. Vous naurez jamais aussi bien profité de huit euros.

2 Mai 2009 at 14:24 1 commentaire

Millenium – Tome 3 – La reine dans le palais des courants d’air – Stieg Larsson


La reine dans le palais des courants dair
La reine dans le palais des courants d’air

On a déjà tout dit sur ce triptyque. Trois romans à suspense écrit par un journaliste suédois engagé mort quelques jours après avoir remis le dernier manuscrit. Quasiment 1700 pages qu’on dévore sans répit.

D’après moi, le succès tient non seulement au sujet parfaitement maîtrisé mais aussi aux personnages très originaux qui sont tous bien développés. La mort de Stieg Larsson nous prive de Mikael Blomkvist et Lisbeth Salander qui auraient pu encore nous faire vibrer pendant bien d’autres mésaventures. On aime aussi l’exotisme que représente pour nous la Suède et son contexte historique et politique. Cela change des thrillers habituels beaucoup trop souvent situés de l’autre côté de l’Atlantique.

Il y a en fait deux romans. Le premier tome est une histoire qui revisite le thème de la chambre close alors que les deux derniers forment un bloc unique qui s’étend sur plus de 1000 pages et qui dévoile un vaste complot au sommet de l’état en impliquant les services secrets.

Le style est très maîtrisé même si on se lasse de quelques tics d’écritures au bout des trois briques. On sent aussi que l’auteur aurait aimé être Mikael Blomkvist. Le héros partage beaucoup de la biographie de Stieg Larson et la bienveillance qu’il éprouve envers les petits travers et la loyauté qui confine à la psychorigidité de Blomkvist doit avoir un écho personnel pour l’auteur.

Enfin, personnellement, j’ai aimé le fait que Stieg Larsson prenne le temps de se documenter sur les aspects informatiques qui occupent une place importante dans les trois tomes. Pour une fois, le lecteur n’est pas pris pour un idiot et, sans noyer le récit dans des détails assommants, il reste dans le domaine du techniquement  plausible. C’est suffisamment rare pour être souligné. Rien ne m’énerve plus que les fictions qui nous baratinent de termes techniques qui n’ont aucun sens dans le contexte où ils sont exprimés.

Je conseille à tous de se jeter sur ces livres. Pour une fois, le succès est mérité et ne relève pas d’un buzz marketing bien construit mais sur un bouche à oreille flatteur. Cela prouve que les éditeurs auraient tout à gagner à prendre la peine de tenir à l’oeil les succès littéraires des pays qui ne font pas partie de la sphère anglo-saxonne.

29 janvier 2009 at 12:48 Laisser un commentaire

Company man – Joseph Finder


Le décors est très vite planté. Nick est le patron d’un gros équipementier de bureaux installée dans une petite bougade des USA. On se rend vite compte que le roi est nu: son entreprise coule, il a du licencier la moitié de son personnel et il est très mal considéré par la population locale. En effet, lorsqu’il y a une si grosse entreprise dans une si petite communauté, tout le monde y a au moins un proche qui y travaille.
Comme dans tout thriller américain qui se respecte, le héros a subi un grand traumatisme auquel il devra faire face pour connaître la rédemption.

Vous l’aurez compris, on est dans le thriller classique. C’est fort bien écrit mais d’une banalité qui rend le roman fort médiocre. Joseph Finder est décrit comme le Grisham du « Business Thriller ». C’est vrai que le style est comparable mais, là où on a l’impression que Grisham est paresseux (il a écrit de forts bons romans), Finder me paraît plutôt besogneux. Il a trouvé un crénau (suspense au travail), il se documente bien, il écrit, il vend. C’est honorable mais sans conséquence. Il fait partie de ces romans qu’on emporte dans ses valises pour partir en vacances. A ceci près qu’en vacances, on n’a pas forcément envie de lire les soucis que le héros rencontre au boulot.

Une dernière remarque concernant les valeurs qui soulignent en pointillés la trame de l’intrigue. On a un tel concentré de stéréotypes libero-conservateurs que c’en est indigeste de ce côté de l’Atlantique. Un ex-athlète du lycée local qui devient le PDG de la grosse boîte du coin. Le méchant yupie qui complote avec les chinois. La culpabilité. La rédemption. Le pardon. Le bon patron paternaliste,  la banalité de l’arme a feu pour se protéger, …

4 novembre 2008 at 16:23 Laisser un commentaire

La défense Lincoln – Michael Connelly


Je n’ai pas lu ce livre. Je l’ai écouté. Je sais que c’est un pratique peu répandue dans nos contrées mais cela semble très populaire dans le monde anglo-saxon si l’on en juge par l’offre disponible. Depuis quelque temps, je cours pas mal et je n’étais pas satisfait d’écouter de la musique en courant. C’est une activité solitaire où j’ai besoin de pouvoir me concentrer pour faire passer le temps et lire (ou me faire lire) une bonne histoire s’est révélé très agréable et efficace.

L’histoire en elle-même est vraiment très classique. Un avocat plus ou moins véreux doit défendre un riche agent immobilier accusé de viol avec violences. On assiste alors à toutes les intrigues propres au systèmes de justice americains avec la dramaturgie qui en découle.

C’est bien écrit, c’est classique, ça fait passer un bon moment.

9 octobre 2008 at 09:47 Laisser un commentaire

Les ruines – Scott Smith


Etant plus jeune, j’ai lu des dizaines de livres classés dans la catégorie « horreur ». J’ai dévoré des auteurs tels que Stephen King, Dean Koontz, Peter Straub mais jamais je n’ai eu réellement peur. Ces livres me plaisaient pour la tension qu’ils entretenaient mais on était loin des sensations éprouvées lors de la diffusion de massacre à la tronçonneuse (le pire que j’ai jamais vu).

Les ruines suit exactement le schéma traditionnel des films d’horreurs. Tous les codes sont respectés: un groupe de jeunes s’amusent au Mexique, pour un prétexte idiot ils se rendent dans sur un chantier archéologique. Ensuite, ça se corse. L’introduction dure une centaine de pages. A tel point que j’ai failli abandonner lassé que j’étais de lire les tribulations d’une bande d’ados moyens. Je n’avais jamais réalisé que les films d’horreurs sont construits sur le même schéma. L’auteur va plus loin dans sa technique d’émulation des films du genre. Le livre est divisé en longs paragraphes qui, chacuns, prennent le point de vue d’un des personnages. C’est ainsi qu’on peut ressentir la tension s’installer et qu’on peut suivre l’évolution des protagonistes en fonctions de leurs propres caractères.

Le roman est vraiment très bien maitrisé et on ne peut s’empêcher de frissonner au fur et à mesure que l’auteur referme les issues possibles pour ses héros.

A recommander à ceux qui aiment les nuits blanches.

8 octobre 2008 at 10:24 Laisser un commentaire

Juste un regard – Harlan Coben


Harlan Coben à l’instar de Dan Brown fait partie de ces auteurs ayant trouvé une formule magique qui leur permettent d’écrire un livre que vous ne pourrez pas lâcher avant de l’avoir fini. Lire une page revient à effectuer une glissade de plusieurs dizaines de pages sans vous en rendre compte. Malheureusement aussi, comme d’autres auteurs à succés (je pense notamment à Stephen King, Michael Crichton, John Grisham), lorsque vous ouvrez un de ses livres, vous savez d’avance ce que vous lirez. Un Stephen King pour l’horreur, un Grisham pour les procès, etc. A noter toutefois que ces dernières années ces deux derniers auteurs ont à diverses reprises écrit quelques belles surprises. Harlan Coben se spécialise dans le thriller du quotidien. A l’aide d’un style très fluide ponctué de traits d’humour, il instille un épais mystère dans la vie de personnes très ordinaire. Même son héros récurrent qui apparait dans quelques uns de ses romans est très réel: il a des parents, un passé, des doutes, etc.

Dans le cas présent, nous avons une mère de famille dans la banlieue-chic-mais-pas-trop de New-York. D’un jour à l’autre, sa vie et ses certitudes vont s’effondrer. Coben sait vous aider à vous identifier à ses héros en distillant des tas de détails quotidiens qui semblent superflus pris séparément mais qui donnent un contexte global qui nous semble familier.

Deux bémols à ce très bon livre de divertissement. Coben use et abuse de la comparaison. Il est incapable de décrire quoi que ce soit sans utiliser une comparaison plus ou moins drôle. C’est agréable  à lire mais la répétition du procédé le rend un peu lourd.
Enfin, j’ai lu trois Coben jusqu’ici. Et chaque fois, j’ai trouvé la fin décevante. Ce n’est pas qu’elle soit mauvaise mais les attentes sont tellement élevées à la lecture des romans que j’ai toujours été déçu par le dénouement.

22 août 2008 at 12:29 1 commentaire

Le Siècle des chimères, Tome 1 : Les Ogres du Gange – Philippe Cavalier


C’est fort bien écrit. Un peu comme si John LeCarré avait écrit un apocryphe d’Indiana Jones. On retrouve l’ambiance rétro et un peu désuète de la période qui précède la seconde guerre mondiale. L’angle est d’ailleurs inhabituel à plus d’un titre, car le roman se situe dans une Inde qui voit poindre son indépendance dans une période historique que les protagonistes devinent charnière.

Le roman est écrit à la première personne dans un style qui rappelle le romantisme aventurier du début du 20ème siècle. Sanglé dans son éduction stricte et toute britannique, le héros fait preuve à la fois de courage, naïveté et pudibonderie.

Ce livre a énormément de bons côtés. Pourtant, s’il est le premier tome d’une quadrilogie, je ne crois que je lirai la suite. Le rationaliste indécrottable que je suis a beaucoup de mal à s’imprégner de l’ambiance obscurantiste. Si vous aimez les sorciers nazis qui combattent des prêtres Hindous à coups de sorts et d’épingles, foncez acheter les quatres tomes. C’est assez dommage, car, encore une fois, le contexte historique est très bien rendu et fort bien documenté. L’auteur se sert habilement des conséquences politiques des amours du roi Edouard VIII avec Wallis Simpson. Ce dernier point est le plus intéressant de mon point de vue. J’avais vaguement entendu parler de cette histoire d’un roi qui avait abdiqué pour épouser une roturière divorcée et américaine (quelle horreur). Le roman dépeint les tensions politiques (Edouard VIII n’était pas insensible aux thèses nazies) que cette histoire de coeur engendraient dans l’empire britanique sur le déclin.

18 août 2008 at 14:07 1 commentaire

American Psycho – Brett Easton Ellis


American PSycho

American PSycho

Ce livre est vraiment un cas à part. Un bijou. Un diamant au tranchant dangereux. Une merveille pleine d’horreurs.

Il est très malaisé de relater l’intrigue sans dévoiler le mécanisme qui fait vraiment le sel du roman. Disons qu’il a le New york des années 80 pour cadre. Le personnage principal est un archétype du yuppie. Il est superficiel, riche, terrorisé.

American Psycho était un livre de commande: un éditeur a demandé à Brett Easton Ellis d’écrire un roman sur un serial Killer (sans doute pour surfer sur la vague Hannibal Lecter des années 90). Lorsque l’éditeur a lu le script, il a renoncé à l’avance versée à l’auteur car il n’osait pas publier un livre recelant des scènes aussi atroces. Ce livre a bien failli ne jamais être publié.

Je n’ai pas envie de parler des meutres tous plus horribles les uns que les autres pour la simple raison qu’il est difficile de départager le fantasme de la réalité. Les procédés stylistiques utilisés par l’auteur servent véritablement l’histoire et son propos. Le style devient de plus en plus chaotique et incohérent au fur et à mesure que l’intrigue se développe.

Les chapitres sont entrecoupés de critiques de groupes phares des années 80 qui ne feraient pas tache dans les Incrokuptibles. Ce qui s’avère déroutant la première fois que vous le lisez (mais qu’est-ce que ça vient faire ici ??) amplifie davantage le sentiment d’irréalité et rend la violence du récit plus horrible et improbable à la fois. A noter que la traduction est absolument remarquable: un texte qui repose autant sur les figures stylistiques doit représenter un défi de taille pour un traducteur.

Comme souvent lorsqu’un livre a du succès, il a été adapté pour en faire un film. Je le mentionne car je crois que c’est un cas d’école. Il démontre la différence fondamentale des deux médias. Le film dépeint un serial killer violent et psychotique alors que je suis absolument persuadé que ce n’est absolument pas le propos du livre.  Le film n’est pas mauvais mais c’est un peu comme dire que le chaperon rouge parle d’une petite fille imprudente. Le film est d’une superficialité affolante par rapport au livre. Totalement dispensable mais intéressant à comparer avec le livre après sa lecture.

Un véritable chef d’oeuvre. J’ai essayé de lire d’autres livres de Brett Easton Ellis. Ils me sont tous tombés des mains. J’ai vraiment la conviction qu’American Psycho est une oeuvre à part. Il ne s’agit ni de son premier ni de son dernir roman (Luna Park – Je ne suis pas arrivé au bout). Ce n’est ni un accident, ni un aboutissement. C’est un coup de génie.

1 août 2008 at 10:26 Laisser un commentaire


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