Double Faute – Lionel Shriver

13 janvier 2011 at 20:20 2 commentaires


Double faute est le produit d’un défi  à la fois stylistique et romanesque. Comment traiter du couple en évitant les écueils d’un thème si souvent abordé ? Sans manquer de culot, Lionel Shriver utilise l’allégorie du tennis pour aborder la question du mariage. La subtilité tient dans le style et le rythme du roman : les personnages s’étudient, s’amusent, s’affrontent, souffrent, jubilent comme si  leur vie se limitait à un terrain de jeu où les joueurs ne perdaient que si la compétition l’emportait sur le plaisir de jouer. Si la compétition dans le couple l’emportait sur le plaisir d’être ensemble.

Le périmètre de vie des protagonistes est entièrement limité voire dévoré par le tennis.  Shriver va jusqu’à calquer l’ambiance dans le couple sur leurs classements ATP/WTA.

On peut se laisser abuser par la couverture et le thème sportif qui encadre le récit mais le roman n’est en rien un livre sur le tennis. C’est un roman sur la vie en couple qui puise son originalité dans le traitement du sujet. Shriver tire parti des spécificités du tennis : on joue l’un contre l’autre (ou l’un avec l’autre), un filet coupe le terrain en deux, le nombre de points ATP/WTA reflète la valeur du joueur, etc. Si on peut regretter l’évidence de la symbolique utilisée, on reste bluffé par la maitrise de l’auteure.

J’ai énormément apprécié la fluidité et la pertinence du roman mais il souffre néanmoins de la comparaison (inévitable) avec Il faut qu’on parle de Kevin (du même auteur) qui lui est supérieur en bien des points. Je n’ai pas pris la peine de vérifier les dates de premières publications des deux romans mais j’ai le sentiment que Double Faute lui est antérieur. On sent la même intelligence de plume mais l’écriture semble plus technique que vivante. Le lecteur prend un coup de poing avec Kevin mais ne fait « que » apprécier une belle plume dans Double Faute.

Un grand merci à l’opération Masse Critique de Babelio pour ce bon moment de lecture.

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2 commentaires Add your own

  • 1. Reka  |  14 janvier 2011 à 12:32

    Eh bien tu es quasiment le premier parmi de nombreux blogueurs à apprécier ce dernier roman de Lionel Shriver!
    Étonnant, mais rassurant, aussi.
    Cependant, je ne le lirai pas. Après m’être pris la gifle du siècle avec Il faut qu’on parle de Kevin, je ne veux plus rien d’autre que me faire encore frapper 😉

    Réponse
    • 2. dflasse  |  14 janvier 2011 à 13:56

      J’ai effectivement été surpris par les mauvaises critiques. Pour moi, son principal défaut est d’être écrit par la même auteure que … Kevin. La comparaison est cruelle et injuste. Après Kevin, j’ai été littéralement incapable de lire autre chose pendant des semaines. Tout paraissait fade.

      Réponse

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