Posts tagged ‘roman’

L’ombre du vent – Carlos Ruiz Zafon


Certains livres ont une vie propre et veulent absolument finir entre vos mains. Une amie enthousiaste m’avait déjà prêté le L’ombre du vent et je l’avais laissé tomber au bout d’une trentaine de page en soupirant d’agacement. Le ton, le style, le sujet me déroutaient tout en me laissant de glace. Entretemps, j’ai lu beaucoup de commentaires dithyrambiques sur ce bouquin (à l’exception de l’article en boulet de canon de Reka) et j’avais beaucoup de connaissances qui me poussaient à fléchir ma détermination de ne pas retenter l’expérience. Ce livre est ce qu’il est convenu un phénomène de librairie porté par sa réputation et le bouche-à-oreille.C’est ainsi qu’un proche qui ne lit jamais et qui a voulu me faire plaisir en m’offrant un livre soigneusement choisi en accord avec mes goûts et les conseils du vendeurs. Je ne pouvais plus me défiler.

J’ai relaté cette anecdote car la vie des livres est un des thèmes traité par L’ombre du vent. Un enfant de 11 ans (Daniel) est emmené par son père dans le cimetière des livres: un lieu -qui fleure bon la tendance pseudo gothique à la mode) où sont entreposés tous les livres disparus. Daniel en adopte un (ou le livre adopte Daniel). Daniel décidera d’enquêter sur l’auteur du livre. C’est sur ce socle fort fragile que Zafon bâtit une intrigue prévisible et passablement ennuyeuse. Seul le contexte (Barcelone après la guerre civile au coeur du franquisme) sauve le roman.

L’histoire se déroule sur plusieurs plans: celui du narrateur, celui de l’auteur du livre sur lequel il enquête et celui qui régit le destin de l’auteur du livre (vous me suivez toujours?). Ce jeu de poupées russes littéraires qui prend la forme d’une perpétuelle mise en abîme est assez déroutant mais pas trop désagréable même si la ficelle est trop grosse à mon goût. Ce qui est nettement plus pénible est le style à la fois gothique et désuet choisi du texte. La lecture est facile et on se surprend à lire des chapitres entiers sans lever la tête mais, paradoxalement, je n’avais pas envie de l’ouvrir. Ses personnages ont ce côté artificiel des feuilletons du début du 20ème siècle avec un vilain sans nuance, un faire-valoir plein de ressources et de mystères, un héros naïf et perclus de valeurs morales.

Je peux comprendre que le livre ait eu du succès car il est bien écrit et relate une histoire à tiroirs qui ferait frémir d’aise les nostalgiques de Dumas ou de Stevenson. Je comprends plus difficilement les lecteurs réguliers plus difficiles à satisfaire par nature qui encensent ce roman. Carlos Ruiz Zafon recycle des recettes éculées pour boucler un récit qui ne m’a soulagé que de quelques bâillements. On me dit que L’ombre du vent est un livre magique et poétique. Je l’ai trouvé naïf et prétentieux.

7 juin 2010 at 15:19 6 commentaires

L’insoutenable légèreté de l’être – Kundera


Lorsqu’elle me l’a offert, mon amie m’a dit ‘tu verras bien’. C’est vrai que mes humanités m’ont rendu réfractaire à tout ce qui est reconnu comme « classique » de la littérature. Je raconte souvent que je n’aurais probablement plus jamais ouvert un livre si je n’en avais pas pris l’habitude (et éprouvé du plaisir) avant d’être obligé de lire Thérèse Desqueyroux. Ce n’est qu’un exemple mais, je persiste à trouver criminel de faire lire un bouquin aussi ennuyeux à des gamins de 16 ans. Je pensais qu’une des missions de l’école était de donner le goût de lire. D’après ce que je peux constater, la mission a échoué.

Ce livre a été élevé au rang de classique quasiment dès sa sortie. A mon avis, ce prestige doit autant au statut de l’auteur – un intellectuel persécuté dans un pays situé du mauvais côté du rideau de fer (le livre est sorti en 1982) – qu’à de la qualité du texte. Autant l’écrire tout de suite, je n’ai pas aimé. Kundera crée ses personnages pour leur faire emprunter les chemins qu’il n’a pas pu ou su prendre dans sa vie (un des thèmes du roman est une réflexion sur l’implication de ses choix conscients et le poids du hasard dans notre existence) plutôt que pour leur donner de la chair. Ils ne sont qu’un prétexte pour articuler les réflexions de l’auteur autour de leurs vies artificielles. J’ai trouvé pénible cette manière qu’a le narrateur de jeter à la figure du lecteur sa faconde et ses sophismes.

Assez étrangement, c’est très facile à lire. Si le style est pompeux (et parfois pompant), le texte reste aéré car aucun chapitre ne fait plus de quelques pages. Le lecteur n’a pas le temps d’être assommé par les pontifications de Kundera.

Cela dit, tout n’est pas à jeter. Les conditions de vie dans la Tchécoslovaquie d’après le printemps de Prague sont intéressantes. Le problème est que j’ai eu l’impression de lire un livre de salon parisien écrit par un intellectuel maudit. Une quasi-caricature. Peut-être aurais-je été moins virulent si Kundera avait écrit un essai philosophique au lieu d’un roman.

1 juin 2010 at 14:02 3 commentaires

La ballade de l’impossible – Haruki Murakami


Ce n’est que le deuxième livre de Murakami que je lis (après le fabuleux Au sud de la frontière, à l’ouest du soleil ) mais ses autres bouquins se trouvent désormais sur ma liste virtuelle de mes prochaines lectures.

Watanabé est un étudiant un tantinet asocial qui tombe amoureux de l’ex de son ami qui s’est suicidé un an avant de rentrer à l’université. Ca n’a pas l’air passionnant comme ça et cela ne l’est pas. La force de l’écriture de Murakami réside plus dans le plaisir de la lecture que dans la quête de ses personnages. Le voyage est plus important que la destination.

Je n’ai pas la prétention d’expliquer l’oeuvre de Murakami. Comme dans Au sud de la frontière, à l’ouest du soleil, le personnage principal (le roman est écrit à la première personne) semble se débattre dans une bulle de verre. La vie se déroule sur un écran qu’il peut toucher mais qui n’a aucun relief. La distance exprimée par Watanabé envers le monde qui l’entoure (le Japon de la fin des années 60, ses amours, les livres, la politique, …) rend paradoxalement plus facile au lecteur la tâche de comprendre l’étrange torpeur qui percole à travers tout le roman.

Murakami réussit le tour de force d’écrire un roman à la fois accessible et profond. Son style est fluide et ses personnages sont attachants malgré la distance qu’ils entretiennent avec la réalité.

Une lecture agréable et apaisante.

28 Mai 2010 at 11:07 Laisser un commentaire

La séparation – Christopher Priest


C’est avec des sentiments mitigés que j’ai refermé ce bouquin. L’idée est franchement excellente même si elle n’est pas tout à fait originale. Deux jumeaux anglais suivent une trajectoire différente à partir de 1936. L’un s’engage dans la RAF pendant que l’autre devient objecteur de conscience et militant pacifiste au début de la seconde guerre mondiale.

Christopher Priest poursuit une intrigue à tiroirs en imaginant plusieurs futurs possibles selon que l’un des frères survive à un moment charnière de la guerre. La première partie du récit prend la forme d’un carnet de souvenir qui décrit l’issue de la guerre telle que nous la connaissons. L’autre développe l’uchronie sur la base de la réussite de négociations de paix survenues en 1941 avant l’invasion de l’URSS par les nazis.

Cependant, résumer ce roman à une simple dérive possible de l’Histoire se révèle inexact. Christopher Priest axe son roman autour de la singularité de l’individu et de la relativité de la réalité pour chacun. Il m’est difficile, en quelques mots résumer l’ambiguité entretenue par l’auteur envers le but poursuivi par son texte. C’est pour tant de cette ambigüité que provient mon manque d’enthousiasme. J’ai l’impression d’être passé à côté de la moelle épinière de son roman. En dépit de son érudition, la partie qui se déroule dans le contexte historique que nous connaissons soulève des questions qui déstabilisent le lecteur qui a l’impression permanente de parcourir un terrain instable.

Pour ceux d’entre vous qui seraient tenté par un roman qui se déroule dans un contexte historique alternatif (uchronie), je ne peux que vous recommander chaudement Fatherland de Richard Harris (dont tous les livres sont au minimum très bons). Sur fond d’enquête policière, Harris décrit le monde des années cinquantes si l’Allemagne Nazie avait gagné la guerre. Un régal.

23 Mai 2010 at 10:18 2 commentaires

Le dernier voyage d’Horatio II – Eduardo Mendoza


Horatio II est le commandant d’un vaisseau spatial où tout va de travers. Il ne sait pas trop combien de temps durera le voyage car il n’en connaît pas la destination. Le ravitaillement est un problème vu que personne ne le gère. Le premier et second officiers sont juste un poil plus incompétents que le commandant.

J’ai eu par moment l’impression de lire un bouquin de management qui raisonnerait par l’absurde. L’équipage comporte des « Vieillards Imprévoyants », des délinquants et des « Femmes Dévoyées » . Tous sont cantonnés dans leurs quartiers tant qu’ils suivent les consignes. Comme personne ne songe à respecter quoi que ce soit …

C’est souvent drôle mais trop répétitif à mon goût. Le vaisseau évolue d’une station spatiale à l’autre au fil de péripéties qui se ressemblent e. Je me suis vite lassé bien qu’il s’agisse d’un roman fort court.

17 Mai 2010 at 10:44 1 commentaire

Dolce agonia – Nancy Huston


J’ai des amis formidables. Beaucoup d’entre eux m’ont offert des livres pour mon récent anniversaire. J’ai toujours trouvé que c’était un cadeau intime et un peu casse-gueule. On n’offre pas un simple tas de papier, mais on partage un texte qu’on a apprécié. Voire aimé. On peut aussi en offrir un qu’on n’a pas lu mais dont on pense qu’il plaira. On transmet ainsi le une image qu’on a de celui à qui on fait le cadeau. évidemment, c’est aussi extrêmement difficile à offrir si vous ou votre ami ne lisez pas.

Bref.

Une amie m’a donc offert Dolce Agonia qui lui avait été conseillé par une amie. Si on y pense, c’est drôle de se rendre compte que je n’aurait probablement jamais lu ce livre si tout un réseau de connaissances ne m’avait précédé dans sa lecture.

Le roman dont le thème porte sur l’amitié une variation littéraire de ces films de dîner qui pullulent sur les écrans Français (Le code a changé, Cuisine et dépendances, …). Je n’ai jamais particulièrement aimé ces histoires de bourgeois qui croisent le fer d’un mot assassin autour d’un repas et où se nouent et se révèlent les intrigues amoureuses et souvent clandestines. Pourtant, ce qui m’irritait dans ces films est probablement ce qui m’a tant plu ici. Nancy Huston pousse très loin le don d’ubiquité et d’omniscience du narrateur en faisant prendre la plume à Dieu lui-même. C’est ainsi qu’Il nous dévoile les secrets de chacun, leurs peurs enfouies ainsi que leurs histoires publiques et les autres inavouables. Avec une pointe de cruauté, Il nous précise également où et comment chacun des participants de ce dîner de Thanksgiving vont mourir. Enfin, Il décrit avec brio les pensées qui s’enroulent autour des personnages au gré de conversations d’apparence anodine. Les pensées évoluent comme un ruisseau dont le lit évoluerait au fil des personnages.

Peut-être est-ce une forme de voyeurisme mais j’ai  dévoré le livre avec beaucoup de gourmandise. J’ai éprouvé un peu de tristesse à connaître la fin de personnages auxquels je m’étais attaché malgré (ou à cause) de leurs failles parfois révulsantes.

Un très bon moment.

14 Mai 2010 at 16:09 Laisser un commentaire

Sukkwan Island – David Vann


Un dentiste convainc son fils de 13 ans de passer un an avec lui dans une cabane perdue au fin fond de l’Alaska.  Sur cette trame légère, David Vann construit une intrigue solide et étouffante dans un décors sauvage qui souligne la solitude des personnages.
Ce livre plongera dans un abîme de perplexité tout lecteur souffrant de troubles obsessionnels du comportement qui le pousse à classer ses livres exclusivement par catégories. Sukkwan Island navigue avec beaucoup de bonheur entre les genres. C’est à la fois une réflexion sur la complexité des relations père-fils, un huis-clos et un thriller. En effet, la construction du roman pivote autour d’un moment clef qui prend le lecteur à contrepied surprendra tout amateur de sensations fortes. L’auteur installe également une atmosphère pesante qui tiendra en haleine les lecteurs les plus exigeants.
Une anecdote: je lisais avec avidité lorsqu’une phrase me frappa tellement que je cru avoir mal lu. J’ai relu le paragraphe pour m’assurer que j’avais bien lu. Ce coup de théâtre est un vrai coup de maître. Une seule phrase d’à peine quelques mots retourne complètement le sens du roman sans bouleverser la cohérence du récit. J’ai rencontré le procédé de temps à autre au cinéma mais jamais avec un tel bonheur dans un livre.

Le style nerveux de David Vann contribue au plaisir de la lecture. Les dialogues ne se distinguent jamais du reste du texte comme l’usage le prescrit: aucun tiret, aucun guillemet, pas d’italique. Juste le texte dans sa nudité brutale. Si le procédé m’a effrayé dans les premières pages, il s’avère très efficace pour pénétrer la profondeur des deux protagonistes.On ne peut s’empêcher de penser à Into the wild de Jon Krakauer (que je n’ai pas lu mais dont j’ai adoré l’adaption de Sean Penn au cinéma) et à La route de Cormac McCarthy(dont j’ai vainement tenté à deux reprises de passer le cap des 40 pages) auxquel Sukkwan Island fait immanquablement écho. Toutefois, la tension et la folie qui percolent à chaque page rendent ce roman plus saisissant.

Une belle idée de cadeau. Je regrette le peu de couverture médiatique qu’il suscite.

20 avril 2010 at 14:18 Laisser un commentaire

Le cercle littéraire des amateurs d’épluchures de patates – Mary Ann Shaffer, Annie Barrows


Un roman fort désuet tant dans la forme que dans le fond malgré un thème intéressant.

Le roman se situe en 1946 dans l’île anglo-normande de Guernesey. Le lieu est particulièrement bien choisi car, à l’exception du film ‘The others‘ qui y fait brièvement référence, ces îles sont les seules qui furent soumises au joug nazi.  Les auteures peuvent donc illustrer un pan méconnu de l’occupation au fil des nombreux flashback propre aux romans épistolaires.

C’est en effet la forme littéraire qui suscite la première surprise et la première déception. Je n’ai en tête que les Liaisons Dangereuses de Choderlos de Laclos qui utilise la même ficelle du recueil de correspondance fictive entre les divers protagonistes. C’est un choix singulier (voire courageux) à une époque où les sms ont supplantés les missives mais elle se conçoit dans un roman situé après-guerre. Cela n’empêche pas le texte de sembler fort daté au lecteur.

Si j’ai vraiment été séduit par la fluidité du récit et l’éclairage nouveau et bien documenté sur une période méconnue de l’Histoire, je ne peux qu’exprimer mon incompréhension pour la manière dont le thème est abordé (au-delà de la forme du roman). En effet, le romantisme fleur bleue et  les personnages caricaturaux semblent sortir tout droit d’un dix-neuvième siècle idéalisé par une jeune fille tenue à l’écart du monde par des parents amish. Alors qu’on est sensé pénétrer l’intimité d’une correspondance multiple où les intrigues historiques et romanesques se nouent, on n’est témoin d’aune passion. Tout au plus, l’héroïne est-elle « gaie » lorsque l’objet de son amour secret lui « jette un regard ». De même, elle est « révoltée » par les exactions nazies. Tout est à l’avenant. C’est plat et sans chair. Les Liaisons dangereuses (publié en 1782) étaient autrement moins prudes. Les Hauts de Hurlevent (1847) nous plongeait fort explicitement dans les tréfonds de l’âme humaine. On nage ici en plein roman Harlequin haut de gamme.

La large couverture médiatique et les bonnes critiques ont largement influencé mon achat. Cela prouve une fois de plus que je suis trop influençable et que les seuls conseils que je devrais suivre sont ceux de mes amis. Si je n’en regrette pas la lecture, le livre est largement surévalué. Il fera néanmoins le bonheur des producteurs hollywoodiens en mal de bluette pour un public au coeur d’artichaud.

14 avril 2010 at 14:45 1 commentaire

Black Album – Hanif Kureishi


Black Album a été publié en 1997. C’est, d’après, moi le principal attrait d’un livre qui traite entre autre du radicalisme islamique. Kureishi nous décrit les péripéties d’un jeune anglais d’origine pakistanaise féru de littérature et de Prince. Shahid est en permanence tiraillé par les différentes composantes de son identité: la culture, son âge, l’explosion de sa sexualité, son pays, ses parents immigrés, et surtout … son rapport à la spiritualité. Son désir de s’intégrer à la vie estudiantine le mène à fréquenter des étudiants très religieux emmenés par un ascète charismatique au discours radical.

L’auteur a réussi un tour de force a posteriori en décrivant les mécanismes du communautarisme et du radicalisme musulman. Comme beaucoup, j’ai découvert l’ampleur du phénomène le 11 septembre 2001. A cette époque, je croyais que les extrémistes religieux vivaient très loin de nous dans des régions où la pauvreté et le manque d’éducation servait de terreau à une foi intransigeante. En utilisant un jeune immigré comme personnage atypique, Kureishi donne de l’épaisseur à un phénomène que je ne connaissais que par les articles de journaux.

Cela écrit, je conserve une opinion mitigée sur le roman lui-même. Il est conçu comme un longue fable plombée par une symbolique trop évidente pour être efficace. En outre, comme dans tous les contes, la vraisemblance est délaissée au profit de situations explicites et bancales. On a l’impression que l’auteur a écrit 600 pages pour n’en garder que 400 et je me suis surpris plusieurs fois à revenir quelques pages en arrière pour comprendre comment le personnage en était arrivé là. L’accumulation de ces ellipses et l’artificialité de ce conte moderne n’aide pas le lecteur à s’attacher aux personnages. En effet, qui a jamais réellement frémi pour le Chaperon Rouge ou pour Blanche Neige?.

En ce qui concerne la thématique, j’avais été nettement plus séduit par Terroriste de John Updike qui décrivait également les mécanismes et les racines de l’extrémisme religieux. Toutefois, Updike avait clairement choisi le mode journalistique pour appuyer son propos. Kureishi commet le péché d’orgueil en voulant en faire de trop et affaiblit de fait son propos.

2 avril 2010 at 13:37 Laisser un commentaire

Les Hauts de Hurle-vent – Emily Brontë


Les Hauts de hurle-ventVoilà un bouquin très singulier. Etonnant à plus d’un titre. Unique roman écrit vers 1840 d’une jeune anglaise vivant loin de tout, il tranche avec son époque et l’idée qu’on peut se faire de l’imaginaire d’une jeune fille esseulée du milieu du XIXème siècle.

L’histoire, principalement relatée  par une servante retorse et manipulatrice, retrace trois générations de deux familles voisines perdues dans une campagne désolée. Le patriarche des Hauts de Hurle-Vent (c’est le nom d’une des maisons) ramène un jour Heathcliff (un enfant « basané, presque gitan » précise Brontë cela devait être le summum de l’exotisme à cette époque) qu’il traite comme un fils au grand désarroi de son fils biologique qui vit très mal la complicité de son père avec l’intrus. Il tourmentera  Heathcliff au point que ce dernier fuira la maison dès la mort de son bienfaiteur. La fille du patriarche et Heathcliff nourriront entretemps une passion (tout est très platonique chez la jeune Brontë) catalysera la vengeance de Heathcliff.

A priori, il ne s’agirait que d’une déclinaison du thème de la vengeance de Monte-Cristo incarnée par un méchant littéraire qui fait passer les Ténardier pour d’innocents taverniers un peu rustres. Ce qui frappe réellement, c’est l’ambiance macabre et noire qui suinte de chaque page. Ce qui frappe, c’est la violence des propos et des actes (le roman en a choqué plus d’un lors de sa sortie). Ce qui frappe, c’est que le sadisme et le masochisme lient les personnages du roman plus que l’intrigue ou les valeurs familiales. On a envie de crier aux victimes de se révolter, de quitter cette ambiance poisseuse jusqu’à ce qu’on se rende compte qu’aucune victime n’a rien à envier à son tortionnaire.

Le lieu – la lande – mets en perspective l’isolement des deux familles et balaie toute intervention extérieure. Toute l’intrigue se déroule entre deux maisons espacées de quelques miles. Ce choix renforce les tensions qui traversent les personnages et le lecteur peut se concentrer sur les drames qui se nouent sans se pas à se préoccuper d’influences extérieures.

Les personnages, de Heathcliff jusqu’aux humbles servantes sont tour à tour sadiques, lâches, manipulateurs, fragiles et masochistes. Brontë a son idée bien à elle sur la sélection naturelle. Si le roman a été écrit avant L’origine des espèces de Darwin, nul doute que les thèses évolutionnistes l’ont influencées. Seuls les forts survivent.

Si le style n’évite pas les excès stylistiques propres à l’époque (phrases ampoulées, longueurs, …), le ton et le sujet sont résolument fort modernes. LA volonté d’Emily Brontë d’éviter toute collision avec le monde extérieur rend le roman intemporel. La violence des personnages, même si elle est moins graphique que  certains thrillers contemporains, semble presque anachronique dans  une littérature plombée par les excès de sens de l’honneur, de bravoure et de naïveté.

Une dernière remarque. Lorsque j’ai reçu le livre, il était barré d’un bandeau clamant qu’il s’agissait du livre  préféré de Bella. L’image  qui illustrait cette accroche marketing faisait référence à Twilight qui garnit les bibliothèques des jeunes filles en quête de romantisme. Je n’ai jamais lu  et ne lirai probablement jamais de bluette ayant pour protagonistes une lycéenne amoureuse d’un vampire écrite par une mormone mais nul doute que le public cible de Twilight risque de se trouver fort perplexe en lisant les aventures de Heathcliff.

29 mars 2010 at 09:35 1 commentaire

Kuru – Thomas Gunzig


J’ai beaucoup hésité avant de choisir ce livre. D’un côté, j’adore les chroniques que Thomas Gunzig présente régulièrement à la semaine infernale  sur la RTBF. D’un autre côté, comme j’adore entendre ses chroniques, j’avais peur d’être déçu sur un texte plus long. Je craignais également que sa voix à la diction si particulière hante ma lecture et ne la rende irritante.

Si les premières pages ont conforté mes craintes, le sentiment d’être en terrain trop familier s’est vite dissipé. On retrouve certes les tics d’écriture de l’auteur mais ils servent  fort bien le livre. Gunzig est le roi de la comparaison et de la métaphore. J’ai songé à en retranscrire l’une ou l’autre mais c’est peine perdue. Ouvrez le livre à n’importe quelle page et vous en trouverez une qui n’aura aucun mal à vous dessiner un sourire sur les lèvres. On retrouve l’univers déjanté à la fois drôle et inquiétant qui est une vraie marque de fabrique. On évolue dans deux mondes qui se côtoient et s’ignorent alors qu’ils puisent leurs racines dans le même terreau sociologique. Les deux groupes de personnages principaux proviennent tous de milieux aisés  et urbains mais ont des centres de préoccupation forts différents. Les premiers se rendent à Berlin pour participer à une grande manifestation altermondialiste. Les autres y viennent pour traiter leur problème d’éjaculation précoce (!). Les personnages sont minables et drôles. L’ambiance est lourde et drôle. C’est Gunzig. C’est impossible à raconter et c’est un bonheur à lire.

On rit beaucoup. On s’attache aux personnages. C’est fort bien écrit. Je pense que Gunzig est victime du syndrome d’infériorité des belges vis-à-vis des français. Il a tout d’un écrivain à succès mais il n’habite pas Paris. Ses textes restent confidentiels outre-Quièvrain alors que les librairies débordent d’auteurs français médiocres. Pour citer un nom: Djian est adulé et célèbre mais ses textes me paraissent fades en comparaison de ceux de Gunzig.

Un mot sur la collection Folio poche. C’est assez incroyable de considérer la résilience du concept de la collection: je me rappelle avoir lu voici plus de 20 ans chez Folio Poche l’écume des jours de Boris Vian (une obligation scolaire dont je garde un mauvais souvenir). Rien n’a changé: la couverture est toujours aussi triste et sans rapport avec le texte. Le papier est toujours aussi désagréable au toucher (il ressemble en moins doux  au papier recyclé qui sert à se sécher les mains dans les toilettes publiques). La typographie est toujours aussi baveuse. On peut considérer comme un exploit pour une collection assez exigeante dans sa ligne éditoriale de n’avoir pas su  mettre son produit au goût du jour.

4 mars 2010 at 10:18 Laisser un commentaire

Le bureau vide – Frank De Bondt


Une nouvelle fois, je me félicite d’avoir participé à l’action masse critique de Babelio. En effet, voici un bouquin que je n’aurais probablement pas spontanément acheté mais qui se révèle intéressant. Un mot pour l’éditeur: 13,5 € pour un livre de 129 pages au format poche? Si on tient compte du bel interligne et de la taille de la typographie, je trouve que cela fait fort cher le mot. J’ai un peu de mal à comprendre la politique commerciale qui recouvre la décision d’éditer un si petit texte pour un tel prix qui risque de ne pas susciter une forte audience.

Le texte écrit à la première personne narre la mise au placard d’un dirigeant des ressources humaines d’une grosse entreprise française suite à une fusion. C’est drôle et féroce et truffé d’observations acides sur le milieu des grosses multinationales. J’avoue pourtant avoir été un brin  déçu car Le capital de Stéphane Osmont qui aborde la même thématique m’a laissé une impression plus marquante. A mon avis, la force du bouquin  de ??? tenait surtout de la violence de la charge contre les excès engendrés par les CEO zélés serviteurs du capitalisme. Si on est dans le même registre, on sent de la part de l’auteur une forme de retenue qui n’évite pourtant pas la caricature. L’époque est différente: il n’y a plus rien aujourd’hui qui pourrait choquer le lecteur plus que ce qu’il a lu dans les journaux depuis fin 2008.

Un bon texte qui aurait eu sa place dans un recueil de nouvelles. Bien fichu mais sans véritable cachet.

2 mars 2010 at 10:15 Laisser un commentaire

Le trône de fer – George R.R. Martin


Cela fait une éternité que je n’ai plus publié de billet à propos d’un livre. C’est une sensation bizarre de perdre le goût de lire. Pour être tout à fait exact, il vaudrait mieux parler de disponibilité à la lecture. Comme un passage à vide ou se concentrer sur un texte de quelques lignes vous parait insurmontable après une journée de boulot. En tout état de cause, le livre n’a rien à voir avec ce passage à vide.

En vérité, Le trône de fer est plutôt un bon bouquin. Il goupille les codes des intrigues historiques avec ceux du roman policier dans une saga de fantasy. Le style est fluide et les personnages assez profonds pour nous faire goûter ce monde qui craint tant l’hiver. George Martin développe une intrigue riche dans un univers cohérent en évitant les travers qui sont communs dans le genre (je déteste les artifices de la magie, je les assimile à la paresse du narrateur). Ici, point de magicien au pouvoir insensé mais des hommes faibles et ambivalents qui se frayent une place dans un monde médiéval qu’on sent sur le point de basculer dans une époque de troubles.

Seul bémol, à l’instar de beaucoup de récits du genre, ce livre n’est qu’un épisode de la saga. Rien ne l’indique clairement sur la couverture mais, le moins qu’on puisse écrire est qu’on reste sur sa fin (jeu de mot idiot que je ne peux m’empêcher de commettre).

Un incontournable pour les amateurs du genre qui ont aimé l’Assassin Royal de Robin Hobb. Je suis impatient de lire la suite.

25 février 2010 at 10:16 Laisser un commentaire

L’engrenage – John Grisham


Je ne vais pas m’étendre sur l’intrigue du roman (plus faible que d’habitude) ou sur l’écriture de Grisham. Je lis un bouquin de Grisham comme je consomme un sandwiche. On sait à quoi s’attendre. Ca coupe la faim mais à quelques exceptions près, ce n’est ni une expérience mémorable ni désagréable. Après avoir le formidable Il faut qu’on parle de Kevin, j’avais besoin de changer complètement d’univers. C’est pourquoi Anansi boys est venu bien à point et c’est aussi la raison pour laquelle j’ai entamé L’engrenage.

Disons juste qu’il est dans la moyenne de l’auteur. Meilleurs que certains, en deça d’autres et fortement inférieur à ses oeuvres les plus atypiques (je vous recommande La dernière récolte).

Malgré l’ombre du roman de Shriver qui planait encore sur les pages du roman, je me suis rendu compte d’une incongruité dont l’évidence m’a surprise. Grisham est un gauchiste. Si. Si. Du moins du point de vue américain. S’il est vrai que des forêts ont été abattues pour qu’il noircisse du papier en narrant le heures de boulot d’avocats se disputant pour empocher les dizaines de millions de dollars d’honoraires, le thème sur lequel repose chaque histoire écrite par Grisham  pourrait être facilement taxé d’anti-américanisme par un républicain bien pensant. Ici, il décrit avec légèreté comment la CIA achète l’élection présidentielle aux USA et tremble devant le scandale d’une homosexulatité révélée pourrait détruire les espoirs des comploteurs. Sa description du système électoral est féroce. Surtout lorsqu’il parle d’argent. Dans ses autres romans, tout en gardant le ton du thriller, il fustige la peine de mort, la presse, le peu de considération pour les indigents, la politique, le consumérisme lié à la période de Noël, la cupidité des avocats, le système judiciaire, les lobbyistes de l’industrie du tabac,…

Les seuls thèmes un peu positifs sont toujours teintés de mélancolie avec un regard appuyé vers une vie simple et dépouillée. Vraiment étrange pour une des plumes les plus lues au monde et singulièrement aux USA.

8 janvier 2010 at 14:59 Laisser un commentaire

Anansi boys – Neil Gaiman


C’est David qui m’a fait découvrir Neil Gaiman avec ce bouquin aux accents fantaisistes, drôles et poétiques. Gros Charlie est le fils du dieu Anansi. Pas un dieu au sens figuré. Anansi est le dieu araignée à qui appartiennent toutes les histoires. Un père qu’il n’aime pas. Un père qui lui jouait constamment des farces dont il riait aux dépends de son fils. Gros  Charlie est devenu un comptable timide et sans ambition. C’est avec peu d’enthousiasme qu’il se rend aux obsèques de son père (c’est ainsi qu’on apprend qu’un dieu doit mourir de temps à autres pour ne pas oublier ce que c’est). Une ancienne amie de son père lui explique alors qu’il a un frère qu’il a oublié (!) doté des pouvoirs divins qu’il peut appeler en parlant à une araignée.

D’habitude, je ne résume pas un bouquin pour en donner mon opinion. Chacun peut lire le quatrième de couverture. Toutefois, ici, le sujet donne une idée (fort imprécise il est vrai) du ton du roman. A la relecture, je constate que je n’ai d’ailleurs pas réussi à restituer l’univers loufouque du livre. Car il s’agit bien d’un univers où le quotidien des humains bouscule celui des dieux. Un univers drôle, cruel et très cohérent. J’ai lu que Anansi boys avait reçu plusieurs prix de SF. J’avoue ne pas comprendre en quoi il relève de la SF. Il m’est d’ailleurs difficile de le catégoriser (le ton me fait penser à Terry Pratchett et son disque monde). En revanche, le bouquin mérite effectivement ses éloges. On ne peut s’empêcher de rire aux frasques des fils d’Anansi. En outre Neil Gaiman a une plume corrosive qu’il trempe souvent dans un jus de comparaisons hilarantes. J’ai également l’intuition que le livre gagnerait encore à être lu en anglais car bien que la traduction soit excellente, j’ai l’impression que les références constantes aux chansons prennent plus de sens dans le texte original.

A découvrir. (Merci David)

28 décembre 2009 at 10:23 1 commentaire

Il faut qu’on parle de Kevin – Lionel Shriver


Ne vous fiez pas à la tristesse de la couverture

A l’entame de ce billet, je me rend compte que je manque de vocabulaire pour qualifier ce bouquin. Excellent? Pas seulement. Dur? Difficile? Dérangeant? Palpitant? Je pense que mon choix va se porter sur l’ambivalent « terrible ».

On connait d’emblée la fin de l’histoire. Eva écrit à son mari dont elle est séparée pour lui faire part de ses état d’âme depuis que leur fils de 16 ans a tué 10 de ses condisciples à l’école. Le choix de la correspondance à sens unique (seule Eva y participe) développe une dimension excessivement intime à ses propos.  cela accentue l’horreur de ses révélations mais cela permet également de briser nombre de tabous en décrivant le désarroi d’une mère confrontée à un enfant qu’elle pressent foncièrement malfaisant dès sa naissance. On ne peut réduire ce livre à une complainte d’une maman terrifiée par sa progéniture ni au cheminement d’un gamin mauvais. Shriver décrit par ailleurs fort bien une société américaine en décalage avec le reste du monde. Un pays en perte de repères dont sa jeunesse peine à briser le rideau de superficialité pour donner un sens à  son avenir.

Je dois dire que, bien qu’emballé par l’écriture de Shriver dès les premières lignes, j’éprouvais un malaise presque physique à lire les lettre d’Eva. Principalement dans la première partie du bouquin où je n’avais pas encore pris toute la mesure du drame vécu par les parents de Kevin. Chaque lettre d’Eva était une épreuve que j’avais peur d’entamer mais dont je ne pouvais me soustraire. Les malheurs d’Eva me revenaient sans cesse dans mon quotidien. On ne peut s’empêcher de s’identifier à elle et de se demander ce qu’on aurait fait à sa place. Dans ma jeunesse, je dévorais les livres de Stephen King, Peter Straub ou Dean Koontz. J’en aimais le style délié et leur approche du mal que je jugeais moins caricaturale que les « mauvais » qui hantaient les films d’action de l’époque (ça doit encore être le cas). Ici, Shriver donne une vraie dimension littéraire au mal. Kevin est un damné qui ne croit en rien, n’espère rien, ne veut rien. Il incarne le mal. Mais ce n’est pourtant pas de là que provient le malaise. Le pire est dans la solitude de sa mère (dont nous partageons l’intimité) qui est la seule a deviner la profondeur malfaisante de son fils. Ce n’est pas un livre d’horreur, c’est une histoire horrible. C’est superbement écrit (Shriver entre dans mon panthéon personnel) et c’est un roman auquel il est difficile de rester indifférent.

Ne vous laissez pas rebuter par la noirceur de mes propos. « Il faut qu’on parle de Kevin » est un livre essentiel qui donne un éclairage nouveau sur le fait d’être parent, sur la société moderne et sur le déni culturel envers le mal inné.

Voici, pour quelques euros, la preuve qu’un livre est plus qu’un divertissement. Voici le genre de bouquin qui donne un sens à ce blog que j’ai entamé pour partager mes coups de coeurs et mes coups de gueule. Voici une évidence. Une vraie baffe que je recommande à tous ceux qui n’attendent pas famille (ça pourrait plomber l’ambiance ;-))

22 décembre 2009 at 12:08 5 commentaires

Impulse – Un inconnu m’a offert un (bon) livre


C’est avec plaisir que j’ai participé à l’opération ‘Un inconnu vous offre un livre’ organisée par Lhisbei de RSF Blog. L’idée est simple et géniale: en vous inscrivant, vous recevez les coordonnées de la personne à qui envoyer le livre. Celui qui reçoit n’est pas celui vous envoie, ce qui génère une chaîne d’attentions assez agréable.

J’ai pour ma part reçu un livre fort engageant de David de http://saintpierredescorps-cestouca.blogspot.com/. Très bonne pioche David: j’aime la  SF, je n’ai pas encore lu Anansi Boys (cela ne saurait tarder). Un très grand merci. La Touraine semble fort accueillante 😉

19 décembre 2009 at 09:27 5 commentaires

Les insomniaques – Camille de Villeneuve


C’est la deuxième fois que je participe à l’initiative Masse Critique organisée par Babelio. La première fois m’avait laissé légèrement perplexe et j’avoue que j’ai hésité avant de me relancer dans l’aventure. Pour rappel, Masse Critique propose gratuitement un exemplaire d’un livre récent à la condition unique d’en publier une critique sur son blog et sur Babelio. Du gagnant-gagnant tant que le livre n’est pas trop pénible à finir. J’écris ça parce que la liste d’ouvrages proposés pour cette édition m’inspirait très peu. Les insomniaques étaient un choix par défaut et je me suis mordu les doigts en le recevant en pensant avoir commis une grosse erreur en m’engageant à lire un livre que je n’aurais probablement jamais acheté. Un livre français décrivant la France de l’après-guerre  par le prisme d’une famille de nobliaux sur le déclin. Pas de quoi m’enthousiasmer. Ajoutez à cela une auteure d’à peine 28 ans, une couverture triste à mourir, …. Ces 600 pages risquaient de me paraître encore plus longue que les 900 des trois mousquetaires.

Et pourtant, j’ai lu ce bouquin d’une traite. Ma première impression fût renforcée par les cinquantes premières pages. Je ne m’y retrouvais pas dans cette galerie de marquis,  de serviteurs et de chevaux (un arbre généalogique placé en début de livre aurait pu m’aider mais j’avais passé les premières pages pour entamer le roman directement). Ces premières impressions passées, je me suis habitué au style à la fois léger et pesant de  Camille de Villeneuve (tiens! une particule). Léger parce qu’elle use du pointillisme pour dresser son tableau et pesant car elle alourdit ses phrases de qualificatifs qui alourdissent son texte. Ce choix stylistique s’avère loin d’être irritant car il instille un rythme presque musical qui illustre très bien le caractère empesé et paradoxalement vulgaire de ses personnages. Par petites touches, elle saute d’un de ses personnages à l’autre pour illustrer la tragédie d’une famille trop sûre de sa supériorité qui subit les outrages du temps et de l’évolution des moeurs comme un fleuve grignote inexorablement ses rives les plus friables.

Résumer les insomniaques à une n-ième variation sur les sagas familiales ou à un succédané de Rougon-Macquart ne serait pas rendre justice à Camille de Villeneuve. Elle fait preuve d’une étonnante maturité dans le développement de son intrigue. Très lentement, mais avec une vue claire sur le cap qu’elle s’est fixé, elle aborde les thèmes habituels de la famille mais c’est habilement qu’elle prend appuis sur les moments marquants de la France d’après guerre pour accèlerer brutalement le rythme de son récit.

Un belle surprise et une belle réussite.

5 décembre 2009 at 15:58 1 commentaire

Les trois mousquetaires – Alexandre Dumas


Ouf ! Terminé. Cela fait près d’un mois que je me traîne cette brique de 900 pages.
D’Artagnan est un personnage qui fait partie de la culture populaire. Tout le monde connaît Athos, Porthos et Aramis. Ou croient les connaître. En effet, j’ai découvert des personnages fort éloignés de l’image de héros un peu datés, pétris d’honneur, de bravoure et de bons sentiments. En réalité, j’ai trouvé des soudards à la morale légère dotés d’un sens de l’honneur idiot qui s’apparente plus à un code maffieux qu’à de la distinction. En lisant, je me suis souvent demandé comment des personnages aussi peu recommandables étaient devenus des modèles pour des tas de gamins en mal d’aventure. Drôles de modèles.

La vérité est que si je ne l’ai réellement adoré, le livre m’a souvent intéressé. D’abord pour la modernité incontestable du récit si on met de côté l’aspect « capes et épées » qui n’est plus très en vogue depuis une bonne trentaine d’année. Ensuite, les multiples rebondissements et les intrigues parallèles sont dignes d’une série TV actuelle. Les ressorts de l’intrigue n’ont pas beaucoup changés depuisle 19ème siècle (le roman a été publié sous forme de feuilletons en 1844). Ce qui a changé serait plutôt le professionnalisme des éditeurs (de nombreuses incohérences du récit rendent la lecture parfois déstabilisante)
Il me faudra sans doute plusieurs semaines avant que je ne sache si j’ai apprécié ou pas. J’ai l’impression de ne pas avoir (trop) perdu mon temps mais je n’éprouve aucune envie de prolonger l’expérience avec les deux autres volets de la trilogie des mousquetaires. En dépit de l’intérêt que représente le décalage avec le roman moderne, c’est assez long, bâclé (personne ne relisais Dumas ?) et l’intrigue est à ce point entrée dans la culture populaire que les pages sont parfois lourdes à tourner.

23 novembre 2009 at 16:39 1 commentaire

Rendez-vous avec Rama – Arthur C. Clarke


Je lis assez peu de Science-Fiction. A l’instar du polar qui permet de soulever de graves questions par le biais d’une intrigue dont les codes sont attendus par le lecteur, la SF et ses dérogations aux contraintes de la physique et de la technologie actuelle devrait permettre aux romanciers une multitude de thèmes à explorer. Comme c’est un genre que je connais à peine (et principalement grâce au cinéma), je ne lis pratiquement que ce qui est consacré comme des ‘valeurs sûres’ par les amateurs. C’est ainsi que j’ai pu découvrir le monde de Dune, la quête d’Hypérion, les interrogations du Spin, voire, il y a très longtemps le monde du non-A qui m’a laissé un souvenir perplexe. Ces lectures m’ont souvent fascinées par leur univers mais presqu’aussi souvent irritées pour la médiocre qualité de leur écriture. Rendez-vous avec Rama ne fait pas exception à la règle. J’oserais même écrire qu’il illustre parfaitement le constat.

Pour bien comprendre la composante technologique du livre, il convient de resituer l’époque où il a été écrit. C’est-à-dire en 1973, au moment où le programme Apollo touchait à sa fin et que les expéditions vers la Lune devenaient banales. Rama a reçu un excellent accueil et s’est vu attribuer de nombreux prix littéraires lors de sa sortie qui l’ont quasi instantanément propulsés au rang de classique de la littérature SF. L’intrigue n’est pas banale même si elle tourne autour d’un thème récurrent (un objet inconnu à la finalité incertaine). Au début du 22ème siècle, le système solaire a été colonisé par l’homme et, pour se protéger des astéroïdes, un système de surveillance de l’espace a été mis en place. C’est ainsi qu’un objet parfaitement cylindrique d’une taille gigantesque (50 km de longueur et 16 km de diamètre – on ne peut tenir rigueur à Clarke de son manque de précision) est détecté. Une expédition est rapidement montée pour aller l’explorer l’objet baptisé Rama. L’aspect franchement génial du bouquin est la cohérence de l’univers imaginé par l’auteur. A l’intérieur du cylindre est enfermé un monde mort mais disposant d’une gravité due à la rotation du cylindre.  Imaginez un monde où vous marcheriez à l’intérieur d’un cylindre au lieu de l’extérieur d’une sphère (une planète). Tout est chamboulé et toutes les conséquences de ce changement de références géométriques est abordé avec une rigueur presque mathématique.

Cela dit, j’ai vraiment trainé ce bouquin comme un boulet. Si l’imagination d’Arthur C. Clarke ne peut être remise en question, son style est réellement poussif et son intrigue parait plus artificielle que l’objet qu’il décrit à longueur de page. Il y a plus de chaleur humaine dans un article du Monde sur les quotas de pêche que dans tout ce livre.  Si on connait précisément les dimensions de Rama, les personnages n’ont même pas l’épaisseur d’une feuille de cigarette.

En ce qui concerne le style, voici un court extrait qui m’a laissé perplexe. Il s’agit d’un paragraphe et il ne fait pas plus sens dans le contexte global du récit. C’est pour moi grammaticalement incompréhensible (j’ai conservé les italiques). Je mets quiconque au défi de m’expliquer la partie soulignée (p. 246):

Il ne restait qu’une seule solution. Chaque atome, jusqu’au dernier, de l’Endeavour, devait être sous l’emrpise d’une quelconque force, et seul un très puissant champ gravitationnel pouvait produire un tel effet. Du moins, aucun autre champ connu

Rama bousculera votre imagination en vous ennuyant. Un exploit paradoxal.

26 octobre 2009 at 22:45 1 commentaire

La souris bleue – Kate Atkinson


Une belle surprise. Je m’attendais à un roman assez contemplatif. Un peu larmoyant pour tout dire. Je n’arrive plus à me rappeler d’où me venait cet a priori mais ce qui est certain, c’est que je n’ai acheté La souris bleue que sur la recommandation du système de suggestion d’Amazon. Il y a quelque chose de vaguement inquiétant dans le fait d’apprécier un livre qui vous a été recommandé par un robot.

Bref.

Le roman traite de plusieurs disparitions dont certaines remontent à plusieurs dizaines d’années sur lesquelles un détective privé (évidement) désabusé amateur de musique country chargé d’enquêter. Sur une trame narrative de forme fort classique, Kate Atkinson construit un roman qui n’a absolument rien d’un polar. Elle suit une ligne du temps complètement désarticulée qui gagne en chaos au fur et à mesure que l’intrigue se développe. Avec sensibilité, l’auteure prend soin de s’éclipser derrière ses personnages qui se révèlent légèrement azimutés mais attachants. Le mélange des genres permet une fluidité au récit qui aurait été difficile à créer sur des thèmes aussi difficiles que la disparition, le deuil, l’amour familial et la difficulté de voir ses enfants grandir.

Le style d’Atkinson est très clair et, si les ellipses dont elle use sont parfois déstabilisantes, elles rendent plus nerveux le rythme du roman. Le fait d’utiliser comme personnage pivot de son roman un détective privé dont les enquêtes se révèlent secondaires chahute agréablement les repères du lecteur. Le regard aiguisé qu’elle porte sur notre société navigue entre l’incompréhension et une légère mélancolie.

Je n’avais jamais entendu parler d’Atkinson auparavant mais je compte bien creuser le reste de son œuvre pour garnir ma bibliothèque.

13 octobre 2009 at 08:49 1 commentaire

Les yeux jaunes des crocodiles – Katherine Pancol


Un livre de (pour?) femmes

Un livre de (pour?) femmes

J’ai toujours cru que les femmes étaient des personnes compliquées. Lorsque, devant sa garde-robes pleine à craquer, ma femme se plaint qu’elle n’a plus rien à se mettre, quand elle pleure devant un film, quand elle rit parce qu’elle est nerveuse, je me tourne vers mon fils d’un regard plein de ‘voilà comment est la vie mon fils‘ et je répète la locution qui rassure tous les hommes: « Ahhh … les femmes« .  Ensuite, on rit car les clichés tirent leurs drôleries de leurs simplismes et de leurs résiliences.

Bref, j’ai toujours cru que je ne comprendrais jamais rien aux femmes. J’aurais pu rester dans ma candide et confortable ignorance mais le livre de Pancol est comme un livre de recettes qui livre les ingrédients du plat secret de votre grand-mère (c’était juste un peu de beurre et de farine????!!!). Il tue la magie des stéréotype en livrant un des secrets les mieux gardés de l’humanité. Pour les paresseux qui voudraient soulever le voile du mystère sans se taper lire les 700 pages pleines de rebondissements qui feraient pâlir d’angoise les résidentes de Wisteria Lane,  je vais lâcher le morceau.

Les femmes sont des princesses et les hommes sont des princes. De pauvres princesses comme cendrillon, des méchantes reines comme la belle-mère de Blanche Neige, des rois bienveillants et forts, des princes charmants et des rois vils. Voilà. C’était simple.

Bon, j’admets que je pousse le sarcasme un peu loin. Ce n’est pas mal écrit. C’est fluide. C’est plaisant.Mais c’est aussi d’une naïveté confondante. Je n’exagère pas dans mon analogie de conte de fées.  L’héroïne principale est une femme pataude, intello, délaissée par son mari, sans le sou qui, à l’instar de Cendrillon, va battre le mauvais sort à l’aides de quelques amis friqués (les fées). Sa soeur est une femme magnifique mais frivole, riche mais seule, propère mais creuse. Leur mère (la marâtre) est une femme  avide et sèche qui préfère la belle à la souillon. Elle se repose sur la fortume d’un riche commerçant (le roi bienveillant) qu’elle enferme dans ses griffes.

J’avoue ne pas comprendre la raison du succès de Pancol. Ce n’est pas vide ni creux comme un série télévisée française. Ce n’est pas aussi rythmé qu’un thriller américain. Ce ne sont pas des personnages dont le lecteur peut se sentir proche. Le style est correct sans être renversant. C’est d’abord et surtout naïf.

Je ne résiste pas à l’envie de citer une courte phrase qui, à mon sens, résume le ton du roman. Il n’a aucun sens hors contexte mais je suis resté bouche bée en lisant la réplique. La société américaine résumée par Pancol. Notez la profondeur de la forme ( boue médiatique) et du fond (je me demande combien de justiciables américains viennent devant le juge en avouant avoir noyé un bébé pour ne pas encourir les foudres de la justice en affirmant que c’était simplement pour le rendre plus propre).

– Elle avait commis un véritable crime aux yeux de la loi américaine qui ne plaisante pas avec les menteurs. C’est le crime suprême là-bas.

– C’est pour ça que Clinton a été traîné dans la boue médiatique…

6 septembre 2009 at 08:56 Laisser un commentaire

L’immeuble Yacoubian – Alaa El Aswany


L’immeuble Yacoubian fut contruit à l’époque où Le Caire était quasiment une ville occidentale avec ses communautés diverses qui se cotoyaient. Jusqu’à la fin des années soixante, Le Caire était une ville à la pointe de la modernité où on pouvait écouter du Jazz en buvant un Whisky attablé avec une femme vêtue à l’européenne. En se servant de l’immeuble comme d’un fil rouge, El Aswany dresse un portrait impressioniste de l’Egypte des années 90 en retraçant le contexte historique depuis cette époque. Il est impossible de comprendre le neo radicalisme religieux sans appréhender les diverses étapes qui ont conduit la jeunesse cairote à se confronter à un avenir qui a revetu les  atours d’une impasse.

La force de ce roman est le ton résolu et sans concession avec lequel il aborde différents aspects d’une ville qui a un pied dans le modernisme mais dont la société patine faute d’état fort et impartial. Car, selon El Aswany, le fond du problème égyptien est la corruption qui gangrène l’état. Le commerce dépend de la corruption, l’état est pauvre, les fonctionnaires mal payés exigent des pots de vin pour effectuer leur travail. Une économie moribonde mène la jeunesse à faire le choix de la débrouille ou à se tourner vers un islamisme radical qui se pose en rempart contre la déchéance. L’absence de démocratie force la classe à réprimer toute protestation pour ne pas perdre les revenus plantureux de leurs indulgences.

Résumer L’immeuble Yacoubian à un portrait d’une société malade ne lui rendrait pas justice. C’est d’abord un roman passionnant avec des personnages forts et attachants. La constellation de leurs différences et de leurs difficultés donne de la profondeur au propos plus politique de l’auteur.

Intéressant de lire deux bouquins aussi différents que Terroriste d’Updike et celui-ci qui traitent pour une bonne part des mêmes thèmes. Je l’ai reçu en cadeau avec un abonnement et le titre me disait vaguement quelque chose mais sans plus (j’ai appris qu’un film avait été tourné d’après le livre). C’est donc complètement par hasard que j’ai pu faire un parallèle entre les deux. Aucun des deux ne repose complètement sur la montée du sentiment religieux des Musulmans mais tous les deux illustrent les dérives d’une société vacillant sur ses valeurs et confrontée à une instrumentalisation de la foi à des fins politiques.

1 septembre 2009 at 08:57 Laisser un commentaire

Fortune de France (tome 4) – Le prince que voilà – Robert Merle


Depuis quelques années, lorsque je suis en vacances au soleil, j’aime lire les aventures de Pierre de Siorac, un jeune nobliau protestant qui accompagne les turbulences de la France de la fin du XVIème siècle. Le premier tome parle de la petite noblesse et de la guerre de religion qui couve, le second parle de la vie quotidienne à Montpellier, le troisième du massacre de la Saint Barthélémy.

Ce quatrième opus nous fait vivre de près le combat feutré entre le roi Henri III et le duc de Guise. Siorac, en tant que médecin du roi, nous fait vivre les intrigues et les luttes de clans qui minent la cour du roi. Robert Merle décrit bien les méthodes employées par le duc de Guise pour parvenir à ses fins. Comment il soudoyait le clergé pour que ses prêches mettent en avant sa volonté de défendre l’Eglise. Les prêches remplaçaient les discours télévisés. On est abasourdi par le cynisme qui déguisait l’ambition sous le manteau de la foi.

Une des particularités de cette saga c’est qu’elle est intégralement écrite en vieux français. En effet, Robert Merle a écrit ces romans comme une chronique écrite par Pierre de Siorac. L’érudition et la précision historique ne doit pas vous laisser croire qu’il s’agit d’une ennuyeux jus de crâne. Il s’agit de romans très vivants et parfois paillards. Foin des tristes manuels d’histoire, Siorac se bat, drague et dague. C’est Dumas avec la rigueur historique. Lire le vieux français est un peu comme lire une seconde langue. Certains mots nous échappent, c’est pratiquement impossible à lire à voix haute mais, une fois dans le bain, on oublie la langue pour se délecter du récit.

Une série absolument formidable. Je ne résiste pas à l’envie de vous  livrer quelques extraits. Les choisir fut très facile: chaque page est un merveilleux mélange de style et de dépaysement.

Dans le même temps, poursuivit le roi, M. Pomponne de Bellelièvre sera dépêché à Soissons pour quérir expressément au duc de Guise qu’il ne vienne à Paris que je ne l’y mande; que s’il y vient, les affaires étant ce qu’elles sont, sa venue pourrait me causer une émotion, de laquelle je le tiendrai à jamais coupable.

Monsieur de Siorac, dit Sarmacas, nullement rabattu par ma roideur, je ne doute pas que votre bonne foi désormais veillera avec le dernier scrupule à ce que Larissa ne soit jamais par vous avec sa jumelle confondue, confusion qui aurait pour tous des conséquences si amères que je répugne à les envisager, et plus encore à les nommer.

Mais Quéribus dont l’oeil avait brillé quand s’était déclos l’huis de la librairie, pour s’éteindre incontinent quand Fanchou avait paru, laissa la chambrière remplir son gobelet sans un merci et sans y toucher, envisageant son vin avec des yeux absents et ne sachant même point, à ce que je cuide, ce qu’il tenait en sa dextre.

27 août 2009 at 22:07 Laisser un commentaire

Pertes et fracas – Jonathan Tropper


Tropper m’a mis les larmes aux yeux avec son Livre de Joe. Tropper est un surdoué de l’écriture et, comme beaucoup de surdoués, c’est aussi un paresseux. Pertes et fracas est le troisième livre que je lis de lui et je ne cache pas une certaine lassitude envers ses personnages interchangeables partageant les mêmes failles et le même sens de la répartie.

Dans le Livre de Joe, un écrivain à succès revenait dans son bled d’origine pour faire face à son passé et apaiser ses relations avec son père mourant et l’amertume de son frère. Dans son second roman (Tout peut arriver), un jeune Yuppie se démenait avec un père fantasque et un frère simple d’esprit. Dans Pertes et fracas, un jeune chroniqueur à succès (je vais finir par croire que tout le monde est jeune et riche à NY) fait face à son veuvage, à un beau fils qui pourrait être son frère, une soeur jumelle en pleine crise de couple et un père qui perd la boule.

On a tous ses obsessions mais je trouve plus que dommage de gâcher un tel talent à ressasser perpétuellement la même histoire. Car Tropper à un talent fou. On lit ses 400 pages en un clin d’oeil mais sans ressentir autre chose qu’un vague sourire qui vient flotter par moment sur nos lèvres lorsque le narrateur lâche une observation particulièrement bien ciselée.

J’ai l’impression que Tropper est victime d’une sorte de Syndrôme Nick Hornby. Hornby avait écrit un magnifique Haute Fidélité (jetez-vous sur ce livre si vous avez la chance de ne pas encore l’avoir lu) mais, au fil de ses romans, la qualité se dégrade quasi continuellement et chaque opus est plus ennuyeux que le précédent.

Dommage.

25 août 2009 at 18:37 8 commentaires

Older Posts


Entrer votre adresse e-mail pour vous inscrire a ce blog et recevoir les notifications des nouveaux articles par e-mail.

Rejoignez les 11 autres abonnés

Archives

Blog Stats

  • 46 307 hits

Paperblog